Bilan sur le Pérou (Sébastien)
Comme attendu et anticipé, la traversée de ce pays a été déroutante: tantôt des rencontres magnifiques avec des personnes généreuses, ouvertes et sympathiques, et d'autres fois des rencontres qu'on aurait préférées éviter avec des personnes peu aimables, vicieuses et malhonnêtes. Dans chaque région, on trouve de tout nous direz-vous. Nous vous répondrons que oui, mais qu’au Pérou, les extrêmes sont vraiment extrêmes et sont beaucoup représentés: il n’y a pas de juste milieu comme dans d’autres pays! Nous garderons néanmoins un excellent souvenir du Pérou, en particulier pour ses paysages sublimes et variés que nous avons pris le temps d’admirer à notre rythme.
Bienvenidos en Bolivia! (Sara)
12ème frontière! Sébastien surveille les vélos pendant que je fais les démarches pour sortir du Pérou: passage au commissariat de police, certainement le moyen de vérifier que nous n'avions aucune amende à payer, et passage au service d'immigration. Puis nous ré-enfourchons nos vélos pour finir cette petite montée et passer une arche. Ces quelques mètres nous font avancer nos montres d'une heure! Nous n'avons plus que 6 heures de moins par rapport à la France.
Les démarches pour entrer en Bolivie sont très simples: juste un coup de tampon sur notre passeport! Le douanier tamponne d'abord mon passeport et je vois un nombre "30"... Ohoho, que 30 jours au pays?? Ca va être dur! Alors je tente ma chance et j'explique que nous voyageons à vélo et que 30 jours c'est bien trop court. Le douanier barre donc le nombre « 30 » et met un coup de tampon: 90 jours au pays! Bienvenidos!
Une fois la frontière passée, les véhicules se font plus rares et ceux qui nous dépassent, nous laissent amplement de la place. Les klaxons se taisent, au grand bonheur de nos tympans... La route, que nous pensions en mauvais état, est finalement tout à fait correcte.
Copacabana & Isla del Sol (Sara)
Notre première étape bolivienne est Copacabana, ville très touristique, où nous avons rendez-vous pour le diner avec Ingo et Birte, un couple allemand qui voyage en petit camping car. Nous les avons vus à plusieurs reprises sur la route et à chaque fois, ils ont pris le temps de s'arrêter pour voir si tout allait bien et si nous avions besoin de quelque chose. La soirée commence avec la connaissance de 2 autres cyclistes, Joyce (Irlande) et Philip (Angleterre). Malheureusement ils ne partageront pas notre table, un peu malades, mais ce n'est que partie remise pour le lendemain. Ces soirées entre voyageurs nous font du bien, nous permettent d'échanger et de se comprendre.
Pendant notre journée de repos, direction "Isla del Sol". C'est une île très touristique et si belle! Nous prenons l'option de nous faire déposer par le bateau au Nord de l'île (2h30 de bateau), de la traverser jusqu'au sud à pied et de rentrer sur Copacabana (1h30 de bateau). Les paysages sont superbes. Seule ombre au tableau: des droits de passage à payer aux communautés locales. Nous n'en paierons « que » 2 sur 3, selon les instructions de l'agence...
Le lac Titicaca côté bolivien (Sara)
Les vues sont imprenables: le ciel d'un bleu pur se reflète dans ce lac, le plus haut lac navigable du monde! Pour en faire le tour, nous avons la compagnie de Joyce et Philip, rencontrés à Copacabana. Ils ont commencé leur voyage à Cuzco et se rendent à Ushuaia qu'ils pensent atteindre à la mi-novembre. Ils sont encore tout excités de leur voyage, et en oublient d'acheter à manger ou à boire, et de retirer assez de Bolivianos (monnaie locale) pour les 2 jours jusqu'à La Paz! Nous échangeons beaucoup et ils nous posent beaucoup de questions sur notre organisation: le menu de nos repas de midi et du soir, les médicaments, les étapes prévues en Bolivie, etc. Nous avons vraiment l'impression de nous revoir il y a 15 mois! Nous leur donnons autant de conseils et astuces que nous pouvons et surtout nous leur disons, que d'ici quelques semaines, ils seront les "vieux" cyclo-voyageurs à qui on demande plein de conseils!
La Paz (Sara)
Nous avons rendez-vous à El Alto (entrée de La Paz) avec Nicolas. Nicolas est le père de Kevin, ce cyclo-voyageur que nous avions rencontré au Nicaragua, lorsqu'il aidait Sylvie, cyclo-voyageuse aussi, qui s'est faite braquée. Il s'avère que Nicolas a travaillé dans la microfinance (il a même créé une Institution de Microfinance) et a accepté de nous présenter à ses contacts dans ce domaine.
