Nous avions oublié de le mentionner dans notre dernier article, mais nous avons rencontré une IMF au Nicaragua, à Léon, la veille de notre rencontre avec Sylvie et Kevin.
A partir de Managua, nous avons roulé avec Kevin, sur la Panaméricaine, seul axe routier permettant de passer du Nicaragua au Costa Rica. Nous avons encore dû affronter un vent de face soutenu, omniprésent… C’est notre principal ennemi, et je le hais en particulier ! Dans la journée, mon moral dépend de son orientation. Mais je dois reconnaître qu’en Amérique centrale, même s’il ralentit notre progression et nous oblige à fournir plus d’efforts, il nous fait aussi du bien : par des températures ne passant jamais en dessous de 30°C, c’est plutôt mieux d’avoir le vent de face que dans le dos ! Décoiffant, non ?
Nous nous sommes reposés une journée à San Juan del Sur, un ancien village de pêcheur reconverti récemment en LA station balnéaire du Nicaragua. En voyant la quantité de pancartes écrites en anglais le long des 30 derniers kilomètres, nous avions de moins en moins envie d’y aller, craignant trouver un lieu complètement dénaturé par les Nord-Américains. Et bien nous avons été agréablement surpris : le nombre de touristes n’a pas encore trop déstabilisé le village. Une preuve ? nous avons cherché partout, mais n’avons pas trouvé de cartes postales ! Nous y avons en revanche trouvé tous les ingrédients pour une journée de « repos » parfaite : un petit marché pour y manger local et faire quelques courses, l’océan et une belle plage, et une connexion internet Wifi…
Nous avons mis du temps à passer la frontière du Nicaragua au Costa Rica. Avant de pouvoir y accéder, il nous a fallu nous délester de 1 dollar chacun pour une « taxe municipale », un droit de passage en quelque sorte. Nous avons ensuite dû payer à nouveau 2 dollars chacun pour avoir le droit de sortir du Nicaragua ! A l’entrée, nous avions déjà dû payer 7 dollars chacun. Kevin, lui, n’avait payé que 3 dollars… Personne ne sait pourquoi nous n’avons pas payé le même montant… L’entrée au Costa Rica, en revanche, a été gratuite, à notre grande surprise.
Dès la frontière passée, le paysage a radicalement changé : la végétation est devenue plus dense et plus variée, les animaux plus nombreux et divers, la route plus étroite, sinueuse et pentue. Il y a moins de détritus le long de la route, même s’il y en a toujours trop… Après une étape à La Cruz et un magnifique coucher de soleil sur l’océan, Kevin nous a quittés, partant dans les montagnes sur les pistes poussiéreuses, alors que nous sommes restés sur le macadam de la Panam. Pas forcément notre meilleur choix : depuis Anchorage, c’est la route la plus dangereuse que nous ayons empruntée ! La route est aussi étroite qu’une petite départementale française, et il y a le trafic d’une grande nationale… Horrible ! Nous avons tremblé à chaque passage d’un semi-remorque ou d’un car. Nos rétroviseurs nous ont aidés à anticiper le danger, et nous avons dû « sauter » à plusieurs reprises dans le bas-côté pour éviter l’accrochage fatal.
Dès que nous avons eu l’occasion, nous avons bifurqué sur une route secondaire qui s’est avérée au final aussi fréquentée que la Panam. Au prix de pentes aux inclinaisons impressionnantes (montée de 12km à 7% de moyenne avec des passages à 15%), nous nous sommes hissés jusqu’à plus de 1000m d’altitude et sommes redescendus dans la vallée centrale du Costa Rica. Ce fut notre journée la plus difficile en considérant le rapport dénivelé/distance parcourue (1521m pour 46km).Nous avons découvert le Costa Rica et ses belles propriétés, très soignées, ce qui change radicalement du reste de l’Amérique Centrale. L’anglais est souvent parlé, il y a des galeries commerçantes aux enseignes américaines, les prix sont affichés en dollars américains.
A venir
L’oncle, la tante et les cousins de Sara nous rendent visite pour 2 semaines. Nous prenons donc un peu de repos avec eux dans ce havre de paix après la traversée tumultueuse des pays précédents.
Ce repos sera en dehors du cadre de l’association, mais nous nous servirons du site de l’association pour vous donner des nouvelles !
[ Sebastien | Le 22-03-2009 22:09 |
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Samedi 14 mars, entre Léon et Managua.
