Vent glacial mais chaleur humaine

Le vent est toujours là... Il souffle toujours aussi fort. Nous avons parfois l'impression de l'avoir de face, mais les cyclo-voyageurs que nous croisons nous assurent que nous l'avons bien dans le dos! C'est vrai qu'il est pour nous plutôt favorable, et nous en profitons! Bien qu'il fasse en journée entre 10 et 15 degrés, nous ne pédalons plus sans notre veste coupe-vent, et dès que nous nous arrêtons, il nous faut vite enfiler une ou deux polaires à cause de ce vent glacial.

Nous avons traversé ces derniers jours le parc national Torres del Paine, considéré comme l'un des plus beaux parcs naturels d'Amérique Latine. Nous l'avons arpenté sur la piste à vélo, mais aussi en randonnée à pied. L'attrait du parc est un massif montagneux de roche granitique dont les parois de plus de 1000m donnent le vertige aux meilleurs alpinistes ou andinistes. Nous avons pu admirer les couleurs rougeoyantes du soleil levant sur les fameuses tours de granite avant de partir en randonnée s'en approcher de plus près. Lors de notre pique-nique à leur pied vers 900m d'altitude, le froid, le vent et les flocons de neige qui tombaient nous ont littéralement glacés.

Depuis bientôt trois semaines, nous avons de nouveaux compagnons de voyage qui nous encouragent du bord de la route ou de la piste... Ce sont les guanacos, ces cousins sauvages des lamas, alpagas et vigognes. Ils ne sont pas si sauvages que cela et même plutôt curieux! Au passage, il n'est pas rare non plus que nous surprenions des renards, mais chose qui nous surprend plus, ce sont les perroquets qui nous ont survolé une fois ou deux, ou bien ces drôles d'autruches sauvages, les nandus.

Au chapitre des rencontres, ce sont de bien belles que nous avons vécues récemment. En une fin d'après-midi très ventée, nous avons trouvé près d'une rivière un abri précaire derrière des arbustes pour planter nos tentes. Étant visibles depuis des habitations, nous avons préféré aller demander l'autorisation à leurs habitants. Il s'agissait en fait de l'une de ces nombreuses estancias qui exploitent les terres patagoniennes, et c'est à sa propriétaire que nous avons demandé si nous pouvions planter notre tente à l'abri de l'une de ses bâtisses. Avec un grand sourire, cette dame âgée d'une soixantaine d'années nous a répondu immédiatement qu'il n'en était pas question, et qu'elle allait nous installer au sec et à l'abri du vent dans la maison des tondeurs de moutons! Entre temps, son mari est rentré et nous a accueillis aussi chaleureusement. Ravis, nous avons accepté, et elle nous a ensuite apporté une casserole d'eau chaude et du petit bois pour allumer un feu dans le poêle de la pièce principale. Nous n'en demandions pas tant! Plus tard, une jeune femme s'est présentée à nous et nous a invités à venir manger chez elle. En dégustant une soupe à base de riz et d'agneau, suivie d'un bon morceau d'agneau accompagné de purée crémeuse, nous avons fait la connaissance de ce jeune couple d'employés de l'estancia: elle cuisine pour les propriétaires et lui est « gaucho », le fameux gaucho de Patagonie. Il travaille essentiellement à cheval. Surprenant, sa préoccupation première est de s'assurer que l'estancia ne manque pas de bois, mais il doit aussi s'occuper des 40 chevaux, des 120 vaches, des 25 chiens, sans oublier les 4.500 moutons et les 4.500 hectares de terrain. Avec leurs fils de 3 ans et 9 mois, ils sont extrêmement heureux comme cela, même si leurs contrats sont très précaires et jamais à l'année. Nous avons passé une merveilleuse soirée à échanger sur nos vies respectives.

Ce matin, c'est à la rencontre d'une colonie de 150.000 pingouins de Magellan que nous sommes partis en bateau sur l'île Magdalena située dans le détroit de Magellan, ce détroit contrôlé par les chiliens qui sépare le continent sud-américain de la terre de feu. Nous avons marché au beau milieu de la colonie et observé ces créatures amusantes.

Les jours passent, les kilomètres défilent, et nous voici maintenant à seulement une dizaine de jours de l'arrivée! Que se passe-t-il dans nos têtes?

Et bien nous avons du mal à nous rendre compte que l'arrivée est si proche, du mal à réaliser. Il s'est passé tellement de choses depuis notre départ d'Anchorage! Cela fait plus de 3 ans que le nom de la ville d'Ushuaia raisonne dans nos têtes et hante un rêve lointain... Ce rêve est sur le point de devenir réalité et nous en sommes heureux.

PS: la nouvelle roue arrière du vélo de Sara fonctionne très bien et devrait tenir au moins jusqu'à Ushuaia! Nous avons tout de même changé la chaîne, trop maltraitée par la roue mal construite...

[Drapeau de Chili Sebastien | Le 11-02-2010 22:43 | 5 commentaires]

Commentaires

[Pologne Mael & Caro | Le 15-02-2010 13:37]

Waaoouuuu !! Les paysages sont terribles! bravo pour les tofs du glacier et des montagnes colorées. Courage pour affronter ce froid, on sait ce que c'est... Bisous a tous les 2 !

[France Tandem pilote | Le 13-02-2010 17:01]

L'hospitalité argentine : une réalité quotidienne ! Buen viento, et gare au virage précurseur de la sortie de Rio Grande ! Sylvain

[France Gill | Le 12-02-2010 11:35]

Beau récit de symbiose avec les gens et la nature. Tout cela nourrit la Vie dans ses profondeurs. La vôtre... et la nôtre par ricochet. Magnifiques photos du parc ! Merci.

[France Rachel et Guillaume | Le 12-02-2010 09:55]

Préparez les klinex pour Ushuaia... Quelqu'il soit, le point d'arrivée est un explosif d'émotions ! Vous allez adorer...

[France Liliane | Le 12-02-2010 09:13]

Et bien nous connaitrons les mêmes conditions climatiques(neige, blizzard,-..°C) ce Week End pour aller regarder passer dans le Risoux, les "pingouins jurassiens" lors de leur migration annuelle de Lamoura à Mouthe ! Et oui encore une Trans'Jurassienne sans toi ! Bisoux.

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