Le parcours du combattant

Ces dernières semaines, nous avons partagé des moments inoubliables avec de nombreux cyclo-voyageurs. Bien sûr, il y a Heather qui nous accompagne depuis novembre, mais il y a aussi Rebekka et Urban (suisses) avec qui nous nous sommes souvent retrouvés, Thomas et Julie (Nouvelle-Zélande), Ashlie (Canada), Sean (Irlande), Elodie et Sylvain (tandemistes français), Martin (Nouvelle-Zélande), Benjamin et Alejandra, couple franco chilien en tandem qui nous a beaucoup aidé lors de notre panne avec la roue arrière du vélo de Sara à Villa Cerro Castillo, Denis (France)… Par hasard dans la rue à Cochrane, nous sommes tombés sur deux grandvalliers (du plateau jurassien où j’ai grandi), Arnaud et Guillaume en voyage à vélo en Amérique du Sud pendant 6 mois après leur voyage de l’Europe à l’Asie. Par les échanges que nous avons avec eux, ils nous aident tous à progresser, nous nous encourageons mutuellement, nous partageons les hébergements, et nous passons d’excellents moments tous ensembles.

Nous nous sommes ainsi retrouvés à une dizaine de cyclo-voyageurs dans la même auberge à Villa O’Higgins, à attendre le même bateau. Nous y avons même retrouvés Seth et Kirsten, les cyclo-voyageurs américains qui nous avaient hébergés à Santiago du Chili. A cause d’un vent violent, le départ a été retardé d’une journée. Après les 7 derniers kilomètres de la Carretera Australe tous ensembles, nous avons embarqué pour 3h de bateau pour traverser le lac O’Higgins très agité et débarqué à Candelario Mancilla où nous avons passé la douane chilienne. La particularité de ce passage de frontière, et ce qui en fait son attrait pour nous, c’est qu’il n’est accessible qu’à pied… ou en vélo! Aucune voiture ne peut passer la frontière à cet endroit là! Quel bonheur de pouvoir progresser sans gaz d’échappement, au milieu de paysages superbes : un lac aux couleurs turquoises entouré de montagnes enneigées et de glaciers suspendus.

Nous avions prévu de louer les services d’un cheval pour porter quelques-unes de nos sacoches et alléger en conséquence nos vélos. Mais bien que nous ayons fait une réservation, le loueur n’a pas eu envie de nous louer l’un de ses chevaux… C’est donc avec les vélos complètement chargés sur ce chemin à peine carrossable que nous avons entamé la montée. Après avoir poussé assez souvent, nous nous sommes retrouvés 4h plus tard au sommet, à la frontière. Nous étions donc dans les temps, et d’après les expériences d’autres cyclo-voyageurs, il nous restait 3h pour redescendre de l’autre côté… Un cyclo-voyageur belge progressant dans l’autre sens nous a informé que nos amis étaient une heure devant nous environ. Nous savions aussi que la partie difficile se trouvait devant nous. Sara a eu la bonne idée de trouver un système pour attacher nos sacoches avant à l’arrière du vélo : nous savions que des ornières nous attendait où les sacoches avant ne peuvent pas passer. Le vélo est devenu difficilement contrôlable mais c’était tout de même beaucoup plus pratique pour marcher à côté du vélo sur ce sentier et pour passer tous les obstacles de ce véritable parcours du combattant. Nous avons passé d’innombrables rivières en équilibre sur des branches d’arbres, traversé des marécages les pieds dans la boue, poussé, tiré nos vélos trop lourds dans de nombreux raidillons, glissé sur les racines humides, nous sommes tombés plusieurs fois sous le poids du vélo, nous nous sommes griffés les jambes sur la végétation, nous nous sommes meurtris les mollets avec nos pédales…