Cet Allemand-Bolivien n'a pas voulu que nous traversions La Paz à vélo pour se rendre chez lui: il est donc venu à notre rencontre et nous lui en sommes bien reconnaissants: les 5km à l'approche de la capitale ont été assez sportifs... En nous ramenant chez lui, vélos sur la galerie et sacoches à l'abri dans la malle, il n'a pas hésité à nous faire une visite guidée et à s'arrêter à divers points de vue... La Paz est dans une cuvette: en haut, c'est à 4100m d'altitude, en bas, 2800m d'altitude! A donner le vertige!
Cette vue imprenable nous donne l'impression d'une ville très développée et moderne, plus que les autres grandes villes que nous avons visitées en Amérique Centrale et Amérique du Sud.
Au programme (Sara)
Nous avons eu un rendez-vous aujourd'hui et en aurons un lundi avec des Institutions de Microfinance. Nous en profiterons aussi pour visiter la ville. Sans oublier de descendre à vélo la "route la plus dangereuse du monde", maintenant ouverte qu'aux vélos: une descente de plus de 4000 mètres d'altitude à 1750 mètres d'altitude avec un précipice de 100 à 600 mètres de profondeur, qui nous mènera à Coroico, petite ville où Nicolas a une maison et où nous passerons le week-end.
Nous prendrons la route la plus courte en Bolivie en vélo: La Paz, Oruro, Uyuni, Tupiza. Par contre, nous ferons une excursion à Sucre et Potosi, ainsi que dans le Lipez en véhicules motorisés.
[ Sara et Sébastien | Le 21-08-2009 22:00 |
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Moccoraise
Nous reprenons le vélo après presque 3 semaines de repos. Mario et Marianella nous ont invités dans leur petit village de Moccoraise, où vivent les parents de Mario. Sa mère, Maximilliana, est micro-entrepreneuse et a accepté de nous raconter son histoire. Pour une reprise, nous avons la chance d'être assistés: nous ne portons comme bagages sur nos vélos « que » notre sacoche de réparation, une sacoche avec de quoi nous ravitailler et la sacoche des vêtements chauds. Le reste voyage en voiture! Cela nous fait vraiment bizarre de pédaler aussi léger!
En chemin, nous rencontrons Charly et Julian, 2 Français qui arrivent à vélo de Ushuaia et terminent à Cuzco. Nous échangeons des informations. Cela nous donne de l'énergie pour la suite!
Au village de Moccoraise, toute la famille nous attend, puis Maximilliana prévient une voisine et à elle deux, elles nous expliquent leur expérience du microcrédit. Nous apprenons beaucoup et les échanges sont sincères... sans passer par l'intermédiaire d'une institution de microfinance qui généralement nous présente les "bons clients", ceux qui sont enthousiastes...
Nous rencontrons aussi le président de la communauté. Il nous explique les soucis qu'ils ont dans le village et nous demande de l'aide. Ils recherchent:
Si jamais vous souhaitez aider ou avez des idées, nous sommes preneurs! Merci pour eux!
Col à 4356m et 110km
Nous disons au-revoir à nos hôtes Mario et Marianella. Les au-revoirs sont difficiles: ils ont fait tant pour nous et c'est la larme a l'oeil que nous voyons leur voiture disparaître en direction de Cuzco où une réunion de travail les attend.
Nous reprenons la route en direction de Puno et gravissons ce fameux col: une ascension de 800m. La reprise est dure quand même!
Nous pique-niquons au sommet et sourions en voyant ces cars qui s'arrêtent et vomissent tous ces touristes. Des stands d'artisanat les y attend, ainsi qu'une grande pancarte annonçant l'altitude: 4356m! Chacun se presse pour se faire prendre en photo devant cette altitude qui donne le tournis... Nous étions comme eux il y a 2 semaines, en bus aussi. Maintenant à vélo, nous nous disons qu'ils n'ont vraiment aucun mérite! Puis le bus les ingurgite à nouveau...
La journée se termine au bout de 110km à Ayaviri, village que nous ne pensions pas atteindre. Nous arrivons juste à la tombée de la nuit, dans la fraîcheur de l'altiplano. De toute la journée, nous ne sommes jamais descendus en dessous de 3500m.
Attaque, vent de face et prise de tête
Le matin, nous repartons requinqués de Ayaviri. Juste à la sortie, 2 gros chiens noirs nous barrent la route délibérément. Ils nous attendent de patte ferme. Nous nous approchons, méfiants... Ça ne rate pas: ils nous bondissent dessus. Nous sommes complètement à gauche de la route, heureusement le trafic est très léger. J'entends un claquement de dents, à 10cm de mon mollet... Ce n'est pas passé loin! Furieuse, je leur lance des pierres et ces monstres trouvent le moyen d'aller les chercher et de les manger! Au moins, ça les tient occupés le temps de passer...