Ce matin, nous sommes partis tôt, plus de 90km à faire pour rallier Managua, la capitale du Nicaragua, avant le coucher du soleil. Nous sommes arrivés dans un petit village, à 20 km de Managua. Là, un homme a couru depuis l'autre côté de la route et m'a crié "just 1 second, please!". Je ne me suis pas arrêtée: je sentais que quelque chose n'allait pas. Sébastien s'est arrêté. Il a discuté avec cet homme, qui n'était autre que Kevin, un cyclotouriste de nationalité allemande et bolivienne. Il est parti de Mexico et rentre chez lui, en Bolivie. Je me suis alors arrêtée, ai reculé en poussant mon vélo … Et là, la nouvelle est tombée: "ce matin, à 7 heures, sur cette route, une cyclotouriste s'est faite braquer". Nous avons pris cette information en pleine figure, comme un coup de poing. J'ai commencé à paniquer. Kevin nous a alors montré son vélo à côté du commissariat. Nous sommes allés poser les nôtres à côté du sien et c'est là que nous avons fait connaissance de Sylvie.
Sylvie, canadienne francophone, a beaucoup voyagé à vélo et a beaucoup d'expérience: elle a pris quelques années sabbatiques de son métier d'enseignante pour parcourir le monde, des voyages de 6 à 7 mois environ. Elle est partie de Panama et remontait vers le nord. Ce matin, elle est partie de Managua et après 15 km, une voiture s'est arrêtée en la serrant à droite et en ouvrant la porte avant, l'obligeant à s'arrêter elle aussi. A bord, 4 hommes avec chacun une arme. Le conducteur est resté au volant. Les 3 autres, bien organisés, l'ont pointé avec une arme, ont mis son vélo dans le coffre de la voiture (qui était une petit voiture citadine de type clio, donc le vélo dépassait), l'ont fouillée au corps afin de ne rien lui laisser (au cas où elle cachait de l'argent sur elle) et sont remontés à bord du véhicule. Sylvie s'est enfuie dans les fourrés de peur de se faire kidnapper ou de se faire tirer dessus. Elle a arrêté une voiture pour l'emmener au commissariat le plus proche, là où Kevin avait planté sa tente la veille, ne trouvant pas d'hôtel.
Sylvie s'est donc retrouvée sans argent, sans papier, rien. Heureusement, Kevin avait un téléphone portable pour appeler au Canada (le poste du commissariat ne fonctionne que pour les appels locaux!), lui a prêté un peu d'argent et a traduit pour elle (il parle couramment espagnol et anglais). Le copain de Sylvie a été très rapide pour envoyer de l'argent via Western Union. Mais comme elle n'avait pas de papier d'identité, elle a dû faire envoyer l'argent au nom d'un policier qui l'a accompagnée à l'agence. Et c'est là que les policiers, et surtout un officier et son supérieur, ont commencé à lui demander de l'argent pour tout et n'importe quoi: pour l'essence pour aller à l'agence de Western Union, pour le taxi que le chef prendra pour chercher les bandits... L'officier, lui, n'a pas voulu que Sylvie achète elle même son repas: il est allé lui acheter et a gardé au passage la monnaie. Il en a été de même pour faire une photocopie de la déclaration d'agression et de vol. Quand enfin Sylvie s'est décidée à repartir en chicken bus à Managua (où nous l'avons rejoint en pédalant à 3, sur nos gardes), les officiers lui ont dit qu'un geste-cadeau serait le bienvenu pour tout ce qu'ils ont fait pour elle! Elle leur a laissé la seule chose qu'elle avait avec elle, hormis ses vêtements: son casque…
Nous nous sommes donc retrouvés tous les 4 à l'hôtel (juste à l'entrée de Managua, dans un quartier pas top) où Sylvie avait passé la nuit vendredi soir. Elle est arrivée la première et a raconté son histoire aux gérantes, qui lui ont répondu qu'elle avait de la chance d'être en vie.
J'avais au fond de ma sacoche, un débardeur que je voulais donner, mais à quelqu'un qui en avait besoin. Je l'ai donné à Sylvie qui n'avait que son t-shirt et son short de cycliste (peau de chamois). Puis je lui ai donné des sous-vêtements, paire de chaussettes dont j'estimais ne plus avoir besoin (comme quoi, on ne voyage jamais vraiment avec le strict minimum!). Bien entendu, nous lui avons aussi mis à disposition nos réchaud et tout autre chose dont elle aurait besoin.
