Depuis que nous en entendons parler, nous y sommes !
Nous avons donc rejoint Vera et Uli à 20 kilomètres de la frontière. Elles étaient accompagnées par Anja, une autre cyclotouriste allemande et nous voilà partis à l’assaut de Tijuana, ville dangereuse dont tout le monde nous a mis en garde depuis que nous sommes entrés en Californie …
Nous avons passé la frontière américaine, sans avoir vu aucune douane, et aurions pu continuer tout droit au Mexique, sans même parler à un douanier ou sans aucune démarche administrative : il faut vraiment chercher pour trouver où obtenir un visa.
Nous passons d’abord par le bureau d’immigration, avec 2 papiers à remplir, tout en espagnol. Heureusement, Vera parle espagnol et nous traduit. Nous avons payé nos visas mexicains et avons la bonne surprise de nous voir octroyer un visa de 180 jours (nous en espérions 90) ! Nous ne pensons pas rester aussi longtemps, mais c’est toujours ça de gagné : si nous avons besoin de quelques jours de plus pour traverser le pays, nous serons en règle.
Puis la question du visa américain se pose : dans nos passeports, nous avons encore le visa américain que nous devons redonner à la douane américaine en quittant le pays. Problème : nous n’avons passé aucune douane américaine ! Et les bureaucrates de l’immigration côté mexicain ne connaissent pas ce papier à rendre et nous étaient d’aucune utilité. Pourtant, il nous faut absolument le rendre pour prouver que nous sommes sortis du pays : si nous ne le faisons pas, les Etats-Unis peuvent nous refuser d’entrée sur leur sol pour une dizaine d’années … Après avoir demandé à tout le monde autour de nous, une jeune mexicaine décroche son téléphone et appelle la douane américaine. Nous avons confirmation : nous devons rendre ce papier. Pour ce, on nous demande de reprendre le chemin des Etats-Unis. La file d’attente est longue de plusieurs centaines de mètres. On nous dit que nous pouvons passer devant tout le monde, ce que nous faisons, mal à l’aise.
A travers les barreaux de la frontière, nous avons rendu nos précieux papiers aux officiels américains. Ils ont pris ces petits papiers, même ceux des 2 qui surveillent les vélos et le tour est joué … Il fallait le savoir !
Nous voici donc au Mexique, en règle avec les Etats-Unis … Ouf ! Cela aura duré 2 bonnes heures !
L’accueil au Mexique est chaleureux : les conducteurs klaxonnent et lèvent le pouce, nous encouragent et même stoppent le flot de voitures sur l’autoroute pour que nous puissions passer ! Que demander de mieux ! Nous ouvrons grand nos yeux et sommes surpris du changement de culture, d’un seul coup en passant la douane (même si on sent quand même que les Etats-Unis ne sont pas si loin). Un concert de klaxons, ça ressemblent aux pays latins ! Nous nous régalons de la nourriture mexicaine, nous avons logé dans un motel pour US$25 / 15€ la nuit (ce qui est cher pour le Mexique tout de même !), avec grand confort.
Finalement, traverser Tijuana n’est pas si dangereux ! Nous avions entendu de tout à ce propos et on nous avait mis en garde sur cette ville où des gangs de drogue se disputent le territoire … Mais nous n’avons rien vu de tout cela.
[ Sara et Sébastien | Le 16-11-2008 16:21 |
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La traversée de Los Angeles s’avère beaucoup plus facile et agréable que l’on nous avait dit. Nous longeons les plages puis de grands boulevards avec pistes cyclables. Au détour d’une rue, un énorme 4*4 nous double. Ses occupants nous aspergent au passage d’un liquide qui ressemble à de l’eau …
17h30 … 75 km au compteur … Pas de camping à l’horizon, mais nous le savions. Nous entrons dans Huntington Beach. Un policier nous aborde pour nous demander où nous pensons loger ce soir. Sébastien lui répond : "aucune idée", puis s’en mord la langue … Ne jamais dire "on ne sait pas" à un policier aux USA, qui plus est en ville, à 150 km de la frontière mexicaine. Nous lui parlons de l’auberge de jeunesse et lui donnons l’adresse. Il redémarre en disant qu’il nous y rejoint … L’auberge de jeunesse n’existe plus … Vendue depuis 2 ans, mais toujours sur Internet. Le policier nous l’annonce, nous sonde pour savoir où nous dormirons … Dans la rue ?? NON !! Surtout pas !! Il repart … Mais nous savons qu’il viendra vérifier où nous sommes plus tard…
Nous n’avons plus de solution. Il fait déjà nuit noire (le soleil se couche avant 17h maintenant). Nous nous rabattons sur le motel le moins cher que nous trouvons (75$ tout de même … et sans petit déjeuner bien sûr !!). Nous montons toutes nos sacoches à l’étage et laissons les vélos au rez-de-chaussée, dans le parking, comme nous l’a conseillé le propriétaire … bien attachés …
La nuit est bonne et réparatrice.
