De Anchorage à Ushuaia à Vélo

Nous avons eu la joie de tester les sociétés telles que Fedex, UPS ou DHL pour nous alléger de quelques kilos … La poste mexicaine n’est vraiment pas sûre pour envoyer un colis, à moins que vous essayiez de vous en débarrasser. D’après ce qu’on nous a dit, les colis se perdent, disparaissent et quand ils ont la chance d’arriver à bon port, c’est avec un délai de plus de 3 mois.

Sachant tout cela, nous avons comparé chacune des sociétés, leurs tarifs, leurs délais : UPS a été choisi. Nous voici donc, avec notre colis, au bureau de UPS où la réceptionniste nous dit que l’emballage ne convient pas ... bien entendu dans un espagnol incompréhensible et très rapide. Marta, notre hôte qui a tenu à nous accompagner, prend le temps de nous expliquer … Mais elle non plus ne comprend pas pourquoi l’emballage ne convient pas … Et nous qui avions pris le temps de découper un carton pour le mettre à la bonne taille, de le scotcher précautionneusement et de barrer toute inscription ne concernant pas l’envoi. Mais non, l’emballage est refusé …
Marta insiste donc pour que la réceptionniste regarde à l’arrière de la boutique pour un autre emballage. Nous sommes chanceux : elle revient avec un carton, pas si différent de celui que nous avions utilisé, mais qui lui, convient ! Eberlués, nous nous regardons tous les 3 et transvasons tout dans le nouveau carton.

Nous pensions vraiment en avoir fini … Mais non, il faut faire une déclaration à la douane en 5 exemplaires (notre colis va transiter par les Etats-Unis …) et il faut un descriptif complet de tout ce que l’on a mis dans ce colis, avec un prix … puis enfin, les papiers officiels d’envoi sortent … Sébastien se prend pour un artiste et accole son autographe pas moins d’une dizaine de fois !! Nous passons à la caisse bien entendu et pouvons bénéficier de 15% de moins sur le montant total, car nous payons en cash … et nous voilà débarrassés de quelques kilos après avoir passé plus d’une heure dans le bureau de UPS.

Maintenant nous croisons les doigts pour qu’il arrive !

Alors que certains ont froid, d'autres ont chaud. Pourtant la date est la même: on est bien le 25 décembre ...

C'est ... NOËL!

JOYEUX NOEL A TOUS!

Merci à tous pour vos encouragements!

Nous avons déjà été bien gâtés pour Noël: une visite d'une Institution de MicroFinance et de ses clients. En effet, Marta et Carlos nous accueillent non seulement pour passer Noël avec ex, mais nous ont également grand ouvert les portes de l'IMF qu'ils dirigent: Opportunidad Mexico.

Après 2 journées éprouvantes de montée depuis le niveau de la mer, nous sommes arrivés à Tequila (1250m d’altitude), où nous avions contacté Mickael (français) et Sara (mexicaine), membres du réseau « couchsurfing » et français. Nous devions y passer une journée de repos, mais finalement, nous y serons restés 2 jours.

Une visite d’un hospice à Guadalajara

Nous sommes allés avec Sara & Mickael à Guadalajara pour passer un peu de temps dans un hospice. Ils y vont dès qu’ils en ont l’occasion pour donner un coup de main et apporter de la nourriture : un couvent de sœur sert maintenant de maison à plus de 140 femmes âgées.

Ici, pas de service social pour les personnes âgées. Dans les campagnes, la famille prend soin des plus âgés. En ville, la famille « se débarrasse » des plus anciens dans des hospices comme celui-ci. Ici, pas de subvention de l’Etat, aucune aide, c’est privé. Ici, on survit grâce au don, on s’amuse grâce aux bénévoles qui viennent et aux quelques visites que l’on peut avoir. Ici, certaines dames ont vu leur fils les laisser en leur promettant de revenir le lendemain et cela fait 10 ans qu’elles ne l’ont pas vu. Ici, les chambres sont des dortoirs, avec comme séparation un rideau. Certaines plus chanceuses ont une chambre individuelle (souvent celles qui sont arrivées en premier). Ici, on manque de personnel soignant et de médicaments. Ici, les lits sont des lits « normaux » sans aménagement pour les soins. Nous avons aidé à jouer au loto, participé aux chants de Noël, distribué des petits paquets de Noël (garni de friandises) et des écharpes aux 40 d’entre elles qui peuvent encore se déplacer.

