Gringos … Gringa … "Mi Amor" … "Come here baby" … "Fuck me baby" … Gringo … des baisers envoyés par la fenêtre d’une voiture … des sifflets … des regards sur ma poitrine ou mes fesses … des mouvements de bassin très explicites …
Ce sont ces bruits, ces mots et ces gestes que nous avons depuis notre passage de la frontière entre le Guatemala et le Salvador … Ces mots peuvent faire sourire, ces gestes aussi, on peut même en rire, mais supporter ces insultes toutes une journée, ça devient trop. Trop pour moi, je n’en pouvais plus. Cela devient dur de supporter ces regards inquisiteurs et ces insultes animales. Même Sébastien n’a pas apprécié.
En traversant la frontière pour passer au Honduras (où nous avons dû payer $3 par personne, sans savoir pourquoi …), nous pensions vraiment que les choses allaient s’arranger. Nous avons pique-niqué à côté d’une maison qui semblait abandonnée. Mais après 5 minutes assis, à confectionner nos sandwichs, 6 enfants de 5 à 10 ans sont venus nous voir, nous poser des questions. Sébastien a répondu, patiemment. J’étais plus sur mes gardes. Mais ils ne nous ont pas demandé d’argent ou de nourriture, ils souhaitaient juste voir ce que les étrangers venaient faire. Ils nous ont même apporté un tabouret et de l’eau! En partant, nous nous sommes souvenus des stylos que les Institutions de Microfinance nous avaient donnés au Mexique et nous les leur avons donnés. Nous avons vu apparaître des sourires énormes sur leurs frimousses ! Ils ont couru vers leurs parents pour leur montrer ! Cela nous a fait chaud au cœur ! Un peu plus tard, nous nous sommes arrêtés dans une petite épicerie au bord de la route pour une boisson fraiche. Le gérant est alors sorti (en Honduras, comme au Salvador, les gérants des épiceries ne sortent jamais : la commande est effectuée depuis l’extérieur, à travers une grille en barreaux épais, et les achats sont passés au travers de ces barreaux, par sécurité) et nous avons discuté avec lui pendant près d’une heure !
Avec un tel départ, nous pensions vraiment que les « insultes » allaient s’arrêter … et bien non, les insultes de tous genres ont repris de plus belle, nous avons dû les encaisser jusqu’à notre sortie du Honduras, ce matin. Au Salvador et au Honduras, les hommes pensent que les femmes des pays plus développés ont moins de principe et donc, que tout est possible, même sous les yeux de leurs (des femmes !) maris. Même si Sébastien pédalait à côté de moi, j’avais les mêmes réactions.
Lors d’une pause à Choluteca pour des courses, une bodega (épicerie de quartier) a refusé de me servir, car j’étais la « gringa ». Nous avons beau expliqué que nous venons de France, rien ne change. Même les enfants sortaient de chez eux pour nous lancer des « gringos »… Nous avons donc préféré conserver notre calme apparent et bouillonner à l’intérieur.
Ce matin, nous sommes entrés au Nicaragua. Je me suis occupée des démarches administratives à la douane pendant que Sébastien surveillait les vélos, entouré de plusieurs changeurs de devises. Le douanier du Salvador m’a appelée « Mi Amor » à chaque fin de phrase qu’il faisait… Puis il m’a envoyée avec les 2 passeports à la main, à la douane du Nicaragua … juste à 30cm de lui, dans le bureau. J’ai alors appris que nous devions payer $7 par personne. J’ai alors demandé des explications : tout comme pour le Honduras, le site de l’Ambassade française dit que le visa et l’entrée au pays sont gratuits. Le douanier s’est énervé, a tout balancé sur le comptoir et m’a répondu « si vous ne payez pas, vous ne rentrez pas ». Bon, ok. Le Nicaragua, après ses douaniers renfrognés et ses 20 km de pistes, nous a finalement bien accueillis : des personnes à vélo nous ont demandé ce que nous faisions et même proposé de dormir chez eux, les enfants sourient et disent bonjour. Il y a bien encore quelques hommes qui sifflent à notre passage, mais c’est beaucoup moins agressif qu’au Salvador ou au Honduras.
Nous avons eu aussi nos premiers aperçus de la pauvreté ici. Nous ne l’avions pas vraiment vu au Salvador et au Honduras (sûrement trop occupés à rester zen). Au Nicaragua, c’est la première chose qui nous a heurtée : les enfants travaillent et sont couverts de poussière et de graisse. Ils ne vont pas à l’école. De toute façon, il n’y a pas d’école ici, c’est l’école de la vie qui fait l’éducation. Les maisons sont des planches ou même des cartons, autour de 4 poteaux qui sont juste des branches assez grosses pour tenir un toit en taule.
Nous évoluons toujours dans un environnement très chaud (plus de 35°C au plus chaud de la journée). Nous nous levons tôt (5.30 en moyenne) et partons tôt le matin (7.30 en moyenne), mais la chaleur est vite présente. Nous buvons près de 8 litres de liquide chacun, et ce n’est pas encore assez : nos corps en réclament toujours plus !
Enchainer autant de pays est certes intéressant, mais un peu déroutant : une nouvelle monnaie, des nouveaux prix … Nous avons parfois un peu de mal à jongler entre les Euros (notre monnaie de référence), les Dollars US (monnaie utilisée partout ici pour les touristes … mais aussi au Salvador), les Lempiras (monnaie du Honduras) et les Cordobas (monnaie du Nicaragua). De quoi donner le vertige !
PS:
Nous avons eu une bonne surprise, aujourd’hui, en allant regarder nos mails (les connexions au Salvador et Honduras n’ont pas toujours été faciles).
Nous avons découvert que notre école partenaire à Saint Laurent en Grandvaux a fait une émission sur notre partenariat.
Cela nous a beaucoup touchés et nous motive pour continuer ! Merci beaucoup !
Si vous voulez voir la vidéo, cliquez ICI
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[ Sara | Le 11-03-2009 23:14 | 3 commentaires]
[ Natim |
Le 12-03-2009 16:29]
[ Julien de Reunica |
Le 12-03-2009 11:12]
[ Gill |
Le 12-03-2009 09:49]