Sébastien descend le premier avec les premières sacoches … 4 serres-liens gisent à terre à côté de nos vélos… Bizarre : "il faudra que je demande à Sara s’ils étaient là hier soir" … 2 secondes plus tard : "oh non !" … Des voyous ont repéré nos vélos et ont essayé de démonter méticuleusement le support du compteur de Sara ainsi que sa lumière avant … Ils ont dû être dérangés au milieu de leur opération, mais sont quand même repartis avec la housse de la bombe à ours, accrochée à la potence. … Au final, rien de bien grave, tout est réparé. Mais nous réalisons combien nous sommes vulnérables … Nous appréhendons la suite du voyage … Nous nous promettons, à l’avenir, de monter nos vélos dans la chambre d’hôtel/motel où que nous soyons et de retirer tous les accessoires possibles lorsque nous campons … Heureusement, nos vélos étaient bien attachés … Nous prenons un bon coup au moral…
Nous prenons un bon petit déjeuner dans un café de la rue principale pour une "re-motivation" des troupes. Là, une charmante dame, en apprenant notre périple, nous invite chez elle à prendre une douche ! Un cycliste souhaite nous offrir un café et nous donne quelques informations précieuses sur la route qui nous attend ! Malheureusement, nous n’avons pas le temps : nous devons rencontrer Steve, à Newport Beach, pour un rendez-vous microfinance …
Après ce rendez-vous qui s’est très bien passé, nos rencontres sur la route sont chaleureuses et pleines d’encouragements. Le moral remonte …
Ce soir, la frontière n’est plus qu’à 70 km … Vera et Uli, 2 Allemandes rencontrées sur la route il y a 15 jours, nous attendent pour traverser la frontière tous ensembles et sortir rapidement de Tijuana, ville frontière, qui n’est pas très sûre depuis les 2 ou 3 derniers mois …
[ Sara et Sébastien | Le 13-11-2008 18:25 |
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Vous le savez tous, une crise financière sans précédent ébranle l’économie mondiale. Vous êtes nombreux à nous demander ce que nous en pensons, ce que nous voyons sur place, aux Etats-Unis, là où tout a commencé.
Avant tout, un petit rappel très (très) synthétique, et en termes clairs... En considérant l’économie en relative bonne santé, le faible niveau des taux d’intérêts et les courbes du marché de l’immobilier toujours croissantes, les banques américaines ont accepté d’être beaucoup plus flexibles sur les critères d’octroi des prêts immobiliers à partir de 2004. Elles ont commercialisé et fait commercialiser des prêts immobiliers par des agents indépendants sans vraiment vérifier la solvabilité des emprunteurs. Les agents se contentaient de vendre le prêt immobilier et de toucher une commission au passage. Pour des personnes peu avisées, les offres étaient parfois alléchantes. Imaginez : pas de capital à rembourser pendant un an ou deux, et un taux d’intérêt minoré pendant les premiers mois, et surtout, aucun (ou très peu de) justificatif de revenus à produire ! Et bien sûr, la forte conviction que le marché immobilier ne peut jamais baisser…
Ainsi, de nombreux foyers ont pu s’offrir la maison de leur rêve en s’endettant de cette façon. Dans les personnes que nous avons rencontrées, beaucoup nous ont confié qu’ils se demandaient comment leurs voisins pouvaient vivre dans des maisons si grandes ou si confortables avec les emplois (et les revenus correspondants) qu’ils avaient…
Le jour est arrivé… le jour où il a fallu commencer à rembourser le capital de l’emprunt, ainsi que les intérêts à un taux « normal », sans compter qu’aux Etats-Unis, la plupart des emprunts immobiliers sont à taux variables, et qu’entre temps, le niveau des taux variables a fortement augmenté…
Avec leurs faibles revenus, ces ménages n’ont pas pu faire face à leurs échéances et ont du vendre leur maison pour honorer leur dette. Dans le pire des cas, la maison a été saisie par la banque et le foyer s’est retrouvé dehors, dans la rue, du jour au lendemain.