Même si nous n’avons pas tout compris ce que ces dames nous racontaient, nous avons bien senti qu’être juste présents, à leur côté, leur suffisait et les rendait heureuses.

Nous avons aussi rendu visite aux dames alitées, pour leur distribuer leur petit paquet de Noël. L’une d’entre elle a un ulcère à l’estomac et n’a pas les moyens de payer de médicaments. La seule chose qu’elle puisse supporter dans son estomac, c’est du Sprite. Nous avons donc acheté quelques bouteilles, puisque personne ne vient la voir et qu’elle ne peut pas se lever.

Nous avons eu de nombreux "muchas gracias" (merci beaucoup) et "feliz navidad" (Joyeux Noël). Une dame a même tenu à nous donner la bénédiction pour la suite de notre voyage ! Autant vous dire que cette atmosphère et ce que nous avons vu nous a beaucoup touchés et que nous nous sentons vraiment chanceux d’avoir des maisons de retraite en France, une sécurité sociale, etc. …

Tequila

Tequila est un bourg qui vit de la production de tequila (et oui, ça existe !!). Il y a de nombreuses tequilleras et notamment 2, Cuervo et Sauza. Certaines rues et quartiers de Tequila appartiennent à ces 2 grandes entreprises qui versent 3 millions de dollars d’impôts à a municipalité et qui, de ce fait, pèsent pour beaucoup dans les décisions de la ville. Ici, elles sont connues pour avoir donné peu et pris beaucoup à la communauté …

La tequila que nous connaissons en France, appelée "tequila blanco" est en fait la tequila qu’ils ne boivent pas ici, mais qu’ils exportent bien volontiers. Cette tequila est embouteillée directement après la distillation. La tequila appelée "Reposado" a passé 6 mois dans un fut en chêne pour s’embellir. La tequila "Anejo" a passé 1 an dans le fut. Ainsi, la tequila est comme le whiskey : elle se déguste !! Incroyable, non ?? et quand on demande à une tequilera pourquoi elle n’exporte pas les bonnes tequilas, elle répond que en Europe, la tequila a pour image celle d’un alcool pour se saouler et qu’elle ne veut pas changer cette image … Bizarre …

Un micro-entrepreneur

Nous avons rencontré à Tequila notre premier micro-entrepreneur. A tout hasard, quand nous sommes allés récupérer des gélatines chez un ami de Mickael et Sara, nous avons posé la question. Faustino produit dans son salon et sa cuisine des gélatines, et les vend lui-même sur son tricycle dans la rue ! Bingo ! Nous avons donc pu l’interviewer lui et sa famille à propos de leur petite entreprise. Un vrai régal de découvrir leur histoire et de pouvoir discuter avec eux, grâce à Mickael qui faisait le traducteur. Nous avons même pris rendez-vous pour le lendemain pour le voir sur sa tournée et prendre quelques photos. Faustino était très fier et nous a ouvert grande sa porte !

Merci beaucoup Faustino et Lily pour votre accueil et pour avoir partagé avec nous votre expérience !

A venir

Après 2 journées de repos à Tequila, nous nous rendons demain à Guadalajara chez Carlos et Marta, les parents de Liliana (une de mes anciennes collègues de travail). Carlos est directeur par intérim d’une Institution de MicroFinance. Lorsqu’il a su ce que nous faisons, il a tenu à nous rencontrer et quand nous lui avons dit que nous serions à Guadalajara autour de Noël, il nous a tout de suite invités à passer cette fête avec sa famille.

