Auteur: Heather Keachie, traduit de l'anglais par Sébastien
Cela fait maintenant presque 2 semaines que je pédale avec Sara et Sébastien.Tout ce que vous avez pu lire dans leur blog est vrai, et c'est même une description assez réaliste de leur voyage. Mais ils omettent parfois de parler de certaines choses. Beaucoup de ce qui fait leur quotidien n'apparait pas dans le blog et j'ai donc pensé que je pouvais profiter de cette occasion pour vous exposer quelques histoires vécues de mon point de vue.
La Pluie
La vie d'un cyclo-voyageur n'est pas aussi palpitante que vous auriez pu l'imaginer au départ. Parfois, il pleut. Depuis que nous sommes partis, nous avons déjà eu quelques jours de pluie. Mardi matin, nous étions avec un jour de retard sur le planning initial. Il fallait que nous partions, et il pleuvait des cordes. Pfff, vous devez penser, qu'est-ce que c'est qu'un peu de pluie? Il pleut ici tous les jours. Mais la pluie pour un cyclo-voyageur, c'est différent. Premièrement, vous devez penser à toutes vos affaires. Est-ce que mes sacoches sont suffisamment étanches? Est-ce que le pain qu'on a acheté pour le casse-croûte tiendra le coup? Ensuite, comment s'habiller. Sara et Seb ont du bon équipement technique, mais moi, j'ai essayé de venir au plus économique: un pantalon de pluie emprunté, et une veste imperméable de “Canadian Tire” (remarque du traducteur: la veste est de meilleure qualité qu'on ne pourrait penser, Canadian Tire n'étant pas au Canada un magasin de référence en qualité). Les manches ne sont pas très imperméables. Ils ont des sur-chaussures imperméables mais pas moi, et les chaussettes mouillées, ce n'est pas marrant du tout, quelle que soit la beauté des paysages.Nous avons pris des photos (J'avais l'air ridicule avec les pieds enveloppés dans des sacs plastiques, mais ce soir là, à l'arrivée, mes pieds étaient quasiment secs).
Sebastien est toujours optimiste: il dit qu'après la pluie, il fait toujours beau. Je l'ai cru au début, mais maintenant, je suis comme Sara, très sceptique. La même après-midi, Sébastien a eu une crevaison (la deuxième depuis que je les ai rejoints). Quasiment aucune crevaison jusqu'à ce que j'arrive, et maintenant, ils ont quelques problèmes techniques. Bon, après plus de 18.000km, les pneus ont fait leur temps et on n'a plus rien à attendre d'eux. La pluie s'étant calmée quelque peu, nous nous étions arrêtés pour une rapide pause biscuits. Juste quand nous allions repartir, la roue avant du vélo de Seb était à plat. La réparation a pris environ une demi-heure, et évidemment, au moment où on a fini, il pleuvait à nouveau.
Et oui, c'est juste une journée normale dans la vie d'un cyclo-voyageur.
Histoires de pêche
Toutes les bonnes histoires ne sont pas à propos de vélos. Il y a 2 nuits, nous avons décidé de camper (deuxième nuit d'affilée de camping sauvage). Nous avons trouvé un bel endroit: au bord d'un des méandres d'une rivière, et toujours avec une vue sur le fameux volcan Lanin, au pied duquel nous avions campé la nuit précédente (voir les photos). C'était un peu près de la route, et nous n'étions pas sûrs d'avoir le droit de camper ici, mais il n'y avait aucune pancarte l'interdisant. C'est mieux de demander pardon plutôt qu'une permission, non? Un pressentiment, comme vous allez voir.
Nous nous sommes arrêtés assez tôt, et nous avons monté la tente vers 19.00. Sébastien a trouvé que c'était le bon moment pour sortir la canne à pêche rétractable qu'ils trainent dans leurs sacoches depuis l'île de Vancouver. Aucun poisson attrappé jusqu'à présent. Seth et Kirsten (nos hôtes à Santiago) nous ont dit que pêcher sans permis ne pose généralement aucun problème au Chili, mais qu'il fallait que nous fassions attention en Argentine, les contrôles pouvant être beaucoup plus stricts. D'abord, la préparation: il fallait assembler la ligne et accrocher l'hameçon. Heureusement pour Sébastien, la patience de Sara pour ce genre de détails est bien meilleure que la sienne. Il a complètement reconnu que tout le processus n'aurait pas été possible sans son “assistante”. Ensuite, l'essai. Le moulinet est cassé, et ne fonctionne pas très bien, ce qui signifie que c'est difficile de lancer la ligne et de ramener l'hameçon.Après pas mal de discussions et un peu d'étude des instructions, nous nous sommes mis d'accord sur un hameçon et la façon de se servir du moulinet. Premier lancé, et l'hameçon est resté coincé dans les herbes du bord de la rivière. Ensuite, le flotteur s'est détaché et a commencé de descendre la rivière en flottant. Sans hésiter, Sébastien m'a laissé la canne dans les mains et s'est mis à courir le long de la rivière, attrappant au passsage un long bâton. Le flotteur a été rattrappé juste à temps, et personne n'est tombé dans la rivière! On pouvait voir les truites sauter en dehors de l'eau à peine plus bas dans la rivière, à nous narguer.
