Frayeur mécanique

Après quelques jours à Quetzaltenango, un entretien avec une institution de microfinance (tout en espagnol!) et 3 jours d'excursion en bus, nous avons repris nos vélos. Nous sommes descendus en altitude et avons pu sentir la chaleur: à chaque tournant qui ne faisait perdre quelques mètres, la chaleur se faisait plus oppressante et l'humidité de plus en plus présente. Il fait maintenant chaud et humide et nous apprécions beaucoup le ventilateur que l'on retrouve dans chaque chambre d'hôtels le long de la « Carretera al Pacifico ». Lors de ces descentes, Sébastien a pulvérisé notre précédent record de vitesse qui s'établit désormais à 85,3km/h!

Nous évoluons donc maintenant au milieu des cocotiers, bananiers, cacaoiers, caféiers, manguiers, et des champs de canne a sucre. Nous partageons la route avec de nombreux camions, dont des camions de canne à sucre, des "chicken bus" et des pick-ups. Il fait chaud et humide.

Nous avons même essuyé une grosse averse, lors de notre 2ème jour (hier): nous avons dû nous abriter sous les abris de fortune, au bord de la route, abris qui servent entre autres à vendre des noix de coco (nous avons d'ailleurs testé: première étape, ils font un trou dans la noix de coco sortie du « réfrigérateur » où elle était stockée et y glissent une paille pour boire le jus. Puis ils l'ouvrent et avec une cuillère, mangent la chair encore tendre).. Nous avons beaucoup surpris la population! Nous avons attendu que l'orage passe et dès que ça s'est calmé, nous avons enfourché à nouveau nos vélos: mauvaise idée! 2 minutes plus tard, il pleuvait de plus belle! Nous sommes arrivés à Santa Lucia (notre village étape) totalement trempés!

Nous l'avions déjà remarqué pour la nourriture, et nous le constatons maintenant pour les hôtels et autres infrastructures destinés aux touristes (au sens large): la vie au Guatemala est très chère, par rapport au Mexique! Le prix de la nourriture est 2 fois plus cher, le prix des hôtels (non négociable et souvent à la tête du client) est élevé pour très peu de services et pas d'eau chaude. Nous comprenons donc pourquoi personne ne mange dans les restaurants (une grande différence par rapport au Mexique où manger dehors était moins cher que de cuisiner!). Dans les structures hôtelières, le personnel est très peu patient et peu avenant: nous avons un peu de mal avec l'accent guatémaltèque et personne ne prend vraiment le temps de répéter, ou s'ils le font, c'est avec de gros soupirs … Cela change beaucoup de ce que nous avons connu auparavant …

Nous ne nous sentons pas toujours en sécurité et choisissons les lieux où nous restons la nuit en fonction de la lumière dans la rue, une rue suffisamment ouverte avec visibilité. Nous nous fions beaucoup à notre instinct et si nous ne nous sentons pas assez bien dans un endroit, nous n'y restons pas. Nous avons aussi sur nous le strict minimum quand nous sortons, préférant laisser à l'hôtel ce qui risque d'être volé dans la rue, la nuit (ce qui n'est pas forcément le plus sûr non plus). Nous avons toujours avec nous nos petites bombes anti-agression. Nous marchons aussi au milieu de la rue, ainsi si quelqu'un se cache dans le renforcement d'une porte ou dans une ombre sur le trottoir, il ne peut pas nous atteindre. Nous ne faisons que très peu de photos et de vidéos, n'osant pas sortir notre matériel si précieux. Peut être que nous voyons le mal partout, mais après avoir voyagé 9 mois, nous avons développé comme un 6ème sens et arrivons à sentir mieux les choses: si un lieu ne nous inspire pas, ou si nous ne nous sentons pas en sécurité, nous préférons continuer notre route et/ou rester sur nos gardes (ce qui est stressant et fatiguant).

Tout de même, nous avons de bons contacts avec la population et avons fait une belle rencontre hier matin. Ma roue arrière a montré quelques faiblesses: plus de roue libre, ce qui signifie que les pédales tournent tout le temps et qu'il faut toujours pédaler afin d'entrainer la chaine … Nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route, juste à l'entrée d'un village pour essayer de réparer, une poussière s'étant sûrement coincée, empêchant la cassette de pignon de fonctionner normalement. Après plusieurs tentatives vaines, un Guatémaltèque en vélo, qui passait par là, s'est approché de nous pour nous demander si nous avions besoin d'aide. Nous lui avons expliqué le problème (il pensait à une crevaison) et tout de suite, il nous a proposé de nous amener à la « tienda de bicyclettas » la plus proche. Il m'a même aidée à recharger mon vélo et nous l'avons suivi. Il est passé par les petites rues et les petits sentiers, nous l'avons suivi toujours, avec crainte tout de même: « où nous amène-t-il?? ». Même Sébastien était assez nerveux! Nous sommes finalement arrivés à cet atelier de vélos, perdu au bout d'un terrain vague, que nous n'aurions jamais trouvé par nous même. Le mécanicien est venu voir ce qu'il se passait et est parti avec la roue dans son atelier, Sébastien sur ses talons, afin de vérifier qu'il ne force pas et casse quelque chose. J'ai surveillé mes sacoches et le second vélo. Un quart d'heure plus tard, Sébastien et le mécanicien sont sortis de l'atelier: rien à faire, il ne pouvait pas nous aider. L'homme au vélo nous a alors proposé de nous ramener à la ville de départ avec sa voiture pour réparer la roue: 20 kilomètres derrière nous … Nous avons finalement décidé de continuer jusqu'à Santa Lucia. Il fallait juste que je pédale tout le temps! Le mécanicien nous a donné le numéro de téléphone et le nom du mécanicien là-bas et a même essayé de l'appeler, en vain. Nous avons donc repris la route, encore 50 km. Au bout de 10 km, nous avons fait une pause. J'ai poussé mon vélo et voilà que la roue libre s'est remise à fonctionner. Je suis remontée en selle, et la roue libre fonctionnait! La poussière a dû bouger!! Pourvu qu'elle reste là où elle est !

PS: nous devrions entrer au Salvador demain après midi!

[Drapeau de Guatemala Sara | Le 03-03-2009 11:13 | 5 commentaires]

Commentaires

[France Mistinguette | Le 04-03-2009 23:59]

soyez prudents, tout de même !

[France Eme | Le 04-03-2009 10:28]

Ça rappelle les "garages" indiens et les réparations de scooteurs et vélos de cet été ... Prudence et courage avec le climat !

[France Gill | Le 04-03-2009 09:05]

Quelle richesse d'expériences. Diverses mentalités, diverses sensibilités. IL y a toujours des raisons derrières à découvrir. L'expérience d'être étranger, et ...l'expérience du climat tropico-équatorial, c'est aussi une nouveauté ! Tout ça s'accélère ! Courage !

[France Frérot 1 | Le 04-03-2009 08:30]

Pour la roue libre sara, t'aurais pu échangé avec celle de l'autre vélo et tu n'aurais pas eu cet ennui!

[France Natim | Le 03-03-2009 22:49]

Whaou l'ambiance, ça fait froids dans le dos. Bonne continuation, Rémy

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