Nous avons décidé de ne pas nous y rendre à vélo demain : Sébastien est malade depuis 4 jours maintenant (fièvre, gros rhume et mal de gorge) et nos corps sont bien fatigués. De plus, nous avons vu la route en nous rendant à l’hospice de Guadalajara : nous avons le choix entre la cuota (autoroute payante) qui monte beaucoup pour ne redescendre qu’au dernier moment, et la libre (sorte de nationale) qui est très dangereuse. Comme Mickael va dans cette grande ville avec son pick-up demain, il nous y déposera.

Dimanche 14 décembre 2008

13 heures – Sur la route numéro 15, à 15 kilomètres au sud de Escuinapa de Hildago en direction de Acaponeta (Etat du Sinaloa).

Une table en plastique couverte de sacs de crevettes séchées, 2 chaises en plastique blanc, un couple. Je décide de m’arrêter pour inspecter cet étalage.

C’est à ce moment là que je découvre trois cyclotouristes, arrêtés sur le bord de la route, à l’ombre du pont. Des sacoches de vélo sont à même le sol, une pompe à vélo gît au sol, ainsi qu’une chambre à air. Cela ressemble à une crevaison… Finalement, l’étalage de crevettes ne m’intéresse plus et je me dis qu’un tel sujet pourrait égayer un peu les colonnes de notre journal, si sérieux et pessimiste avec les nouvelles de l’économie internationale.

J’observe ces 3 voyageurs au long cours : l’une est assise à même le sol, adossée à sa remorque. L’autre mange un encas, pendant que le troisième change sa chambre à air… Je décide de les approcher et de leur poser quelques questions. C’est ainsi que je comprends qu’ils sont tous les 3 européens, qu’ils ont commencé leur voyage en Alaska et se dirigent vers le sud. L’atmosphère est au départ un peu tendue : les habitants du petit village sont nombreux autour des ces trois "gringos" qui surveillent du coin de l’œil leurs vélos chargés. Je vois des Mexicains tourner autour de leurs vélos en pointant des détails. Je comprends mieux pourquoi ils ne se sentent pas trop à l’aise.

Je leur pose tout de même quelques questions. J’essaie en espagnol. Mais les trois cyclotouristes se défendent bien et me répondent comme ils peuvent : ils sont compréhensibles. Puis nous passons à l’anglais. Là je découvre que le couple français a déjà fait presque 8.000 kilomètres depuis l’Alaska et est parti voilà depuis 7 mois et demi. En rigolant, je demande s’ils ont besoin d’aide pour changer leur chambre à air … et j’apprends que c’est leur première crevaison depuis tout ce temps et tous ces kilomètres ! Je suis ébahie …

Finalement, je ferai mon article sur Schwalbe, le professionnel des pneus, qui après presque 8.000 kilomètres n’ont crevé qu’une seule fois (et encore, sur 4 pneus, un seul a crevé !) !

* Gringos est souvent (mais pas toujours!) un nom péjoratif désignant l'étranger en général, mais plus particulièrement le Nord-Américain parlant anglais.

Au bout d’une nouvelle ligne droite, nous sommes arrivés en vue de La Paz. 35km plus loin, nous avons été charmés par cette petite ville à la fois trépidante et nonchalante.

Nous y avons séjourné quelques jours, le temps de rendre visite à une IMF : ASP Financiera.

Nous avons ensuite pédalé jusqu’au terminal du ferry, à Pichilingue, à 16Km de la Paz. Le ferry partant à 23.00, nous avons fait en sorte d’arriver au terminal juste avant le coucher du soleil, soit à 17.30… et nous avons attendu. Contre toute attente, l’embarquement s’est effectué dans une parfaite organisation, mais malheureusement, la traversée a duré quelques heures de plus que prévu : au lieu d’arriver à 13.00, nous sommes arrivés à 16.00.

Nous sommes donc restés à Mazatlán ce soir, et avons pu découvrir une fête traditionnelle : le 12 décembre, les enfants sont vêtus de costumes traditionnels très colorés et paradent devant la cathédrale, en l’honneur de la Vierge de Guadalupe.

Maintenant que nous avons passé le Tropique du Cancer, nous allons prendre la direction de Guadalajara, et prendre peu à peu de l’altitude…