Le vent, contrairement à la journée précédente, ne nous aide pas: il est de face et froid. Fini le temps où nous pédalions en t-shirt manches courtes... J'ai maintenant gants et bonnet sous mon casque, et polaire sur le dos.
95km plus loin sur l'altiplano, nous arrivons à Juliaca, une ville de fous où tout le monde klaxonne pour un rien, les vélotaxis et les mototaxis nous font des queues de poissons, les combis ne sont pas mieux... Après un tour de la ville, nous trouvons enfin une « hostal » (auberge) à peu près correcte pour un prix plus élevé qu'à Cuzco. On nous fait remplir les formulaires et on nous fait payer. Ce n'est qu'à ce moment là qu'on nous dit qu'ils ne veulent pas nos vélos dans la chambre. Aïe, problème. Nous discutons, négocions, rien à faire. L'employé est sous l'emprise de sa patronne qui ne nous a même pas dit bonjour et qui lui parle de nous alors que nous sommes juste à côté. Finalement, nos vélos sont stockés dans une pièce où tout le monde peut entrer... Cela ne nous enchante pas, et comme nous avons pris la mouche, nous leur demandons un papier spécifiant qu'ils ont la responsabilité de nos vélos. Lorsque nous sortons, l'employé de l'accueil nous demande si nous avons des objets de valeur à déclarer. Comme si nous allions lui donner une liste exhaustive
Puno
42km pour atteindre cette grande ville et 42km de frayeur sur la route. Nous n'avons plus d'accotement et les véhicules sont agressifs et ne nous respectent pas. On se croirait dans une compétition: "à celui qui mettra les gringos dans le fossé et qui klaxonnera le plus fort et le plus près d'eux pour leur casser les tympans"... Un camion passe très près de moi, je hurle, je m'arrête et je pose mon vélo: ce n'est pas possible de voyager dans ces conditions, la peur au ventre. Les Péruviens sont en plus imprévisibles quand il s'agit de la conduite. Impossible donc d'anticiper!
Nous atteignons Puno et partons à la recherche de Marta, la jeune femme qui nous avait vendu de l'artisanat il y a 2 semaines, avec les parents de Sébastien. Nous l'avons prise en photo et lui avons promis de les lui donner lors de notre passage à Puno à vélo. Nous demandons à un stand et la jeune femme nous mène au stand de Marta qui est fermé. Nous pensons alors leur laisser les photos, quand nous voyons qu'elle porte la blouse d'une institution de microfinance que nous connaissons. Nous leur parlons donc de notre voyage et elle nous présente à d'autres personnes qui ont aussi un microcrédit. Il est difficile d'avoir leur confiance et nous devons expliquer à plusieurs reprises notre démarche et surtout que nous n'avons pas d'argent nous même, mais qu'en décrivant leur expérience, nous pouvons parler autour de nous et cela peut avoir un impact positif. Nous prenons rendez-vous le lendemain pour discuter de leur expérience qu'elles ont un peu abordée déjà.
Nous ne voulions pas rester à Puno pour une journée, mais avec une telle occasion, nous ne pouvions pas la manquer!
Nous entrerons donc en Bolivie lundi, la Bolivie, 13ème pays de notre voyage, pays où nous savons que de nombreux voyageurs ont souffert et craqué...
PS: Les immenses étendues planes de l'altiplano (3800 à 3900m) sont magnifiques. Les couleurs sont superbes. Le rayonnement du soleil est très élevé. Malgré la crème solaire et nos efforts pour nous cacher du soleil, notre peau rougit.
[ Sara | Le 15-08-2009 17:48 |
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... auxquelles nous nous sommes habitués... ou pas...
Depuis notre départ d'Anchorage, nous en avons noté des différences avec notre pays d'enfance, la France. C'est aussi cela qui fait le charme du voyage: découvrir de nouvelles cultures, coutumes, habitudes, modes de vie. Nous vous en avons parfois fait part via ce blog, parfois pas. Voici un récapitulatif, non exhaustif bien sûr! Ceci pourra être perçu comme une critique par certains, mais ce n'est pas l'objet. Le but, c'est de vous transmettre nos impressions sur les choses que nous voyons et vivons qui sont différentes de ce que l'on connait "à la maison" et qui dépendent donc de notre éducation et nos modes de vie en France.
Toilettes
Toilettes sèches et propres dans le grand nord. Toilettes impeccables, accessibles et toujours fournies en papier toilette et savon aux Etats-Unis et Canada.
