De Anchorage à Ushuaia à Vélo

San Francisco bénéficie d’un climat assez particulier : un climat méditerranéen où les températures varient entre 17°C et 25°C toute l’année. Pas une seule goutte de pluie ne tombe entre fin avril et début novembre … enfin … normalement … Car nous avons assisté à la première pluie de la saison ce soir !

Cette ville, pour s’y être promenés à pied, est très agréable. Il faut simplement être en bonne condition physique pour arpenter ces rues aux inclinaisons incroyables. Nous étions contents de ne pas y avoir amené nos vélos chargés !

Après presque 4 mois de pédalage sur nos fidèles montures, nous avons décidé de leur octroyer quelques jours de vacances, au chaud, dans le garage de Thea, vers Santa Cruz. De là, nous louerons une voiture pour nous rendre au Parc du Yellowstone, à Salt Lake City, Las Vegas, Yosemite, etc. Et ceci pendant 3 semaines. Pour ce voyage, nous sortons du cadre de l’Association Planète Durable et Solidaire, mais ne manquerons pas de publier sur notre site photos et récits de ce fabuleux « road trip », afin de le partager avec vous.

Lorsqu’on voyage à vélo, on vit très simplement. Aussi, certaines choses qui peuvent paraître futiles prennent de l’importance et illuminent la journée :

1. Des confitures comme à la maison

Au bord de la route n°1 que nous empruntons, des grappes entières de mûres nous « appellent » … et ce depuis Vancouver !  Nous avons finalement craqué il y a quelques semaines et avons fait plusieurs tournées de confiture … Nous avons aussi appris à Ben et Nathan notre recette et nous avons partagé les moments de ramassage de mûres et de cuisine, à la lumière de nos frontales dans la nuit noire ! Nous avons également préparé de la compote de pommes grâce au pommier d’un des campings où nous nous sommes arrêtés !

2. Deux gâteaux de fêtes

Alors que des ratons laveurs rodaient autour de notre camp et que nous pensions que Nathan et Ben s’affairaient à mettre à l’abri leur nourriture, ils sont en fait revenus à table avec une bien belle surprise : 2 gâteaux avec des bougies. En regardant plus près ces 2 gâteux confectionnés chacun avec 3 biscuits au chocolat, nous nous sommes aperçus que chacun comportait un nombre bien précis sur le dessus : 5.000 et 71,4. En voyant notre joie dans la journée, nos amis souhaitaient la partager avec nous : 5.000 km au compteur depuis Anchorage et notre nouveau record de vitesse (détenu désormais par Sara !!) de 71,4 km/h !

3. Des coïncidences

Alors que Sébastien vaquait dans le supermarché pour faire nos courses pour le repas du soir, Sara surveillait les vélos, lorsqu’elle s’est faite aborder par un homme accompagné d’une dame âgée. L’homme lui a posé les questions habituelles, celles auxquelles nous répondons au moins un dizaine de fois par jour : d’où venez-vous ? Où allez-vous ? Combien de temps ? Quelle distance ? Quel poids pour le vélo chargé ? Quel mode d’hébergement ? etc. A la fin de la conversation dans laquelle la microfinance n’avait pas été évoquée, Sara lui a donné les coordonnées du site Internet. A ce moment-là, l’homme lui a demandé la signification des mots « planète », « durable » et solidaire. Quand Sara a expliqué que le voyage a pour thème la microfinance, l’homme s’est arrêté net en précisant qu’il connaissait très bien la microfinance : sa femme travaille dans ce domaine en tant que consultante ! Et nous voilà invités à partager un moment avec Zeus et Kelly lors de notre séjour dans la région de San Francisco pour discuter de ce thème !

4. Le Golden Gate Bridge

Nous sommes arrivés à San Francisco par la voie royale : le fameux Golden Gate Bridge. Nous avons pu le traverser à vélos, sur une piste cyclable. Le pont est fréquemment dans le brouillard, mais nous avons eu la chance de le traverser par un beau soleil ! Superbes vues sur la ville !

5. Des retrouvailles

Nous logeons maintenant chez Jack, un cyclotouriste que nous avons rencontré dans le Yukon : il pédalait alors en direction de Prudhoe Bay (l’extrême nord de l’Alaska). Il habite à El Cerrito, dans la baie de San Francisco.

Depuis une semaine maintenant, nous évoluons à l’abri de la chaleur, à l’ombre des majestueux redwoods. Les redwoods sont les cousins des fameux Sequoias. Ces grands arbres peuvent atteindre une centaine de mètres de hauteur et vivre jusqu’à plus de 2.000 ans ! Le diamètre à la base de l’arbre peut atteindre 6 mètres ! Nous nous sentons des petites fourmis parmi ces ancêtres !

Depuis Crescent City, nous pédalons avec Nathan et Ben, ces 2 frères que nous avions rencontrés plusieurs fois auparavant. Nous apprécions de partager ce que nous vivons chaque jour avec eux. On rit beaucoup, on s’encourage, et surtout on a le même rythme de pédalage ! Ils se sont faits « attaqués » 2 jours de suite par des animaux sauvages la nuit : un putois, puis un raton laveur qui a fouillé dans leurs sacoches !

