Quand tout bascule…

Partis de San Martin de Los Andes, nous suivons la "Ruta de 7 lagos" (qui se termine à Villa La Angostura, 110km plus loin), une route spectaculaire, bordée de 7 lacs, avec des vues imprenables sur ces plans d’eau, dans une nature très belle. Le moral est bon, même si des orages menacent au loin et tournent autour de nos têtes. Nous attendons qu’ils passent, nous jouons à cache-cache et n’avons droit qu’à quelques gouttes…

Le soir, nous campons au bord du lac Falkner. Le paysage est superbe. Nous avons prévu de la viande et faisons un barbecue au bord du lac. Le camping est "organisado", ce qui signifie qu’il y a douche et toilettes, tables de pique-nique, eau courante et barbecue. Il y a aussi un petit restaurant mais il n’est pas encore ouvert: nous sommes trop tôt dans la saison.

Le lendemain, nous repartons à l’assaut de la piste, une piste caillouteuse qui se dégrade de plus en plus au fur et à mesure que nous avançons. Les orages grondent et nous ne n’y échappons pas cette fois-ci: nous enfilons nos vêtements de pluie. Heureusement le soleil revient vite pour nous sécher.

Dans une descente, Sébastien part devant, assez rapidement. Heather suit… Et c’est là que tout bascule: son vélo, aux roues plus fines que les nôtres "flottent" un peu plus. Elle perd le contrôle et tombe dans un nuage de poussière. Je hurle. Sébastien voit dans son rétroviseur la situation et fait demi-tour. Je jette mon vélo au milieu de la route et j’arrive auprès de Heather et observe. La situation n’a pas l’air très bonne: son épaule a l’air déboitée ou cassée, elle s’est cogné la tête, elle est totalement choquée et veut se lever tout de suite. Je la calme et lui demande de me parler, puis de bouger ses doigts, ses poignets, ses genoux, sa cheville, etc. pour être sûre que rien n’est cassé et qu’elle puisse se relever doucement. Il lui faut un long moment pour s’asseoir. Son genou est en sang, mais le reste a l’air intact. Pendant ce temps, une voiture s’arrête: Beatriz et Catherine sont à bord. Elles sont Argentines, mais parlent un très bon anglais. Tout de suite elles proposent leur aide pour nous amener à l’hôpital de Villa La Angostura. Nous voyons bien que la situation est un peu critique, Heather ne se souvient de rien. Sébastien me dit qu’il faut que j’aille avec Heather. Nous décidons donc, sur les conseils de nos "sauveuses" de cacher le vélo de Heather et le mien dans la forêt, Sébastien va pédaler les 30km qu’il reste alors qu’il est déjà 18h. Nous déchargeons les vélos le plus vite possible, afin de ne pas laisser de sacoches dans les bois pour la nuit et surtout d’avoir tout le nécessaire avec nous. Entre temps de nombreuses voitures et bus de touristes se sont arrêtés et n’hésitent pas à prendre en photo la situation, ce qui me fait bouillonner. Dans la voiture, Heather a du mal à se rappeler ce que nous lui avons dit 5 minutes plus tôt, elle est euphorique, puis frissonne: elle est sous le choc.

A Villa La Angostura, nous trouvons l’hôpital et Beatriz va vite chercher une infirmière des urgences. Manque de chances, c’est le 8 décembre, jour férié et fête religieuse de l’"Immaculée Conception"  et l’équipe est restreinte, mais l’efficacité au rendez-vous. Une infirmière va voir Heather, qui ne parle pas espagnol. Elle va vite chercher sa collègue qui parle anglais ce qui rassure beaucoup notre accidentée. Heather entrera sur fauteuil roulant et minerve au cou. C’est à ce moment-là que je craque: j’ai peur de quelque chose de grave, mais Beatriz me serre dans les bras et me dit que tout ira bien. Heather a droit à un check-up complet avec radiographies. Je donne le casque à l’infirmière en chef qui coupe les sangles: il est maintenant inutilisable et normalement, l’accidentée le casse en 2 et le remet à l’accompagnant. Une sorte de tradition. Heather ne peut pas le faire, souffrant de l’épaule. Elle le fera donc plus tard.