Depuis le Mexique et dans tous les autres pays, tout a changé: jamais de papier toilette, c'est à l'usager d'apporter le sien, et pas question de le jeter dans la cuvette, auquel cas cela boucherait les conduites. Il faut jeter son papier dans la corbeille qui n'est jamais bien loin!
Pollution
Depuis l'Alaska, les bas-côtés des routes sont jonchés de détritus, plastiques pour la plupart. Certes, aux Etats-Unis et au Canada, il y en a un peu moins, mais il y en a quand même beaucoup, et à coup sûr plus qu'en France. Dans tous les pays, nous avons vu des personnes jeter des emballages par la fenêtre de la voiture ou du bus à bord duquel elles étaient.
Depuis le Mexique, les ordures sont presque toujours "éliminées" par incinération en plein air, les usines de traitement coûtant trop cher...
La pollution atmosphérique visuelle et ressentie a été étonnamment faible au Canada, au Mexique et surtout aux Etats-Unis qui est pourtant un des pays au monde qui rejette le plus de polluants dans l'atmosphère. Nous n'avons pratiquement ressenti aucune gêne respiratoire en traversant Vancouver, San Francisco, Los Angeles ou San Diego. De ce point de vue là, je suis bien placé pour vous dire que la pollution atmosphérique ressentie à Paris est nettement plus élevée. Des explications? Peut-être le fait que les villes ci-dessus sont situées sur la côte, et que les vents poussent les polluants dans les terres? Peut-être que les moteurs diesel de l'Europe rejettent plus de polluants que nous ressentons à vélo que les moteurs essence de l'Amérique du Nord?
Le pire du point de vue de la pollution atmosphérique a été à Mexico, où la pollution ressentie est pire qu'à Paris, ou sur les routes du Guatemala et de l'Equateur où les énormes panaches de fumées noires de presque tous les véhicules nous ont obligés à nous arrêter plus d'une fois.
Ouverture des magasins
Sans rentrer dans la polémique actuelle sur l'ouverture des magasins le dimanche, les faits sont les suivants: en Amérique du Nord, pratiquement tous les magasins sont ouverts tous les jours avec des horaires d'ouverture larges. En Amérique Centrale, quelques magasins étaient fermés le dimanche, et les horaires d'ouverture un peu moins larges. En Équateur et au Pérou, la moitié environ des magasins restent ouverts le Dimanche, et les horaires d'ouverture sont à peine plus larges qu'en France.
Nourriture et mode d'alimentation
Nous avons dégusté d'excellents hamburgers dans des restaurants nord-américains (non dans des "fast food". Nous avons remarqué que les nord-américains absorbent énormément de liquides et sont très souvent un grand gobelet à la main dans leurs déplacements.
En Amérique du Nord et Centrale, les personnes ont des repas légers et mangent beaucoup entre les repas. En Équateur et au Pérou, les 3 repas de la journée sont beaucoup plus copieux, ce qui laisse peu de place au grignotage.
Dans tous les pays, la consommation de boissons gazeuses sucrées est abondante. La bière est omniprésente, mais le vin pratiquement pas consommé en Amérique Centrale, en Équateur et au Pérou.
Douches et savon
Nous avons quasiment toujours dû acheter des jetons pour des douches minutées dans les campings d'Amérique du Nord. Le record: 5 USD (3,60 EUR) pour un droit à l'eau chaude de 5 minutes. Si on coupait l'eau chaude pour se savonner, le temps continuait à être décompté.
En Amérique Centrale, nous avons très rarement eu de l'eau chaude dans les douches des hôtels.
En Équateur et au Pérou, même si l'eau chaude est presque toujours garantie, c'est souvent que nous n'en avons pas eu... Et très fréquemment, l'eau est chauffée électriquement dans le pommeau de la douche: le courant (110 ou 220V) arrive dans une résistance située quelques centimètres au dessus de notre tête alors que nous avons les pieds dans l'eau. Très souvent, nous nous prenons une bonne décharge en touchant les robinets en métal pour régler la douche. L'eau est au mieux tiède.
Plus on va vers le sud, plus le savon sous forme de gel est difficile à trouver. Les gens se savonnent presque tous à la savonnette.
Courants d'air, conservation de la chaleur
Depuis le Mexique, les portes sont rarement fermées. Dans les Andes, quand les restaurants ont des portes, celles-ci restent ouvertes. Le soir, avec une température proche de zéro, mieux vaut ne pas oublier son écharpe et son bonnet andin pour aller au restaurant! Et les habitants sont tous à se plaindre qu'il fait froid!
Concept d'eau potable
Depuis le Mexique, on appelle eau potable l'eau du robinet. Elle n'est jamais vraiment potable, mais les habitants ne le savent pas toujours. Au Mexique, l'eau consommée est toujours purifiée et des livreurs de cette eau parcourent les rues toutes la journée. Ce n'est pas le cas des autres pays où de nombreuses personnes consomment l'eau du robinet.