Nous n’avons pas concrètement vu ce cas de figure, mais on nous a souvent dit : « oui, dans le quartier, quelques maisons ont été vendues comme ça, les gens sont partis sans donner plus d’explication… »
Ceci n’est malheureusement pas terminé car les derniers prêts de ce type vendus par les banques datent de fin 2006… Si les contrats prévoyaient des « avantages » pour une durée de 2 ans, l’échéance va bientôt arriver…
Avec plus d’offre que de demande sur le marché immobilier, celui-ci ne peut que baisser…
Pourquoi la crise est-elle mondiale ? Le problème aurait pu rester celui des banques américaines, mais lorsqu’elles se sont aperçues du risque qu’elles prenaient avec ces emprunteurs de mauvaise qualité, elles ont essayé de revendre ce risque (les prêts de mauvaise qualité) sur les marchés financiers sous la forme de produits financiers complexes. Les investisseurs ont d’abord refusé ces produits, ne les comprenant pas, puis ont fini par accepter de les acheter parce qu’on leur a glissé une assurance leur garantissant d’être remboursé si d’aventure les choses se passaient mal. Ainsi, de très nombreux investisseurs institutionnels (banques, sociétés d’assurance, fonds de pension) partout dans le monde se sont retrouvés avec ces produits dans leurs portefeuilles.
Lorsqu’elles se sont aperçues du vrai risque de ces produits, les banques se sont méfiées de leurs homologues et ont refusé de se prêter mutuellement, ne sachant pas ce que l’autre avait dans son portefeuille d’investissement, et donc si elle était solvable ou non : le marché interbancaire a commencé à se gripper il y a 9 mois. Le résultat en est que certaines banques sont arrivées à cours de liquidité et ont fait faillite. Celles toujours en vie ont drastiquement limité leurs conditions d’octroi de crédit, ce qui empêche aux entreprises et particuliers de mener à bien leurs projets, et qui fait ralentir l’activité économique…
La baisse des marchés financiers (actions) de ces derniers mois est une anticipation du ralentissement de l’activité économique. Qui est prêt à acheter l’action d’une entreprise qui va sans aucun doute connaître des difficultés dans les mois à venir ?
La baisse de ces marchés actions inquiète beaucoup tous les américains que nous avons rencontré. Ne bénéficiant pas d’un système de retraites basé sur la solidarité entre générations comme en France, ils doivent chacun se constituer pendant leur vie active un patrimoine, une réserve financière dans laquelle ils puiseront à l’âge de la retraite. Ils le font par eux-mêmes ou par l’intermédiaire de fonds de pension.
Comme sur le long terme, l’espérance de rentabilité est la plus grande pour les actions, ils sont nombreux à avoir la majorité de leurs investissements sur les marchés actions. Avec la grande baisse de ces derniers mois, c’est leur retraite qu’ils voient s’envoler… Tous ceux que nous avons rencontrés sont très inquiets. Ils espèrent beaucoup du gouvernement Obama, mais restent prudents…
Avec le ralentissement de l’activité économique, ils commencent à avoir peur du chômage. Le marché du travail est beaucoup plus souple qu’en France : il est beaucoup plus facile de trouver un emploi, mais il est aussi beaucoup plus facile de le perdre…
Ce qui nous a frappés ces derniers temps, c’est la différence du contenu de l’information entre celle diffusée par les médias américains et européens.
Aucun, absolument aucun des américains que nous avons rencontrés n’était au courant que les gouvernements de la terre entière accusaient les Etats-Unis d’être à l’origine de cette crise mondiale et demandaient plus de régulations dans les systèmes bancaire et financier…
Nous n’en revenons toujours pas !
Pour prendre un peu de distance avec la sévérité de cette crise, rêvons un peu… au rêve américain ! Ces derniers jours, nous avons pédalé au travers de villes aux noms qui peuvent faire rêver : Santa Barbara, Malibu, Santa Monica, Venice, Hollywood, Beverly Hills… Nous vous confirmons que le climat est plutôt agréable : d’énormes bougainvillées en fleurs fleurissent les rues. Les rosiers prennent parfois le relais. Le ciel est bleu et la température douce (20°C). Oui, nous sommes bien au mois de Novembre… dans le sud de la Californie !