Nous avons essayé d'être présents auprès de Sylvie autant que possible, se mettant à sa place. Puis il a été l'heure de se coucher, et c'est à ce moment là que notre amie a réalisé ce qu'il s'était passé: impossible de fermer l'œil de la nuit sans avoir l'impression de revivre en direct l'épisode...
En quittant le Honduras et en entrant au Nicaragua, nous nous sentions plus en sécurité, nous avons soufflé un peu et relâché nos gardes. Cette malheureuse histoire nous montre que nous ne sommes pas à l'abri de ce genre d'incident.
Nous avons pris conscience du fait que nous devons être encore plus prudents que nous ne l'avons été jusqu'à présent concernant la sécurité de nous même, mais aussi de notre vie privée (code d'accès et différents mots de passe), sans oublier la protection des choses plus sentimentales comme les photos, les vidéos, un vélo sur lequel on a posé ses fesses pendant tant de kilomètres et qu'on aime et hait à la fois, des sacoches qui ont encore les trous de la dernière chute, etc.
Comme dit le dicton: "un mal pour un bien" … Il n'empêche que nous ne souhaitons ce mal à personne…
PS:
Sylvie (www.sylvietheberge.com) s'est rendue à l'ambassade aujourd'hui (lundi) pour un nouveau passeport. Si tout s'est bien passé, elle prendra un vol demain pour rentrer auprès de ses proches … Mais pas pour longtemps, puisqu'elle prévoit déjà son prochaine voyage, dans un pays un peu plus sûr quand même! Nous lui souhaitons tout de bon pour la suite et qu'elle passe au dessus de tout cela rapidement pour partir vers de nouvelles aventures.
PS2 par Sébastien:
Quelques impressions sur le Nicaragua :
Les paysages sont plus beaux qu'au Salvador et qu'au Honduras. Le vent de face y est plus fort. Il y a moins d'enfants et de personnes hurlant des « gringos » et « gringa » sur notre passage, plus de personne venant nous demander de l'argent, mais toujours de belles rencontres.
[ Sara | Le 16-03-2009 23:06 |
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Gringos … Gringa … "Mi Amor" … "Come here baby" … "Fuck me baby" … Gringo … des baisers envoyés par la fenêtre d’une voiture … des sifflets … des regards sur ma poitrine ou mes fesses … des mouvements de bassin très explicites …
Ce sont ces bruits, ces mots et ces gestes que nous avons depuis notre passage de la frontière entre le Guatemala et le Salvador … Ces mots peuvent faire sourire, ces gestes aussi, on peut même en rire, mais supporter ces insultes toutes une journée, ça devient trop. Trop pour moi, je n’en pouvais plus. Cela devient dur de supporter ces regards inquisiteurs et ces insultes animales. Même Sébastien n’a pas apprécié.
En traversant la frontière pour passer au Honduras (où nous avons dû payer $3 par personne, sans savoir pourquoi …), nous pensions vraiment que les choses allaient s’arranger. Nous avons pique-niqué à côté d’une maison qui semblait abandonnée. Mais après 5 minutes assis, à confectionner nos sandwichs, 6 enfants de 5 à 10 ans sont venus nous voir, nous poser des questions. Sébastien a répondu, patiemment. J’étais plus sur mes gardes. Mais ils ne nous ont pas demandé d’argent ou de nourriture, ils souhaitaient juste voir ce que les étrangers venaient faire. Ils nous ont même apporté un tabouret et de l’eau! En partant, nous nous sommes souvenus des stylos que les Institutions de Microfinance nous avaient donnés au Mexique et nous les leur avons donnés. Nous avons vu apparaître des sourires énormes sur leurs frimousses ! Ils ont couru vers leurs parents pour leur montrer ! Cela nous a fait chaud au cœur ! Un peu plus tard, nous nous sommes arrêtés dans une petite épicerie au bord de la route pour une boisson fraiche. Le gérant est alors sorti (en Honduras, comme au Salvador, les gérants des épiceries ne sortent jamais : la commande est effectuée depuis l’extérieur, à travers une grille en barreaux épais, et les achats sont passés au travers de ces barreaux, par sécurité) et nous avons discuté avec lui pendant près d’une heure !