Modes vestimentaires
Hormis dans les Andes où de nombreuses personnes portent des vêtements traditionnels, la plupart des habitants des pays traversés portent un jean et un T-shirt ou un survêtement. Partout, les touristes occidentaux sont facilement repérables avec leur short et leurs tongs, quelle que soit la température extérieure!
Comportement en société/respect
En Amérique Centrale, en Equateur et au Pérou, nous avons observé que les personnes ne se respectent pas entre elles: dans une file d'attente, on joue des coudes et on se marche sur les pieds sans merci. Dans un magasin, c'est le dernier entré qui est servi en premier, ou celui qui parlera le plus fort et avec le plus d'autorité.
Racisme et signification d'un mot d'une région à l'autre
Le mot "gringo" nous hante depuis Tijuana. Au Mexique et en Amérique Centrale, il a parfois eu une connotation très raciste, nous assimilant à des nord-américains, et dénonçant le comportement impérialiste de ces derniers pendant le siècle passé dans tous ces pays. Nous avons découvert ce qu'est le racisme du point de vue de la victime, et cela ne nous a pas plu du tout! En Équateur et au Pérou, même si ce mot est beaucoup plus amical et désigne l'étranger en général, nous ne l'aimons toujours pas, car on nous l'adresse à longueur de journée. C'est comme si en français, on adressait à chaque personne qui ressemblerait à un "étranger": "eh, toi, l'étranger! Eh, toi, l'étranger!". Quand on veut nous vendre quelque chose en revanche, on est l'"amigo", l'ami...
Considération des cyclistes sur la route
Aux Etats-unis et au Canada, au mieux nous étions ignorés et très souvent rasés de près par les automobilistes alors que nous circulions à vélo, au pire, certains ont délibérément essayé de nous renverser.
Plus au sud, les automobilistes nous remarquent et nous croient ou nous doublent avec attention, souvent en nous encourageants. 2 constantes: dans tous les pays, les routiers font attention à nous, nous encouragent et nous laissent beaucoup de place en nous dépassant. Ce n'est pas le cas des chauffeurs de bus ou cars qui nous ignorent tous complètement dans leurs manœuvres et sont à l'origine de nos plus grandes frayeurs.
Hiérarchie dans l'importance des services
Depuis le Mexique, nous sommes surpris de constater le nombre de personnes qui possèdent un téléphone portable et qui l'utilisent abondamment! Ce sont ces mêmes personnes qui n'ont parfois pas d'eau courante à la maison, pas de toilettes dignes de ce nom, pas de douche, mais qui ont toujours la télévision câblée. En rencontrant les clients de la microfinance qui par définition sont des personnes considérées comme pauvres, presque toutes ont téléphones portables et télévision câblée avant les services de santé. Pour eux, c'est normal, mais même avec le temps, nous n'arrivons toujours pas à le comprendre. Certaines femmes font la lessive à la main pendant qu'elles utilisent leur téléphone portable.
La couverture du réseau téléphonique est exceptionnelle: même au milieu du Lac Titicaca ou dans des endroits très reculés et non peuplés, on peut téléphoner!
[ Sebastien | Le 09-08-2009 12:44 |
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Vallée Sacrée
Les sites incas de la Vallée Sacrée ne sont visitables pour la plupart qu’avec le "boleto turistico", un billet qui regroupe toutes les entrées des sites. Impossible donc de les visiter un à un…
Avec nos fameux "boletos", nous avons pu visiter les sites de Pisaq, Ollantaytambo et Moray. Ces sites sont tout aussi formidables de par les efforts fournis par les Incas pour les construire. Ces derniers n’hésitaient pas à aller chercher les pierres, des blocs énormes, tout en bas de la montagne ou à une dizaine de kilomètres de leurs constructions. Quel travail de titans! A Pisaq, les terrasses sont vertigineuses, à Ollantaytambo, les gigantesques blocs de granite sont incroyables, et à Moray, les terrasses circulaires sont curieuses et surprenantes!
Nous nous sommes aussi arrêtés au site de Salinas (hors boleto): une source d’eau très salée remplit en cascade plus de 2.000 bacs construits en terre. L’eau s’évaporant en quelques jours, il ne reste que le sel qui est ensuite exploité pour la consommation des hommes et des animaux. 330 personnes y travaillent, mains et pieds nus. Ce site, au milieu de la montagne, semble surnaturel: tout est blanc, dans un environnement où la terre est rouge.
Machu Picchu
Une des 7 merveilles sur monde, le Machu Picchu est une célébrité du Pérou à part entière. Il est exploité au maximum par le tourisme.