Au final, aucune truite attrappée, et la partie s'est terminée subitement lorsque l'hameçon s'est accroché dans un arbre. Aucune des tentatives pour le décrocher n'a aboutit. Et nous avons donc abandonné nos rêves de poisson frais pour le dîner, et avons cuisiné nos pâtes sur le réchaud. Peut-être une autre fois?
Le lendemain matin, alors que nous étions en train de ranger nos affaires, une voiture qui ressemblait à celle d'un garde officiel s'est arrêtée sur la route, deux hommes en sont sortis et ont commencé à marcher dans notre direction.
- Avez-vous passé la nuit ici? ont-ils demandé.
- Bien sûr que oui!
- Il est interdit de camper sur le bord de n'importe quelle rivière d'Argentine, nous ont-ils dit.
Nous nous sommes excusés, prétextant que nous ne le savions pas et que nous n'avions vu aucune pancarte l'interdisant. Alors que nous parlions avec l'un des deux hommes, l'autre faisait le tour de notre campement, observant avec attention la berge de la rivière. Ne trouvant rien, il est revenu vers nous. “Bon, c'est bon” nous a-t-il dit. “Ne vous inquiétez pas. Vous n'êtes pas ici pour pêcher, n'est-ce pas?” Sara a répondu “Ah non, mais alors pas du tout!”
La nourriture
Camping, avez-vous dit? Voyager à vélo avez-vous-dit? Vous devez manger beaucoup de pâtes et riz (2 choses qui ne pèsent pas bien lourd dans les sacoches, remplissent bien l'estomac, et se cuisinent relativement rapidement sur un réchaud). Bon, vous avez raison, mais seulement en partie. Quand nous sommes sur la route, nous faisons souvent des pâtes pour le dîner. Mais quand nous ne campons pas, c'est appréciable de pouvoir cuisiner quelque chose de différent. Sébastien est un assez bon cuisinier, et a envie de faire de son mieux avec les ingrédients disponibles. Et bien sûr, comme vous le savez déjà, ce sont des régions de production de vin.
Sur l'île de Pâques, nous avions accès à la cuisine (à peine en réalité, mais c'est une autre histoire...) et nous avons cuisiné tous les soirs. A Santiago, nous avons cuisiné une ratatouille pour Seth et Kirsten. J'ai préparé une tarte aux fraises, avec une pâte sablée faite maison. A Villarica, nous avons eu 2 soirs avec une cuisine, et nous avons grillé des steaks et fait des pancakes (des menus différents, évidemment!). Nous avons aussi préparé une quiche. Pas notre meilleur coup, puisque le four ne fonctionnait pas très bien. La quiche a mis une éternité à cuire et ensuite, la (ma) pâte a brûlé. Et nous sommes tombés en panne de gaz pour le four et l'eau chaude.
Nous sommes maintenant à San Martin de Los Andes. Avant hier soir, nous sommes sortis pour une “parilla” (une sorte de barbecue qui est servi sur la table avec différents morceaux de viande). C'est la seule chose qui nous a motivés hier toute la journée, pendant 70km face au vent (enfin, ça, et une bonne douche chaude!). Hier après-midi, nous avons rencontré deux français "backpackers" (voyageurs avec un sac à dos) au supermarché et les avons invités pour le dîner. Nous avons préparé un gratin dauphinois avec des poivrons rouges grillés et une salade verte. Ils ont apporté le dessert. Et du vin.
A suivre
Nous partirons demain matin (avec des courbatures et sûrement fatigués par la soirée) pour faire la route des sept lacs. Apparemment vraiment beau. Et les premiers jours où nous devrions être dans la forêt, “à l'abri du vent” dit Sébastien. Vamos a ver!
[ Sebastien | Le 06-12-2009 23:42 | 3 commentaires]
[ Liliane |
Le 08-12-2009 14:06]
[ Monique de Paris |
Le 07-12-2009 17:07]
[ Gill |
Le 07-12-2009 09:49]