Avec un tel départ, nous pensions vraiment que les « insultes » allaient s’arrêter … et bien non, les insultes de tous genres ont repris de plus belle, nous avons dû les encaisser jusqu’à notre sortie du Honduras, ce matin. Au Salvador et au Honduras, les hommes pensent que les femmes des pays plus développés ont moins de principe et donc, que tout est possible, même sous les yeux de leurs (des femmes !) maris. Même si Sébastien pédalait à côté de moi, j’avais les mêmes réactions.
Lors d’une pause à Choluteca pour des courses, une bodega (épicerie de quartier) a refusé de me servir, car j’étais la « gringa ». Nous avons beau expliqué que nous venons de France, rien ne change. Même les enfants sortaient de chez eux pour nous lancer des « gringos »… Nous avons donc préféré conserver notre calme apparent et bouillonner à l’intérieur.
Ce matin, nous sommes entrés au Nicaragua. Je me suis occupée des démarches administratives à la douane pendant que Sébastien surveillait les vélos, entouré de plusieurs changeurs de devises. Le douanier du Salvador m’a appelée « Mi Amor » à chaque fin de phrase qu’il faisait… Puis il m’a envoyée avec les 2 passeports à la main, à la douane du Nicaragua … juste à 30cm de lui, dans le bureau. J’ai alors appris que nous devions payer $7 par personne. J’ai alors demandé des explications : tout comme pour le Honduras, le site de l’Ambassade française dit que le visa et l’entrée au pays sont gratuits. Le douanier s’est énervé, a tout balancé sur le comptoir et m’a répondu « si vous ne payez pas, vous ne rentrez pas ». Bon, ok. Le Nicaragua, après ses douaniers renfrognés et ses 20 km de pistes, nous a finalement bien accueillis : des personnes à vélo nous ont demandé ce que nous faisions et même proposé de dormir chez eux, les enfants sourient et disent bonjour. Il y a bien encore quelques hommes qui sifflent à notre passage, mais c’est beaucoup moins agressif qu’au Salvador ou au Honduras.
Nous avons eu aussi nos premiers aperçus de la pauvreté ici. Nous ne l’avions pas vraiment vu au Salvador et au Honduras (sûrement trop occupés à rester zen). Au Nicaragua, c’est la première chose qui nous a heurtée : les enfants travaillent et sont couverts de poussière et de graisse. Ils ne vont pas à l’école. De toute façon, il n’y a pas d’école ici, c’est l’école de la vie qui fait l’éducation. Les maisons sont des planches ou même des cartons, autour de 4 poteaux qui sont juste des branches assez grosses pour tenir un toit en taule.
Nous évoluons toujours dans un environnement très chaud (plus de 35°C au plus chaud de la journée). Nous nous levons tôt (5.30 en moyenne) et partons tôt le matin (7.30 en moyenne), mais la chaleur est vite présente. Nous buvons près de 8 litres de liquide chacun, et ce n’est pas encore assez : nos corps en réclament toujours plus !
Enchainer autant de pays est certes intéressant, mais un peu déroutant : une nouvelle monnaie, des nouveaux prix … Nous avons parfois un peu de mal à jongler entre les Euros (notre monnaie de référence), les Dollars US (monnaie utilisée partout ici pour les touristes … mais aussi au Salvador), les Lempiras (monnaie du Honduras) et les Cordobas (monnaie du Nicaragua). De quoi donner le vertige !
PS:
Nous avons eu une bonne surprise, aujourd’hui, en allant regarder nos mails (les connexions au Salvador et Honduras n’ont pas toujours été faciles).
Nous avons découvert que notre école partenaire à Saint Laurent en Grandvaux a fait une émission sur notre partenariat.
Cela nous a beaucoup touchés et nous motive pour continuer ! Merci beaucoup !
Si vous voulez voir la vidéo, cliquez ICI
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[ Sara | Le 11-03-2009 23:14 |
3 commentaires]
A notre grande surprise, il n’y a plus vraiment de frontière entre le Guatemala et le Salvador ! Cela devrait aussi être ainsi entre le Salvador et le Honduras, puis entre le Honduras et le Nicaragua. En effet, ces 4 pays ont mis en place une sorte de zone de libre échange et de libre circulation des personnes, semblable à l’Espace Schengen en Europe. Ainsi, c’est le Guatemala qui nous a accepté un visa, et ce visa nous permettra de nous rendre jusqu’aux portes du Costa Rica. Nous avons simplement à présenter notre passeport aux frontières entre ces 4 pays. Sara était un peu déçue de ne pas avoir le tampon du Salvador sur son passeport !