Pour se rendre au Machu Picchu, il faut soit marcher plusieurs jours sur les chemins Incas, soit prendre le train. La plupart des touristes prennent ce dernier depuis Cusco, mais afin de baisser le prix, il est possible de prendre le train à d’autres petites stations sur le chemin. Nous le prenons à Poroy et avons payé $41 (30€)aller simple. Un sacré budget… surtout que le village au pied du Machu Picchu, Aguas Calientes, n’est accessible qu’en train, ou à pied. Il est donc obligatoire d’emprunter la seule compagnie: Peru Rail, qui fait la loi sur les tarifs… tout en sachant que les locaux paient autour de $8 (5€)!
Après 3 heures de train dans la vallée, nous arrivons à ce village, en plein boom touristique. Il a été construit par nécessité: il fallait un point de chute pour ce tourisme de masse, un village construit rapidement, de bric et de broc. Tous les bâtiments sont soit des restaurants, soit des magasins de souvenirs, soit des laveries en 2 heures, soit des magasins de ravitaillement où les prix peuvent être le double des prix habituels! Bref, un village ultra touristique.
Nous y arrivons en fin de matinée et après notre enregistrement à l’hôtel, nous montons au Putucusi, une montagne qui fait face au Machu Picchu. Au sommet, une magnifique vue sur le Machu Picchu, mais il faut la mériter: un dénivelé de 671 mètres, un sentier ardu et pas moins de 8 échelles en bois d’une longueur de 5 à 40m pour les passages trop abrupts. La montée fut longue (1h45), mais quelle vue du dessus! Un drapeau inca et une vue sur le Machu Picchu imprenable, sous le soleil! Nous ne restons pas trop longtemps au sommet, mais suffisamment pour se dire que la journée suivante sera prometteuse.
Le lendemain, notre guide Raul vient nous chercher à 5h50 du matin. Nous allons prendre la navette en bus (US$14/10€ aller-retour) pour monter les 15 lacets et accéder au site. La queue est déjà longue pour prendre le bus… D’après Raoul, 650 personnes sont parties en bus avant nous ce matin, et c’est sans compter les personnes qui sont montées à pied, parties à 3h30 ou 4h du matin, afin d’être les premières sur le site. Sébastien aurait aimé monter à pied, mais après avoir vu le Machu Picchu depuis le Putucusi et observé le chemin pour les piétons, nous préférons finalement tous le bus, pour plus de confort, mais aussi pour être en forme pour arpenter le site! La montée dure 25 minutes.
Cela veut dire que nous ne monterons pas au Wayna Picchu, ce pain de montagne que l’on voit en arrière plan sur toutes les photos prises du Machu Picchu. Seulement les 400 premières personnes peuvent y monter gratuitement, c’est compris dans le prix du billet. La marche est demandeuse et les accidents fréquents (17 morts depuis 1970). Raul demande à la personne en charge s’il reste des places, à tout hasard. Celle-ci nous répond qu’elle avait tout distribué à 6h50 (le site ouvre à 6h)!
Au point d’entrée, une file. Mais nous passons rapidement et Raul nous presse pour monter au Mirador. Nous sommes dans les premiers et pouvons avoir une vue sans trop de touristes, sur tout le Machu Picchu… dans les nuages! Nous prenons la photo de groupe (inévitable!) et voilà qu’il se met à pleuvoir! Les Dieux des nuages et de la pluie nous jouent des tours: il ne pleut jamais au Machu Picchu en juillet et en août, sauf la première semaine d’août… Les grosses gouttes de pluie ne nous empêchent pas d’apprécier le site que nous arpentons avec Raul pendant presque 3 heures. Il parle un très bon français et nous explique tout en détails. Nos questions ne restent jamais sans réponse. Raul, avide d’en apprendre plus sur la France, sa culture et sa langue, nous pose une colle: comment conjuguer le verbe "moudre" au présent. Nous restons bloqués au "nous", impossible de trouver la bonne formule… Sa question restera sans réponse, nous n’avions pas le Besherelle sous la main! Raul repart vers la sortie: il a un autre groupe qui l’attend.
Nous arpentons le site seuls et prenons notre temps: nous voulons en profiter au maximum. Nous nous rendons au "pont inca". Nous arrivons à une construction où 3 travailleurs désherbent à la main des murs incas. Nous sommes donc bloqués et ne savons pas si ce que nous avons devant nous est le fameux pont inca, ou s’il est plus loin.
Puis direction la "Porte du Soleil". C’est par là qu’arrivent tous les randonneurs qui font le "Inca Trail", cette grande randonnée qui se termine au Machu Picchu. La vue est encore bien bouchée: nous ne voyons rien. Nous mangeons donc un morceau en attendant (il est interdit de pique-niquer sur le site, mais manger quelques encas ne pose pas de problème). Le site se découvre petit à petit et le soleil perce. Nous finirons l’après midi au soleil, à explorer à nouveau le site, sous une tout autre lumière.
