Vous le savez tous, une crise financière sans précédent ébranle l’économie mondiale. Vous êtes nombreux à nous demander ce que nous en pensons, ce que nous voyons sur place, aux Etats-Unis, là où tout a commencé.
Avant tout, un petit rappel très (très) synthétique, et en termes clairs... En considérant l’économie en relative bonne santé, le faible niveau des taux d’intérêts et les courbes du marché de l’immobilier toujours croissantes, les banques américaines ont accepté d’être beaucoup plus flexibles sur les critères d’octroi des prêts immobiliers à partir de 2004. Elles ont commercialisé et fait commercialiser des prêts immobiliers par des agents indépendants sans vraiment vérifier la solvabilité des emprunteurs. Les agents se contentaient de vendre le prêt immobilier et de toucher une commission au passage. Pour des personnes peu avisées, les offres étaient parfois alléchantes. Imaginez : pas de capital à rembourser pendant un an ou deux, et un taux d’intérêt minoré pendant les premiers mois, et surtout, aucun (ou très peu de) justificatif de revenus à produire ! Et bien sûr, la forte conviction que le marché immobilier ne peut jamais baisser…
Ainsi, de nombreux foyers ont pu s’offrir la maison de leur rêve en s’endettant de cette façon. Dans les personnes que nous avons rencontrées, beaucoup nous ont confié qu’ils se demandaient comment leurs voisins pouvaient vivre dans des maisons si grandes ou si confortables avec les emplois (et les revenus correspondants) qu’ils avaient…
Le jour est arrivé… le jour où il a fallu commencer à rembourser le capital de l’emprunt, ainsi que les intérêts à un taux « normal », sans compter qu’aux Etats-Unis, la plupart des emprunts immobiliers sont à taux variables, et qu’entre temps, le niveau des taux variables a fortement augmenté…
Avec leurs faibles revenus, ces ménages n’ont pas pu faire face à leurs échéances et ont du vendre leur maison pour honorer leur dette. Dans le pire des cas, la maison a été saisie par la banque et le foyer s’est retrouvé dehors, dans la rue, du jour au lendemain.
Nous n’avons pas concrètement vu ce cas de figure, mais on nous a souvent dit : « oui, dans le quartier, quelques maisons ont été vendues comme ça, les gens sont partis sans donner plus d’explication… »
Ceci n’est malheureusement pas terminé car les derniers prêts de ce type vendus par les banques datent de fin 2006… Si les contrats prévoyaient des « avantages » pour une durée de 2 ans, l’échéance va bientôt arriver…
Avec plus d’offre que de demande sur le marché immobilier, celui-ci ne peut que baisser…
Pourquoi la crise est-elle mondiale ? Le problème aurait pu rester celui des banques américaines, mais lorsqu’elles se sont aperçues du risque qu’elles prenaient avec ces emprunteurs de mauvaise qualité, elles ont essayé de revendre ce risque (les prêts de mauvaise qualité) sur les marchés financiers sous la forme de produits financiers complexes. Les investisseurs ont d’abord refusé ces produits, ne les comprenant pas, puis ont fini par accepter de les acheter parce qu’on leur a glissé une assurance leur garantissant d’être remboursé si d’aventure les choses se passaient mal. Ainsi, de très nombreux investisseurs institutionnels (banques, sociétés d’assurance, fonds de pension) partout dans le monde se sont retrouvés avec ces produits dans leurs portefeuilles.
Lorsqu’elles se sont aperçues du vrai risque de ces produits, les banques se sont méfiées de leurs homologues et ont refusé de se prêter mutuellement, ne sachant pas ce que l’autre avait dans son portefeuille d’investissement, et donc si elle était solvable ou non : le marché interbancaire a commencé à se gripper il y a 9 mois. Le résultat en est que certaines banques sont arrivées à cours de liquidité et ont fait faillite. Celles toujours en vie ont drastiquement limité leurs conditions d’octroi de crédit, ce qui empêche aux entreprises et particuliers de mener à bien leurs projets, et qui fait ralentir l’activité économique…
La baisse des marchés financiers (actions) de ces derniers mois est une anticipation du ralentissement de l’activité économique. Qui est prêt à acheter l’action d’une entreprise qui va sans aucun doute connaître des difficultés dans les mois à venir ?
La baisse de ces marchés actions inquiète beaucoup tous les américains que nous avons rencontré. Ne bénéficiant pas d’un système de retraites basé sur la solidarité entre générations comme en France, ils doivent chacun se constituer pendant leur vie active un patrimoine, une réserve financière dans laquelle ils puiseront à l’âge de la retraite. Ils le font par eux-mêmes ou par l’intermédiaire de fonds de pension.
Comme sur le long terme, l’espérance de rentabilité est la plus grande pour les actions, ils sont nombreux à avoir la majorité de leurs investissements sur les marchés actions. Avec la grande baisse de ces derniers mois, c’est leur retraite qu’ils voient s’envoler… Tous ceux que nous avons rencontrés sont très inquiets. Ils espèrent beaucoup du gouvernement Obama, mais restent prudents…
Avec le ralentissement de l’activité économique, ils commencent à avoir peur du chômage. Le marché du travail est beaucoup plus souple qu’en France : il est beaucoup plus facile de trouver un emploi, mais il est aussi beaucoup plus facile de le perdre…
Ce qui nous a frappés ces derniers temps, c’est la différence du contenu de l’information entre celle diffusée par les médias américains et européens.
Aucun, absolument aucun des américains que nous avons rencontrés n’était au courant que les gouvernements de la terre entière accusaient les Etats-Unis d’être à l’origine de cette crise mondiale et demandaient plus de régulations dans les systèmes bancaire et financier…
Nous n’en revenons toujours pas !
Pour prendre un peu de distance avec la sévérité de cette crise, rêvons un peu… au rêve américain ! Ces derniers jours, nous avons pédalé au travers de villes aux noms qui peuvent faire rêver : Santa Barbara, Malibu, Santa Monica, Venice, Hollywood, Beverly Hills… Nous vous confirmons que le climat est plutôt agréable : d’énormes bougainvillées en fleurs fleurissent les rues. Les rosiers prennent parfois le relais. Le ciel est bleu et la température douce (20°C). Oui, nous sommes bien au mois de Novembre… dans le sud de la Californie !
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Sebastien | Le 10-11-2008 00:35 | 5 commentaires]
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Natim |
Le 11-11-2008 18:40]
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Bebert |
Le 11-11-2008 17:39]
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Gilou |
Le 11-11-2008 09:17]
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Eme |
Le 10-11-2008 22:30]
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Gilou |
Le 10-11-2008 09:46]