A l’approche de la frontière
En partant de Mendoza, nous savions que les Andes nous attendaient de pied ferme : la dernière fois que nous devons monter aussi haut… Le col est à 3200 mètres d’altitude. Nous avions prévu 4 jours d’ascension.
La première journée fut déjà assez difficile: nos corps ne sont plus habitués à monter. Nous avons pas mal monté (1600m), pour redescendre sur Potrerillos (1400m). Nous y trouvons un camping assez simple et un peu cher à notre goût (9 EUR): les emplacements sont prévus pour 4 personnes, 1 voiture et une tente. Nous essayons de négocier un peu pour baisser le prix, qui descendra de 1€. Nous comptons aussi notre 4ème crevaison qui se transformera en 5ème: il fait tellement chaud et sec que la colle sèche trop rapidement et la rustine ne tient pas. Au moment du regonflage, elle lâche 2 fois.
Le lendemain devait être la journée d’ascension la plus facile et s’avoue être la plus difficile pour nous. Il n’y a pas beaucoup de dénivelé, mais c’est très vallonné et nos jambes ont du mal. Sur les coups de 1h de l’après midi, le vent tourne et nous l’avons de face. Un vent fort qui nous freine à tel point que nous devons pédaler dans les descentes pour nous maintenir à une vitesse de 15km/h (alors que nous aurions pu facilement atteindre les 35km/h)! Nous décidons donc de nous arrêter et de manger. Normalement, le vent devrait baisser et nous permettre d’atteindre Uspallata (1880m). Heureusement, ce fut le cas.
Jeudi, nous devons encore grimper… Nos jambes sont lourdes et tirent. Mes genoux ont du mal et me lancent régulièrement. Les paysages sont magnifiques, des montagnes de toutes les couleurs nous entourant, parfois coiffées de neige en train de fondre. Au bout de 21km, le vent tourne. C’est le même vent que la veille, nous obligeant à redoubler d’effort pour monter. Nous restons coincés dans un raidillon. Impossible pour moi d’avancer. Sébastien n’a pas le moral non plus: face au vent, le cyclo-voyageur est désarmé. Nous pensons alors faire demi-tour, mais nous avons déjà bien monté, nous sommes à 2000m d’altitude. A regret et d’un commun accord, nous décidons d’arrêter un véhicule. Je me mets sur le bord de la route et je fais signe au premier pick-up qui passe. Il nous dépasse à grande vitesse, puis ralentit, puis les feux de recul s’allument et le conducteur recule pour venir voir ce qu’il se passe. C’est un couple de Mendoza, qui va à Santa Cruz (la région vinicole du Chili) pour affaire. Ils acceptent de nous avancer jusqu’après le tunnel international "Cristo Redemptor", qui marque la frontière entre l’Argentine et le Chili. Ce tunnel est interdit aux vélos et normalement la compagnie qui l’exploite offre le passage aux cyclo-voyageurs.
Los Libertadores
Ce grand complexe marque l’entrée au Chili. Les douanes argentines et les douanes chiliennes s’y sont regroupées afin de faciliter les démarches…
Il y a beaucoup de monde: plusieurs bus attendent, ainsi que de nombreuses voitures pour passer la frontière. Je commence à faire la queue au guichet 2 comme on me l’a indiqué. Je dois être la 20ème personne. Quand arrive mon tour, on me demande les papiers de mon véhicule. J’explique que nous voyageons à vélo. Le douanier n’a pas l’air surpris. Il me demande mon PAX. "Heu, c’est quoi ça?". C’est une autorisation de sortie du territoire délivrée par la police nationale argentine, dans un autre bureau. Je m’y rends donc. Les policiers ne savent même pas de quoi je parle, puis ils comprennent et me disent que je vais devoir leur payer une amende puisque je n’ai pas la "carte andine d’immigration". C’est mon tour d’incompréhension. Je leur explique qu’à l’entrée en Argentine, à la douane de La Quiaca, les douaniers nous ont dit que nous n’en avions pas besoin. Mes explications leur conviennent et nous n’aurons pas à payer les 10USD chacun! Ouf!
Puis retour au guichet 2 où la file d’attente s’est encore allongée. Le douanier argentin tamponne nos passeports. Il m’envoie ensuite à la douane chilienne au guichet 3. La file d’attente n’est pas longue jusqu’au moment où un chauffeur de bus fait passer tous ses passagers devant moi… Puis je me rends compte qu’il faut que nous remplissions un formulaire. Je ressors donc, avec les 2 formulaires à la main et une fois remplis, je retourne faire la queue. La douanière me demande une fois de plus les papiers du véhicule. Je lui montre mon PAX et j’explique que nous voyageons à vélo. J’ai bien cru qu’elle allait m’envoyer chercher une autre autorisation! Elle regarde Sébastien et tamponne son passeport. Il sort vite surveiller les vélos qui attendent dans le grand hangar. Puis mon passeport est tamponné. Ouf!
On pourrait croire que c’est terminé? Et bien non! Il faut passer au SAG! Un bureau de contrôle de tout ce qui entre au Chili, qui fait la guerre à tout légume, fruit, miel, animal, plante qui pourrait entrer sur son territoire. L’homme au guichet 4 me demande encore les papiers du véhicule! Et c’est à nouveau parti pour des explications. Ils tamponnent tout et nous demande de patienter dans le hangar qu’une personne vienne inspecter nos vélos et sacoches. Sébastien sort rapidement et fait signe à une employée du SAG qui vient tout de suite. Nous ouvrons toutes nos sacoches. Elle nous demande si nous avons des fruits, des légumes, des fruits secs, du miel, etc. Héhé, nous avons tout mangé avant de faire toutes ces démarches: nous avons pique-niqué à quelques mètres de la douanes! Nous avons fini nos tomates et bananes et avons même offert 2 bananes aux passagers d’un bus qui patientaient (nous ne voulions pas que nos bananes toutes belles finissent dans la poubelle!). Elle tamponne notre déclaration et nous dit que nous pouvons sortir. Presque deux heures que nous sommes là, il nous tarde de sortir de là! Le gardien du hangar nous demande encore notre preuve de fouille végétale. Puis, il nous faut encore présenter nos passeports pour sortir du complexe douanier.
Bienvenue au Chili!
Ouf, nous y sommes! Nous pensions devoir reculer nos montres d’une heure, mais pas du tout. Encore un mystère des fuseaux horaire que nous ne comprenons pas.
Il nous reste 62km jusqu’à Los Andes, 2500 mètres d’altitude à descendre et une bonne trentaine de lacets. Nous décidons de nous y rendre malgré la fatigue générale et l’heure avancée. Le vent de face nous complique la tâche, mais nous y arrivons sur les coups de 19h et trouvons de quoi nous loger…
Le Chili a un niveau de vie encore plus élevé que l’Argentine. Notre budget ne nous permettra pas de dormir dans du "dur"très souvent et encore moins d’aller manger au restaurant. Nous y retrouvons les coutumes françaises, à savoir les gens qui nous montent dessus dans les files d’attente comme au distributeur de billets (en Argentine, ils font la queue, éloignés de 3 mètres du guichet pour laisser la place à la personne de faire sa transaction tranquillement), les gens qui nous bousculent au supermarché, les gens pressés à la caisse, etc.
[ Sara | Le 31-10-2009 17:57 | 3 commentaires]
[ Gill |
Le 02-11-2009 09:22]
[ Dominique |
Le 01-11-2009 17:13]
[ Françoise .mz |
Le 01-11-2009 16:45]