A 17h, nous reprenons le train pour retourner à Poroy, puis à Cuzco en voiture.
Le Machu Picchu nous a beaucoup moins impressionné que ce que nous pensions. Ce tourisme de masse pose beaucoup de problème au site. Il y a un mois, l’Unesco a tiré la sonnette d’alarme: des dégradations sont visibles, le nombre de touristes augmente toujours (plus de un million de visiteurs par an)… Le sort du Machu Picchu préoccupe. Sur place, certaines solutions sont essayées, mais sans trop de succès pour le moment. Il arrivera un jour où le nombre d’entrées au site sera limité, où le chemin pour la visite sera tracé (pour le moment, libre au visiteur d’aller où il souhaite), et la visite sera obligatoirement avec un guide. Encore un site inca en danger.
Ps: Afin que les générations futures puissent elles-aussi avoir la primeur de la découverte, le site n’est pas défriché totalement: ce seront nos enfants qui le feront!
La suite
Les parents de Sébastien sont repartis, et nous allons encore restés quelques jours à Cuzco. Nous attendons en effet lundi pour repartir, car nous aurons rendez-vous ce jour là avec la mère de Mario, notre hôte à Cuzco, qui est micro-entrepreneuse et qui nous a invités à la réunion mensuelle de son groupe de micro-emprunteurs. Une occasion rêvée de rencontrer un échantillon de micro-entrepreneurs sans passer par l’intermédiaire d’une IMF.
[ Sara | Le 06-08-2009 12:29 |
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Après notre mésaventure en bus, nous avons rejoint les parents de Sébastien à Nazca. Cela a été une grande surprise, car nous devions les rejoindre seulement 2 jours plus tard. Les retrouvailles ont été pleines d’émotion: 14 mois que nous ne les avions pas vus!
Pour préparer leur voyage au Pérou, ils sont passés par une agence où ils ont fait eux-mêmes leur programme, l’agence s’occupant des réservations des bus, hôtels et excursions. C’est un tour traditionnel qu’ils ont choisi, appelé ici "Gringo Tour", avec un programme permettant de s’acclimater à l’altitude au fur et à mesure: Lima, Pisco et Paracas, Arequipa et le Canyon de Colca, Puno et le lac Titicaca, Cuzco et le Machu Picchu.
Les lignes de Nazca
Dans ce désert où tout est sec et plat, on n’imagine pas qu’il y a un mystère: des géoglyphes. Découvertes en 1926, ces grandes figures et lignes tracées sur le sol sont parfois longues de plusieurs kilomètres. Elles sont maintenant classées au Patrimoine de l’Unesco.
En les survolant en avion (petits appareils de 3 à 12 passagers, plus le pilote), on peut apercevoir des trapèzes, une baleine, un astronaute, un chien, un singe, des mains, un arbre, un condor, un colibri, une araignée, un héron, un perroquet. Ce sont les figures les plus repérables et les avions les survolent en tournant à droite, puis à gauche, au dessus de chacune, afin que les passagers des 2 côtés de l’appareil puissent les observer et les prendre en photos.
Nous étions dans un petit coucou avec 6 autres touristes. Sébastien était à l’arrière, seul sur sa rangée. Il en a bien profité pour prendre des photos, car il voyait les figures à chaque cercle que faisait l’avion, qu’il tourne à droite ou à gauche. Je regardais et j’essayais de faire des photos, mais au bout d’un moment, un regard rapide me suffisait: l’appareil bougeait un peu et regarder l’horizon m’aidait à oublier les mouvements!
Le lendemain de notre survol, nous avons amené Liliane et Jean-Pierre. Liliane redoutait un peu ce survol des lignes: aucune excursion n’avait été réservée dans le cadre de leur voyage organisé. Mais en leur expliquant, ils ont eu envie de se lancer dans l’aventure et ont embarqué à bord d’un petit avion de 3 passagers. Ils ont beaucoup apprécié l’expérience, bien qu’un peu secoués.
Arequipa
Deuxième plus grande ville du Pérou, Arequipa est à une altitude de 2330 mètres. Cette ville n’est pas trop touristique et les "gringos" peuvent s’y promener sans être harponnés par les vendeurs dans les rues. Autour se trouvent 3 grands volcans: le Misti à 5822 mètres d’altitude est encore actif, le Chachani (6075m) et le Pichu Pichu (5669m). Un cadre superbe, surtout que nous étions à Arequipa lors d’une journée de brouillard et ces 3 volcans se sont couverts de neige!
