Au bout du monde

Après notre jour de repos à Cochrane, nous voilà repartis en direction de Villa O’Higgins, dernier village sur cette route si belle, mais aussi si demandeuse en énergie et motivation. Le temps est clément et nous pouvons enfin pédaler sans nos vêtements de pluie, dans lesquels nous transpirons régulièrement à grosses gouttes. La route est sinueuse et se faufile entre les vallées, avec des multitudes de cascades. Elle est en assez bonne condition, monte et descend, ce qui est assez cassant. Quand nous arrivons à lever les yeux, souvent rivés sur la piste piégeuse, nous voyons fréquemment des condors et avons même vu une fois un renard.

Sur la route, nous rencontrons beaucoup de cyclo-voyageurs comme nous, surtout à Puerto Yungay, où un ferry est nécessaire pour traverser la rivière. Comme il ne fonctionne pas souvent, c’est le rendez-vous des voyageurs. On échange, on partage les informations, on rit. C’est un peu le moment de détente où on oublie le mal aux jambes, les problèmes mécaniques, la pluie et le vent qui s’acharnent.

Nous avons eu un jour de pluie non-stop sur ce tronçon: du matin au soir, la pluie n’a cessé de tomber. Nous voulions un endroit un peu au sec pour manger notre repas de midi. Tout à coup, nous voyons une maison à gauche. Nous décidons de demander à manger à l’abri. C’est un homme assez âgé qui nous voit et nous indique où nous mettre à l’abri. Un autre voyageur à vélo est dans la dépendance: il a passé la nuit là, alors qu’il ne pouvait plus continuer vers le Nord la veille à cause du vent et aujourd’hui à cause de la pluie. Nous mangeons au sec, le voyageur à vélo décide de continuer lorsque nous lui disons qu’il y a un endroit au sec à Puerto Yungay où il pourra se réfugier à condition d’attraper le ferry de 19h (le mécanicien du ferry met à disposition une maison dans le village pour ceux qui le souhaitent). Finalement, le casse-croute se termine en une nuit sur place. Le couple qui vit là surveille la maison et l’immense propriété, mais n’en est pas propriétaire. En discutant avec eux, nous découvrons que nous sommes logés dans l’une des nombreuses propriété de la 2ème fortune du Chili: le directeur de la banque "Banco del Estado", une banque présente dans tout le pays!!

Les problèmes mécaniques ne nous ont encore pas épargnés: nous avons cassé et changé des maillons sur nos 2 chaines. Un des roulements du pédalier du vélo de Sébastien a besoin d’être changé rapidement…

Nous sommes arrivés hier à Villa O’Higgins après plus de 950km de piste, où la Carretera Austral se termine en cul-de-sac et où un camion de ravitaillement ne vient qu’une fois toutes les 3 semaines (par chance, il est passé aujourd’hui!). Pour arriver là, nous avons été accompagnés sur les 10 derniers kilomètres  par la pluie et un fort vent. Un peu d’émotion m’a submergé devant la pancarte du village… C’est une nouvelle étape de franchie, la dernière avant Ushuaia…

Coincés dans cette "voie sans issue", nous nous préparons maintenant à passer en Argentine et à traverser une frontière un peu spéciale… Mais nous vous raconterons cela d’ici peu!
PS : Heather est aussi arrivée hier. Entre bus, stop, poussée du vélo et marche, elle a réussi à nous rejoindre juste à temps et nous sommes soulagés qu’elle soit parvenue à nous rejoindre.

[Drapeau de Chili Sara | Le 24-01-2010 19:22 | 3 commentaires]

Commentaires

[France Celine_mz | Le 27-01-2010 08:23]

Alors quand est-ce que vous prévoyez d'arriver à Ushuaia? J'ai l'impression qu'il ne reste plus guère de km! En tous cas, heureusement que vous n'êtes plus au Pérou car je viens d'entendre sur radio Pleinair (radio régionale!) que les conditions météos dans la région du Machu Picchu sont encore plus mauvaises qu'en Patagonie(glissements de terrain...). Je vous envoie pleins d'encouragements pour la fin! Bises

[France Seb | Le 26-01-2010 13:55]

Allez!Courage ça va bien finir par tourner rond!

[France Gill | Le 25-01-2010 09:54]

Voie sans issue... jamais pour vous ! Votre émotion... on la partage ! Prenez le temps cependant de refaire toutes les mécaniques : mentale, physique et bicyclique. Bises et bon voeux pour l'étape suivante, et quelle étape !

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