Avec tout ce que nous avions entendu sur ce pays, nous étions anxieux de le traverser à vélo. Mais pour le moment, nous n’avons fait que de belles rencontres, ou presque ! Le paysage et le climat n’ont pas beaucoup changé : toujours très chaud, toujours des ordures partout le long des routes, mais aussi autour des habitations, toujours des palmiers, toujours des camions de canne à sucre, toujours des "chicken bus". On nous observe en revanche avec encore plus d’attention, et on nous envoie plus volontiers un ou deux "Gringo, gringo !". Parfois, nous leur répondons : "Nous ne sommes pas gringos, nous sommes français, c’est différent !". La plupart ne semble pas nous comprendre. Peu importe, cela nous permet d’échanger quelques mots et sourires !
Nous avons appuyé fort mais sommes arrivés à notre ville étape, Acajutla, 30 minutes seulement avant le coucher du soleil au terme de 109km… Impossible de trouver le moindre hôtel… Anxiété… Nous avons abordé des personnes dans la rue pour leur demander où en trouver un. L’un d’entre eux, un vieux monsieur, s’est proposé de nous accompagner pour nous montrer les 2 seuls hôtel de la ville. Il a enfourché son tricycle, et nous l’avons suivi. Le premier "hôtel" n’était pas très propre, et les gérants sympathiques, mais éméchés… Le second donnait sur l’océan, mais il semblait ne pas y avoir de chambre disponible. Elle allait « bientôt » être libérée… Bizarre, le prix était de 15 dollars (la monnaie au Salvador est le dollar américains) pour 12 heures… En général, ce genre de tarification est pour les hôtels de passe. On nous a fait patienter, et notre guide semblait confiant. En fait, les propriétaires nous ont proposé de nous héberger dans une pièce vacante au rez-de-chaussée de leur habitation. C’est moi qui l’ai visitée et qui ai donné mon accord, sans remarquer qu’il n’y avait pas de vitres aux fenêtres ! Nous avons donc cohabité avec des lézards et de nombreux moustiques !
En m’attendant, Sara s’est faite abordée par un Monsieur qui lui a demandé : "Combien tu prends ?". D’une manière générale, dès qu’elle se retrouve seule, elle se fait beaucoup plus siffler qu’auparavant. Rien de méchant, seulement du machisme, mais elle a beaucoup de mal à l’accepter, et je la comprends.
Au final, nous ne ressentons pas d’insécurité particulière, et nous avons même opté pour une journée de repos ici, sur les plages de La Libertad, pour nous reposer et reprendre des forces au milieu de ces très longues étapes.
[ Sebastien | Le 06-03-2009 07:26 |
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Après quelques jours à Quetzaltenango, un entretien avec une institution de microfinance (tout en espagnol!) et 3 jours d'excursion en bus, nous avons repris nos vélos. Nous sommes descendus en altitude et avons pu sentir la chaleur: à chaque tournant qui ne faisait perdre quelques mètres, la chaleur se faisait plus oppressante et l'humidité de plus en plus présente. Il fait maintenant chaud et humide et nous apprécions beaucoup le ventilateur que l'on retrouve dans chaque chambre d'hôtels le long de la « Carretera al Pacifico ». Lors de ces descentes, Sébastien a pulvérisé notre précédent record de vitesse qui s'établit désormais à 85,3km/h!
Nous évoluons donc maintenant au milieu des cocotiers, bananiers, cacaoiers, caféiers, manguiers, et des champs de canne a sucre. Nous partageons la route avec de nombreux camions, dont des camions de canne à sucre, des "chicken bus" et des pick-ups. Il fait chaud et humide.
Nous avons même essuyé une grosse averse, lors de notre 2ème jour (hier): nous avons dû nous abriter sous les abris de fortune, au bord de la route, abris qui servent entre autres à vendre des noix de coco (nous avons d'ailleurs testé: première étape, ils font un trou dans la noix de coco sortie du « réfrigérateur » où elle était stockée et y glissent une paille pour boire le jus. Puis ils l'ouvrent et avec une cuillère, mangent la chair encore tendre).. Nous avons beaucoup surpris la population! Nous avons attendu que l'orage passe et dès que ça s'est calmé, nous avons enfourché à nouveau nos vélos: mauvaise idée! 2 minutes plus tard, il pleuvait de plus belle! Nous sommes arrivés à Santa Lucia (notre village étape) totalement trempés!