Nous découvrons maintenant la « vraie » Californie avec son soleil et sa chaleur. Les paysages sont secs, que ce soit dans les terres et même sur la côte.

Nous ne sommes maintenant qu’à 3 jours de pédalage de San Francisco où nous espérons pouvoir rencontrer des acteurs de la microfinance pendant la semaine prochaine.

Après une dernière nuit dans le camping de Harris Beach State Park en Oregon, invités à partager le site de Dixie et Patrick, un couple de cyclotouristes rencontrés le long de la route, nous avons changé d’état.

Après une succession de travaux sur la route, nous avons dû passer par la douane de la Californie … Et oui, « Agricultural Inspection Station » ! La Californie protège comme elle peut son économie d’agriculture par l’interdiction totale d’entrées de fruits et légumes des autres états chez elle.

Le matin, Patrick nous avait avertis et nous avions mangé les 2 pêches que nous avions dans nos sacoches : hors de question qu’ils nous les prennent !

En arrivant à ce contrôle sanitaire, nous avons vu les "douaniers" s’activer et nous nous demandions bien ce qu’il se passait. 3 lignes, dont une fermée à droite. Nous prenons celle du milieu : les officiers changent encore de place … Puis la conversation s’engage :

"Vous allez où ?

- En Argentine

- Oh je vois … et laissez-moi deviner … vous êtes partis d’Alaska, c’est bien ça ?

- Heu … oui oui … comment vous avez deviné ?

- Oh, ben tous les cyclistes que l’on voit passer et qui vont en Argentine, sont partis d’Alaska … Et comme à chaque cycliste qui passe en Californie, nous vous offrons 2 petites lampes … Profitez bien de votre voyage !"

Et voilà … nous voici en Californie … avec 2 petites lampes et toujours les carottes dans nos sacoches !

Nous avons rejoint nos amis Nathan et Ben chez leurs amis, propriétaires d’un ranch/camping. Uniquement des sites pour tentes et possibilité de venir avec son cheval ! Malheureusement pour nous, ils ont remis tous leurs chevaux dans les prés plus au sud et nous ne pourrons pas profiter d’une balade à cheval, si attendue !

Le climat est assez particulier sur la côte de l’Oregon. En septembre, les hautes pressions retiennent les nuages au dessus de l’océan et les terres sont donc plutôt ensoleillées. C’est un combat permanent entre la Terre et l’Océan que l’on peut observer dans le ciel. Après plusieurs jours de soleil, il semblerait que l’océan ait repris le dessus et nous sommes maintenant dans un brouillard à couper au couteau.

Nous rencontrons tous les jours de plus en plus de cyclistes. Chacun a son histoire et nous partageons nos expériences. Nous avons lié amitié avec Ben et Nathan (la trentaine), 2 frères de Californie, qui n’avaient pas enfourché de vélo depuis leur adolescence et qui parcourent la côte Ouest, de la frontière canadienne à la frontière mexicaine. Nous nous retrouvons régulièrement le long de la route et le soir dans les campings, depuis une semaine, sans pour autant se donner rendez-vous ! Hier nous avons aussi fait connaissance avec un couple de hollandais/australienne, Aaldrik et Sonya, partis il y a 2 ans, pour un tour de monde de 5 ans. Après l’Europe et l’Asie, ils ont atterri à Vancouver et vont suivre le même parcours que nous pour l’année et demi à venir !

Même si la côte de l’Oregon est connue pour ses nombreux cyclistes, ce n’est pas pour autant que les voitures, les camions et autres véhicules nous laissent de la place sur la route … Nous avons eu plusieurs frayeurs avec les grumiers, qui en plus de ne pas se décaler nous arrosent de sciure et petits morceaux d’écorce. Mais que font-ils donc ces grumiers à faire des allers-retours permanents, toujours chargés au maximum ? Il semblerait que les habitants du Nord préfèrent le bois du Sud et que les habitants du Sud préfèrent le bois du Nord ! Où est la logique ? Nous en perdons notre sens de l’orientation ! Apparemment, rien de bien développement durable en tout cas …

Scrounnnnntch … Ce bruit incongru a rompu la quiétude du train-train habituel du camp hiker/biker  de Sunset Bay où nous étions hier matin … Chacun se préparait à partir et s’est arrêté net en entendant ce bruit fort inhabituel … C’est le bruit qu’a fait notre tente hier matin en la démontant … Un des arceaux en aluminium de notre tente a cédé net … Forts ennuyés, nous avons continué à ranger et notre voisin, Aaldrik, nous a confié que tous les arceaux de leur tente (qui est le même modèle que la nôtre) ont cassé les uns après les autres … Il connaissait donc la faille et avait de quoi réparer … pour cela, rendez-vous le soir même, dans un autre camping hiker/biker … 100 km plus loin !

Mais qu’est-ce donc qu’un camping hiker/biker ? L’Etat de l’Oregon possède et administre des campings ouverts à tous : du plus gros RV au randonneur  à pied ou à vélo. Les camps hiker/biker sont donc spécialement adaptés et destinés aux randonneurs que nous sommes. Aucun véhicule motorisé n’y est toléré !

Ps : Pas d’inquiétude, Aaldrik nous a aidés à réparer notre tente ! Pourvu que ça dure !