Ca y est, 20.000km au compteur depuis notre départ d’Anchorage! Que d’émotion hier lorsque nous les avons franchis en arrivant à Cochrane! 20.000km en 19 mois. Les derniers kilomètres ont été très difficiles. Les corps sont fatigués, les machines aussi, ce qui pousse par conséquent les nerfs à bout…
Je suis revenu heureux de Coyhaique, la roue arrière du vélo de Sara à la main, avec une jante toute neuve. Voulant conserver le moyeu et la cassette de pignons presque tous neufs (changés à Santiago), j’avais demandé au mécanicien de remonter la nouvelle jante avec de nouveaux rayons sur ce moyeu. Le travail semblait propre et bien fait jusqu’à ce que je monte cette nouvelle roue sur le vélo de Sara resté à Villa Cerro Castillo… Il est alors apparu que la roue était non seulement voilée, mais aussi que la jante n’était pas un cercle parfait, mais plutôt un ovale, et que la roue avait été montée de travers et touchait presque le cadre d’un côté (au niveau des freins) alors qu’elle en était très loin de l’autre côté… Grrrrr… Après les noms d’oiseaux qui ont fusé, place au découragement et au désespoir… Les larmes au bord des yeux, Sara m’a aidé à dévoiler la roue et essayer de régler les patins de frein pour qu’ils ne touchent pas les pneus, mais qu’ils soient tout de même au moins un peu en contact avec la jante compte tenu de la forme ovale de la roue…
Nous sommes repartis inquiets de la solidité de la roue le lendemain, avec plus de 500km de piste à parcourir devant nous. Nous étions alors encore tous les deux bien enrhumés et avons eu du mal à lutter contre le vent de face soutenu et persistant toute la journée. Les paysages magnifiques nous ont aidé à tenir le coup: des lagunes à la couleur bleue/verte improbable, une vallée encaissée surplombée par des sommets enneigés. Une fois passé le col à 600m, et voyant la pluie arriver, nous nous sommes empressés de trouver un endroit pour bivouaquer, abandonnant l’idée de rejoindre quelques kilomètres plus loin le cyclo-voyageur néo-zélandais rencontré la veille. Une fois la tente montée, il s’est mis à pleuvoir, ce qui ne nous a pas empêchés de prendre notre douche dans la rivière glaciale. Il a plu toute la nuit.
Même pluie le lendemain au réveil… Le moral dans les chaussettes, mais pas le choix, perdus dans la montagne et à 50km du premier village, il nous faut continuer. Nous risquons d’allumer le réchaud à l’intérieur de la tente pour le petit déjeuner et sortir sous la pluie au dernier moment. La pluie est légère, mais la piste est détrempée. Quelques kilomètres plus loin, nous reconnaissons dans le sable les traces du néo-zélandais. Nous repartons, et mon pneu arrière a explosé ! C’était le dernier pneu qu’il nous restait depuis l’origine, et nous le changeons sous la pluie, ainsi que la chambre à air.
Quelques kilomètres, et le pneu est bien dégonflé… Je regonfle. Sara n’est vraiment pas en forme. Les kilomètres défilent lentement malgré le terrain plutôt favorable. Nouvelle pause pour regonfler. Un peu plus loin, c’est fini, la pression ne reste plus. Il faut à nouveau tout décharger le vélo, enlever la roue et changer la chambre à air. Sara prépare le pique-nique pendant ce temps. Je ne remonte pas la roue directement et mange d’abord. Nous sommes à l’abri de la pluie mais pas du vent sous un arbre au feuillage très dense. Nous nous refroidissons et la pause est donc rapide. J’avais été bien inspiré en ne remontant pas la roue immédiatement, elle est à nouveau à plat… Les rustines que nous avons achetées en Argentine et au Chili sont de très mauvaise qualité et ne résistent pas à la pression… Nouvelle chambre à air. Nous repartons sans grand entrain même si la pluie a tendance à s’estomper. Nous sommes fatigués alors que nous n’avons parcouru que 40km faciles. Nous avons l’impression d’en avoir pédalé le double et cherchons un endroit où planter la tente. Le lac que nous longeons maintenant est magnifique. Deux hommes remontant le chemin d’accès à une maison nous demandent en français si nous ne serions pas les amis de Heather?! Ils ont séjourné la veille dans la même auberge qu’elle à Coyhaique (son genou la faisait toujours souffrir lorsque nous sommes partis de Coyhaique et elle a préféré y rester pour du repos; elle devrait nous rejoindre plus loin en bus), et savent tout de nous! Ils nous indiquent une superbe maison abandonnée sur laquelle l’un d’eux a des vues pour un éventuel achat. Nous y jetons un œil et décidons de la squatter pour la nuit. Il pleut à nouveau et nous serons au sec au moins pour la nuit. Plus tard dans la soirée, ils nous rejoindront pour passer la nuit ici aussi. L’endroit est superbe et un peu de compagnie nous remonte le moral.