Nous l'avions déjà remarqué pour la nourriture, et nous le constatons maintenant pour les hôtels et autres infrastructures destinés aux touristes (au sens large): la vie au Guatemala est très chère, par rapport au Mexique! Le prix de la nourriture est 2 fois plus cher, le prix des hôtels (non négociable et souvent à la tête du client) est élevé pour très peu de services et pas d'eau chaude. Nous comprenons donc pourquoi personne ne mange dans les restaurants (une grande différence par rapport au Mexique où manger dehors était moins cher que de cuisiner!). Dans les structures hôtelières, le personnel est très peu patient et peu avenant: nous avons un peu de mal avec l'accent guatémaltèque et personne ne prend vraiment le temps de répéter, ou s'ils le font, c'est avec de gros soupirs … Cela change beaucoup de ce que nous avons connu auparavant …
Nous ne nous sentons pas toujours en sécurité et choisissons les lieux où nous restons la nuit en fonction de la lumière dans la rue, une rue suffisamment ouverte avec visibilité. Nous nous fions beaucoup à notre instinct et si nous ne nous sentons pas assez bien dans un endroit, nous n'y restons pas. Nous avons aussi sur nous le strict minimum quand nous sortons, préférant laisser à l'hôtel ce qui risque d'être volé dans la rue, la nuit (ce qui n'est pas forcément le plus sûr non plus). Nous avons toujours avec nous nos petites bombes anti-agression. Nous marchons aussi au milieu de la rue, ainsi si quelqu'un se cache dans le renforcement d'une porte ou dans une ombre sur le trottoir, il ne peut pas nous atteindre. Nous ne faisons que très peu de photos et de vidéos, n'osant pas sortir notre matériel si précieux. Peut être que nous voyons le mal partout, mais après avoir voyagé 9 mois, nous avons développé comme un 6ème sens et arrivons à sentir mieux les choses: si un lieu ne nous inspire pas, ou si nous ne nous sentons pas en sécurité, nous préférons continuer notre route et/ou rester sur nos gardes (ce qui est stressant et fatiguant).
Tout de même, nous avons de bons contacts avec la population et avons fait une belle rencontre hier matin. Ma roue arrière a montré quelques faiblesses: plus de roue libre, ce qui signifie que les pédales tournent tout le temps et qu'il faut toujours pédaler afin d'entrainer la chaine … Nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route, juste à l'entrée d'un village pour essayer de réparer, une poussière s'étant sûrement coincée, empêchant la cassette de pignon de fonctionner normalement. Après plusieurs tentatives vaines, un Guatémaltèque en vélo, qui passait par là, s'est approché de nous pour nous demander si nous avions besoin d'aide. Nous lui avons expliqué le problème (il pensait à une crevaison) et tout de suite, il nous a proposé de nous amener à la « tienda de bicyclettas » la plus proche. Il m'a même aidée à recharger mon vélo et nous l'avons suivi. Il est passé par les petites rues et les petits sentiers, nous l'avons suivi toujours, avec crainte tout de même: « où nous amène-t-il?? ». Même Sébastien était assez nerveux! Nous sommes finalement arrivés à cet atelier de vélos, perdu au bout d'un terrain vague, que nous n'aurions jamais trouvé par nous même. Le mécanicien est venu voir ce qu'il se passait et est parti avec la roue dans son atelier, Sébastien sur ses talons, afin de vérifier qu'il ne force pas et casse quelque chose. J'ai surveillé mes sacoches et le second vélo. Un quart d'heure plus tard, Sébastien et le mécanicien sont sortis de l'atelier: rien à faire, il ne pouvait pas nous aider. L'homme au vélo nous a alors proposé de nous ramener à la ville de départ avec sa voiture pour réparer la roue: 20 kilomètres derrière nous … Nous avons finalement décidé de continuer jusqu'à Santa Lucia. Il fallait juste que je pédale tout le temps! Le mécanicien nous a donné le numéro de téléphone et le nom du mécanicien là-bas et a même essayé de l'appeler, en vain. Nous avons donc repris la route, encore 50 km. Au bout de 10 km, nous avons fait une pause. J'ai poussé mon vélo et voilà que la roue libre s'est remise à fonctionner. Je suis remontée en selle, et la roue libre fonctionnait! La poussière a dû bouger!! Pourvu qu'elle reste là où elle est !
PS: nous devrions entrer au Salvador demain après midi!
[ Sara | Le 03-03-2009 11:13 |
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