[ Sebastien | Le 10-11-2008 00:35 |
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Depuis notre journée à vaquer dans l’aquarium de Monterey, il s’en est passé des choses ! Nous avons rencontré encore plus de monde, nous avons pédalé avec Adam et Kate (Canada), Uli et Eva (Allemagne). Nous avons rencontré Jim et sa chienne Elke qui pédale pour la cause du diabète à travers les Etats-Unis. Nous avons utilisé le réseau warmshowers.org et sommes restés chez Joel à San Luis Obispo et Terry à Lompoc. Nous avons pu bénéficier d’un contact de Debbie (amie de Joel) et rester chez son frère … le soir des élections !
Plus nous nous dirigeons vers le sud et plus nous sentons le Mexique s’approcher : le climat est chaud, les fleurs sont prospères … Les bougainvilliers poussent ici par arbre entier et sont la peste de la Californie du Sud, alors qu’en France, ils sont impossibles à conserver (et je sais de quoi je parle !)… Les restaurants mexicains sont présents à chaque coin de rue. Nous rencontrons beaucoup de personnes originaires du Mexique, avenantes et souriantes. Nous nous sentons moins part du décor, mais acteurs actifs avec un retour de la population !
Quelques points divers :
Et bien sûr, les élections… Toutes les personnes que nous avions rencontrées votaient Obama, et pourtant rien n’était décidé, même si les médias l’annonçaient vainqueur avant même la fin des votes. Ici, Aux Etats-Unis, il est possible de voter par la poste, par Internet, dans un bureau de vote et ce pendant presque 2 semaines avant la date cruciale. Aucune excuse pour ne pas voter !
Nous avons eu la chance de vivre les élections en direct, chez Doug (frère de Debbie, amie de Joel de San Luis Obispo) et sa femme Shirley. Un cri de victoire à 21h … Obama est le nouveau président !! Même si les vrais résultats ne sont pas encore sortis, même si les gens ont du mal à le croire (aux élections de 2004, Kerry était annoncé président avant même que la Californie finisse de voter – il y a 3 heures en plus par rapport à la côte Est – et finalement Bush l’a remporté …), ce vote de 2008 marque une page de l’histoire importante pour les Etats-Unis : un président affro-américain au pouvoir de la plus grande nation du monde … Nous avons pu donc suivre le discours de défaite de John McCain, qui très fairplay, a félicité son adversaire et a donné rendez-vous à ses électeurs dans 4 ans… Le discours de Barack Obama consistait plus en exprimer les challenges qu’il va devoir affronter et résoudre, les ententes avec les Républicains pour faire avancer le pays, etc. Un discours éloquent, qui venait du cœur, pourrait-on dire … Obama prendra ses fonctions fin janvier. D’ici là, Républicains et Démocrates devront cohabiter à la Maison Blanche !
[ Sara | Le 04-11-2008 22:58 |
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Depuis lundi matin, un sentiment étrange, mais que nous connaissons bien nous accompagne : un sentiment de liberté, les cheveux au vent dans la fraicheur de l’automne et de l’hiver qui approche, les muscles des jambes qui chauffent, le souffle qui s’accélère. Après 3 semaines dans le confort d’une voiture, la reprise est tout de même moins difficile que ce que nous pensions.
Nous avons pris notre temps dans la petite ville de Monterey, et surtout en visitant son aquarium. L’entrée est assez chère ($25), mais cet aquarium vaut vraiment le détour. Nous y avons passé une après-midi entière et avons dû accélérer le pas, car ils fermaient et nous voulions tout voir !
Le moral remonte au fur et à mesure que nous avançons et surtout grâce aux rencontres que nous avons déjà faites : en 3 semaines de voiture, nous n’avions rencontré personne. En 2 jours de vélo, nous avons déjà rencontré une bonne dizaine de personnes de tout horizon : allemands, canadiens, américains, belges !
Maintenant, nous en sommes sûrs : le vélo favorise les rencontres et les rendent plus simples et conviviales !
[ Sara | Le 30-10-2008 11:32 |
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