Le lendemain matin, quelques gouttes tombent toujours, mais le soleil semble vouloir prendre le dessus. Le paysage et les couleurs sont splendides. Le vent nous pousse, mais la piste s’incline et les jambes ne sont toujours pas là. 16km plus loin, nous sommes à Puerto Rio Tranquillo où nous trouvons sur notre e-mail des nouvelles de nos amis cyclo-voyageurs suisses Urban et Rebekka qui nous ont cherchés il y a deux jours, pensant que nous y étions déjà! Nous poursuivons cette piste très demandeuse physiquement sous le soleil. Ce dernier nous aide sans aucun doute à affronter ces difficultés. Le lac General Carrera dont nous faisons le tour est magnifique. Nous trouvons un beau petit coin pour bivouaquer et prendre à nouveau notre douche glaciale dans la rivière.
Quelques gouttes le lendemain matin ont ébranlé notre moral et notre motivation bien fragiles. Sara est toujours sans forces et enrhumée. Pour ma part, je me remets doucement. Le temps se lève et la piste ne nous fait pas de cadeaux. Dès qu’il y a un rayon de soleil, nous nous faisons attaquer par les taons. Les paysages sont toujours aussi beaux, le lac Bertrand et le rio Baker qui y prend sa source ont une couleur turquoise vive. La piste n’est pas très bonne par endroit avec de la tôle ondulée et de gros cailloux sur lesquels nous "flottons" et patinons. Nous nous trouvons un superbe endroit pour bivouaquer, sur un tapis d’herbe verte, à l’abri du vent derrière des arbres et près d’un ruisseau. Des averses passent pendant la nuit et le matin. Je sors le caméscope pour prendre quelques images de ce bivouac idéal. En vain. Celui-ci ne veut pas fonctionner en mode vidéo… Les problèmes mécaniques des vélos ne suffisent pas! Le sort s’acharne!
Il ne nous reste que 30km jusqu’à Cochrane, notre prochaine étape, et nous pensons y arriver en début d’après-midi afin d’avoir une journée et demi de repos. C’est sans compter sur le relief du parcours et les ennuis mécaniques! Après 3km, un des câle-pieds du vélo de Sara cède sous la pression. Après 5km, un maillon de la chaine du vélo de Sara a décidé d’arrêter l’aventure et se tord dans tous les sens… Nous réparons tout cela sous des rafales de vent, des attaques de taons et quelques gouttes de pluie. Le soleil réapparait, et nous arrivons à Cochrane vers 17.00. Par hasard au cyber café, nous retrouvons Urban et apprenons que Heather est toujours à Coyhaique.
Nous campons pour notre journée de repos, ce qui ne nous était pas arrivé depuis les Etats-Unis, et profitons donc du beau temps et des groseilles et framboises qui nous entourent. Sara vient d’en ramasser suffisamment pour en faire de la confiture! Mmmmh!
PS: Au 2ème tour des élections présidentielles de dimanche dernier, Sébastien Pinera (droite)a été élu.
[ Sebastien | Le 19-01-2010 18:13 | 12 commentaires]
[ MiKE |
Le 25-01-2010 01:45]
[ Dominique |
Le 24-01-2010 18:31]
[ Tandemiste pilote |
Le 21-01-2010 21:44]
[ Tandemiste copilote |
Le 21-01-2010 21:37]
[ Petit Paulin |
Le 21-01-2010 09:00]
[ Mistinguette |
Le 21-01-2010 07:23]
déconfitures ? non ! des confitures ! quelle bonne idée cette pause sucrée! prenez soin de vous ! Affectueusement.
[ Michelle Grappin |
Le 20-01-2010 18:34]
[ Monique de Paris |
Le 20-01-2010 14:35]
[ Liliane |
Le 20-01-2010 12:00]
[ JP |
Le 20-01-2010 10:48]
[ Gill |
Le 20-01-2010 10:12]
[ Gill |
Le 20-01-2010 10:10]