Nous avons visité le "Monasterio de Santa Catalina", superbe de par son architecture ainsi que le musée "Sanctuarios Andinos" où on peut faire la connaissance de "Juanita", cette jeune fille sacrifiée par les Incas et découverte gelée sur l’Ampato (6310m) il y a quelques années.
C’est aussi dans cette ville que nous avons pu retrouver Monique et Jean-Pierre, 2 Français d’une cinquantaine d’années que nous avions rencontrés aux Îles des Galapagos, qui était leur premier pas en Equateur. Depuis, ils voyagent, sac au dos, au Pérou et en Bolivie. Nous avions essayé de les croiser souvent, mais les dates ne correspondaient jamais. Cette fois-ci, nous avons pu boire un coup avec eux, la veille de leur départ pour l’ascension du Misti. Nous avons su plus tard, qu’ils sont restés coincés sous une tempête de neige au premier campement, à 4700m et n’ont pu redescendre que le lendemain matin, lors d’une accalmie!
Gorges de Yura
Une randonnée d’environ 2 heures aller. On nous avait prévenus qu’il fallait des chaussures pouvant être mouillées. Nous pensions que ce serait seulement pour quelques "flaques", mais pas du tout: nous avons purement et simplement marché dans la rivière pour arriver au bout des gorges, à la cascade. Nous avons beaucoup rigolé, car par moments, cela ressemblait beaucoup à du canyoning: glissades et égratignures au programme, mais un très bon moment ! Nous sommes rentrés trempés mais heureux!
Canyon de Colca
Ce canyon fait 100km de longueur. Avec une profondeur de 3191 m, il était autrefois considéré comme le canyon le plus profond du monde. Mais, il a été démontré depuis qu'un canyon voisin, le Canyon de Cotahuasi, était encore plus profond (3535m). Son point culminant est à 4350 m d'altitude et on trouve la rivière de Colca dans la vallée.
Cette excursion de 2 jours nous a menés dans la "Reserva Nacional Salinas y Aguada Blanca", cette réserve nationale où nous avons pu observer 3 des 4 membres camélidés d’Amérique du Sud: les alpacas, les lamas et les vigognes. Le quatrième membre est le guanaco: il est très rare d’en voir dans la région. Puis nous avons visité les petits villages dans la vallée de Colca, très typiques: les habitants sont habillés de manière traditionnelle et tout est axé pour le tourisme… Un peu trop parfois…
Le point le plus important de cette excursion était l’observation du vol des condors. Nous avons eu la chance que le temps se lève et avons pu en voir une dizaine voler. Très paresseux, ces oiseaux de 11 à 15 kg ne battent presque jamais des ailes et utilisent les courants chauds pour monter dans les airs. Un spectacle vraiment superbe!
Puno, le lac Titicaca et ses îles
Après l’acclimatation dans la région d’Arequipa où nous avons passé un col en bus à 4870m d’altitude, nous étions prêts pour séjourner sur l’altiplano péruvien à environ 3800m d’altitude. Nous sommes tous restés ébahis devant l’immensité des paysages et la clarté du ciel.
Sur le lac Titicaca, un bateau nous a emmenés aux îles flottantes Uros puis à l’île de Taquile. Malgré la mise en scène touristique des îles Uros, nous avons apprécié d’écouter les habitants de ces îles nous expliquer comment elles étaient fabriquées (à l’aide d’un roseau qui s’appelle la "totora") et leur mode de vie sur place. Nous regrettons que cette « civilisation » ne subsiste que grâce au tourisme…
L’île de Taquile nous a réservé une surprise: elle était en fête lors de notre visite! Malheureusement, nous n’avons pas pu profiter des danses traditionnelles, tombant au moment du repas! Mais nous avons pu apprendre beaucoup sur les traditions. Les Taquiliens sont très machos: ils ne se promèneront jamais avec leurs femmes et s’ils n’ont pas le choix, ils marcheront 5 mètres devant. Ils portent aussi un bonnet à 2 couleurs s’ils ne sont pas mariés, et un bonnet d’une seule couleur s’ils le sont. Les femmes, quant à elles, portent un haut rouge et une jupe noire si elles sont mariées. Si elles sont célibataires et disponibles, elles porteront des habits de couleurs vives. Mais le plus surprenant: seuls les hommes tricotent sur l’île! Les femmes en sont interdites! C’est ainsi que l’on a croisé dans tout le village des hommes tricotant à l’aide de 4 ou 5 aiguilles!!
Cuzco, la vallée sacrée et le Machu Picchu
Après l’acclimatation à Puno, en haute altitude, nous sommes redescendus à Cuzco (3400m), pour la découverte des sites incas de la région et du Machu Picchu… Nous vous raconterons tout cela d’ici peu!
[ Sara | Le 31-07-2009 22:31 |
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