Heather se sort bien de cette situation: le muscle de l’épaule étiré, des égratignures et de beaux bleus partout, une grosse bosse sur la tête… mais rien de cassé. Elle ne paie aussi rien pour ses soins, car c’est un hôpital public.

Beatriz et Catherine, qui ont attendu avec moi, nous déposent dans un bon hôtel, un peu cher, mais c’est au calme et Heather peut se reposer. Sébastien arrive rapidement en ville et nous pouvons souffler un peu.

Le lendemain (mercredi), nous avons décidé de louer une voiture pour aller récupérer les vélos qui ont passé la nuit dans la forêt, y mettre toutes nos sacoches et nous rendre à  Bariloche, 80km plus loin, une ville plus abordable pour les hébergements. Nous sommes retournés sur les lieux de l’accident, avons accroché nos vélos sur le toit de la voiture comme nous pouvions, avons terminé la "Ruta de 7 lagos" et continué ves Bariloche, capitale argentine du chocolat. Nous allons y rester quelques jours afin que Heather se remette petit à petit.

La morale de cette histoire ?

Nous avons réalisé que même après beaucoup de kilomètres en selle, un accident est très vite arrivé. Cela aurait pu être nous à la place de Heather… Que nous ne sommes pas très bien préparés en cas d’accident. Notre trousse à pharmacie est au fond d’une sacoche, un peu délaissée. Les numéros d’urgence sont éparpillés un peu partout… Il va falloir que nous pensions à une autre organisation.

Et pour ceux qui pourrait s’inquiéter pour Heather: elle va bien (et son vélo aussi !). Cela aura été plus de peur  que de mal et surtout beaucoup de chance. Elle se remet petit à petit. Elle a réussi à se lever sans problème le lendemain matin malgré les contusions. Son moral a été un peu atteint, mais il remonte et nous (Sébastien et moi) y veillons: on essaie de la faire sourire autant que possible. On dit bien que le meilleur remède est le sourire et le rire, non??

Un mot de la blessée

Merci à Sara et Sébastien ainsi qu’à Beatriz et Catherine, je vais bien! Comme Sara l’a dit, quelques égratignures et bleus et une bosse sur la tête. Une épaule endolorie aussi, mais avec une telle chute, cela aurait pu être bien pire. Bon, de ce que Sara m’a dit, puisque je ne me souviens de pas grand-chose. Je me rappelle de perdre le contrôle de mon vélo (j’allais trop vite sur la piste en descente) et de me dire que j’allais tomber. Puis je me rappelle d’être dans la voiture, en chemin vers l’hôpital. Sara dit que j’ai demandé bien une cinquantaine de fois ce qu’il s’était passé. Sara et Sébastien ont été formidables, et bien sûr, m’encouragent à rester tranquille, mais ne me laissent pas m’apitoyer sur mon propre sort. Et maintenant, je dois m’acheter un nouveau casque!

[Drapeau de Argentine Sara | Le 11-12-2009 12:41 | 3 commentaires]

Commentaires

[France Elisabeth | Le 24-12-2009 01:47]

Que d'émotions et surtout d'angoisse... J'espère que Heather se rétablit vite. Voilà les fêtes de fin d'année et le retour à votre pays d'origine qui s'approche petit à petit. Avec de gros bisous je vous souhaite un joyeux Nôel à "l'autre bout du monde" et plein d'amitiés pour ce voyage extraordinaire.

[France Liliane et Jean-Pierre | Le 12-12-2009 18:53]

Ouf, nous avons eu peur en lisant le récit! Oui, un accident est vite arrivé! Nous saluons Heather pour son courage et lui souhaitons de retrouver rapidement les "bonnes sensations". Bonne continuation à toute l'équipe!

[France Gill | Le 11-12-2009 18:33]

... et des genouillères et autre protections ! Heather, nous sommes avec toi ! Reprends courage, force et... prudence !

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