Après 4h de galère, nous n’avions parcouru que 4 ou 5km sur les 7 à parcourir. Nous étions épuisés, et à 21.30, la nuit arrivait. Nous avons passé une dernière rivière en mettant chacun un pied dans l’eau et avons installé notre bivouac d’urgence dans un endroit à peu près sec. Filtrage de l’eau, préparation d’une soupe et de pâtes sur le réchaud, et repas à l’abri de la pluie dans la tente; nous nous sommes couchés à 1.00 du matin! Le lendemain, réveil à 7.30 avec l’objectif d’arriver au bout de ce chemin infernal avant 11.00 pour prendre le premier des 2 bateaux quotidiens traversant le Lago del Desierto (le suivant était à 18 heures). 500 mètres après le départ, il nous a déjà fallu décharger les vélos pour traverser une rivière. Sous la pluie, les racines et la boue étaient encore plus glissants que la veille. Nous avons terminé par une descente très pentue dans un sentier en ornière, à se laisser embarquer par le poids du vélo dont les freins ne répondaient plus: comme en Equateur il y a quelques mois, l’eau combinée à la boue et au sable ont eu raison de nos patins de frein.
C’est avec un soulagement certain que nous sommes arrivés en bas à 11h10, passé la douane argentine en voyant arriver le bateau. Nous avons embarqué avec Denis, Urban et Rebekka arrivés ici la veille au soir. Alors que nous avons tous mis le même temps pour monter, il nous a fallu plus de 5h pour descendre alors qu’ils n’en ont mis que 3 et demie.

A bord du bateau, nous avons réussi à éviter l’arnaque des employés consistant à nous demander de payer un extra de 10 pesos pour le transport des vélos, et après un pique-nique tous ensembles, c’est sous la pluie que nous avons parcouru les 36km de piste jusqu’à El Chalten. Malheureusement, ce temps maussade nous a empêché de pouvoir voir le fameux Fitz Roy… Un vent très violent a soufflé toute la nuit, et nous espérons pouvoir voir un peu mieux au cours d’une promenade à pied les somptueux massifs montagneux aperçus hier.

Et si c’était à refaire?

Sébastien: "j’enlève la pédale de gauche, peut être même les 2, et je ne cherche pas à garder les pieds au sec ou hors de la boue!"

Sara: "Je met des bottes de pluie ! Je voyage plus légère. Ou j’insiste pour avoir un cheval, afin de bien savourer ce passage de frontière très spécial et profiter de cette randonnée."

Heather: "Je prendrais un sac à dos pour alléger le vélo, ainsi que des sacoches à charger et à décharger plus facilement. Je choisirais également des vêtements de pluie plus étanches… ce qui s’applique à toute la Patagonie."

[Drapeau de Argentine Sebastien | Le 28-01-2010 17:44 | 5 commentaires]

Commentaires

[France Jmambré | Le 10-04-2010 20:18]

Bonjour a tous J'étais déja au fitz roy en 1967/68 J'ai fait ce parcours en 2005 bravo j'ai aussi fait le premier camel trophy participation française 1986, c'est de la gnognote a coté de vos periples amities

[France Dams | Le 02-02-2010 11:31]

C'est le Camel Trophy votre aventure la! Le fitz Roy c'est vraiment un truc de dingue, c'est à voir. Dites vous qu'il y a plein de voies d'escalades très très réputées. a bientot

[France Monique de Paris | Le 31-01-2010 10:57]

Eh bien, vous en êtes sortis vaillamment ! Vous verrez : les passages les plus difficiles font ensuite les meilleurs souvenirs. J'espère que vous avez devant vous des kilomètres moins éprouvants. Je continue à apprendre la géographie avec vous. Bon courage, on pense bien à vous

[France Eme | Le 30-01-2010 16:48]

Mais quel courage ! J'aurais bien voulu être là, rien que pour vous aider à porter les sacoches ! ^^ Gros bisous à vous tous !

[France Gill | Le 29-01-2010 16:54]

ho la la !! Quelle galère ! vous allez vous en souvenir longtemps... je vous souhaite beaucoup de résistance, la hargne ! Ici Gavin visite Paris sous la pluie... Toujours avec vous. Courage !

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