Steaks et bons vins

Nous quittons Tupiza pas aussi tôt que nous le souhaitions. Il nous reste 90 km environ en Bolivie. Nous avons décidé de les parcourir en 2 jours, une façon de prolonger notre expérience bolivienne.

Ce pays était notre bête noire, lors de la préparation de ce voyage et jusqu’à sa frontière nord. Mais finalement, nous apprécions sa culture et sa population plus qu’au Pérou, et ses routes ne nous ont pas fait autant souffrir que nous le pensions. Nous y serons entrés avec plus d’un mois de retard sur notre planning prévisionnel, mais nous en sortirons qu’avec 3 jours de retard…

C’est donc avec un pincement au cœur que nous prenons cette route non goudronnée, qui nous fait souffrir quand même. La route est en travaux: ils préparent le terrain pour la goudronner… Les machines se succèdent et les déviations aussi. Mais à vélo, nous pouvons contourner les tas de sable et les panneaux pour profiter de cette terre battue qui attend patiemment d’être habillée de ce matériau noir appelé "goudron". Depuis notre départ de Tupiza, les encouragements s’enchainent: toute l’équipe du chantier est au courant que 2 cyclistes galèrent. Nous faisons une pause et entendons une grande détonation… Nous dirons que dans leur étonnement, les ouvriers ont oublié de nous prévenir qu’ils attaquaient la montagne… Un bâton de dynamite et voici qu’un morceau de cette montagne tombe à un endroit de la route où nous étions pas plus d’une minute avant. Nos cœurs s’emballent et nous appuyons pour sortir de cette zone à risque en remerciant notre bonne étoile que ce déclenchement n’ait pas eu lieu 30 secondes plus tôt…

Au bout de 40km, nous décidons de planter la tente. La reprise, après 1 semaine de repos, est plus difficile que nous le pensions. Cela fait encore bien rire les ouvriers qui nous demandent si nous allons vraiment passer la nuit ici. Oui oui!! Et en plus, on va même cuisiner… nos pâtes à la sauce tomate!!

Le lendemain, 50km nous attendent. Nous sommes émus: aujourd’hui nous entrons en Argentine, ce pays où apparemment, d’après les dires des autres voyageurs rencontrés, on trouve de tout, de grands supermarchés, du bon vin et des bons steaks ! Mais la route est encore longue et nous n’atteignons la fameuse frontière qu’à 16h.

La sortie du territoire bolivien se fait assez rapidement. Nous étonnons encore une fois les douaniers boliviens, qui en feuilletant nos passeports et ne pouvant pas trouver le tampon d’entrée en Bolivie, nous demandent pourquoi nous avons autant de tampons aussi récents dans notre petits livrets!

Côté argentin, nous avons à peine passé cette ligne imaginaire, qu’un douanier nous fait signe de poser nos vélos contre la rambarde et de faire la queue pour l’immigration. Nous nous exécutons et nous mettons en ligne… Une bonne cinquantaine de personnes attendent et au bout de 15 minutes, nous n’avons toujours pas fait un seul pas en avant! C’est à ce moment là qu’un autre douanier s’approche et nous demande ce que nous attendons… Ben, heu, l’immigration!! Là, il nous dit que nous sommes dans la mauvaise file, prend nos passeports, et suivi de Sébastien, les donne à son collègue dans un autre bureau. Les questions habituelles tombent et les 2 douaniers restent bouche bée d’apprendre notre histoire, alors que nous savons que de nombreux cyclo-voyageurs passent chaque année par cette frontière. Ils nous tamponnent nos passeports et nous pouvons y aller, évitant ainsi les heures d’attente de la fameuse mauvaise ligne!

Il nous reste encore à passer l’inspection sanitaire. Enfin, plutôt, nos montures doivent la passer pour nous permettre d’entrer dans ce pays où nous pourrons souffler un peu, en ayant terminé avec les pays plus difficiles comme l’Equateur, le Pérou et la Bolivie. La douanière nous invite à patienter… Nous réalisons que nous avons avec nous des cacahuètes et des pommes, interdites d’entrée en Argentine. Puis un homme s’approche de nous, fait signe à sa collègue que tout est bon, et nous passons!

La pancarte nous annonçant le kilométrage jusqu’à Ushuaia nous tend les bras: 5121km! Et ce serait en y allant directement… sans passer par le Chili, direct avec la Route 40! Il nous reste encore quelques heures de selle!

Nous fêtons notre entrée par bien entendu, un bon steak et du "vino de la casa" à La Quiaca, ville frontière, côté argentin. La viande est bonne et le vin tape vite, surtout à plus de 3400 mètres d’altitude et avec la fatigue de 2 jours de piste sous un soleil de plomb!

Aujourd’hui, la journée est facile: 75km, mais du plat. Le vent est favorable. Nous découvrons l’Argentine, ses lignes droites, son vent et ses conducteurs nous encouragent avec de grands signes et appels de phare: eux, au moins, ont compris que cela ne servait à rien de klaxonner à en assourdir les cyclistes (pas comme leurs homologues péruviens…). Nous finissons la journée à Abra Pampa, un petit village pas très joli de l’altiplano. Nous trouvons un "residencial" (logement bas de gamme). En Bolivie, nous les évitions autant que possible, car les draps n’étaient jamais lavés, pas de douche, et les toilettes au fond du jardin sans eau non plus. C’est Juan qui ouvre la porte et la cour intérieure n’inspire rien. Mais je vais tout de même visiter la chambre, qui est très propre, toute neuve, avec de l’eau chaude pour la douche, le lavabo et le bidet! Il y a même le wifi (qui marche quand il veut…)!!

D’ici 2 jours, nous descendrons de l’altiplano: une perte de 1000 mètres d’altitude par jour, pour finir à Jujuy qui n’est situé qu’à 1200 mètres d’altitude. L’altiplano sera fini, ses températures froides et son vent glacial aussi, il n’y aura plus les lamas qui nous regardent de loin, ni la culture indigène si mystérieuse pour nos yeux d’Européens.

[Drapeau de Argentine Sara | Le 19-09-2009 22:14 | 5 commentaires]

Commentaires

[France Natim | Le 21-09-2009 17:54]

Et bien, voici que vous avez déjà fait les 3/4 de votre voyage. Il me semble que je vous revois hier chez Réunica. Bonne route à tous les deux et j'espère que vous aurez le vent dans le dos cette fois. Profitez-en bien car ça passe vite.

[France Eme | Le 21-09-2009 09:09]

On est presque aussi ému que vous de passer en Argentine ! Tout cela sent la dernière ligne droite ... Courage ;) Bises

[France Dominique | Le 20-09-2009 22:24]

Après des vacances dans le nord de l'Allemagne avec un peu de vélo sur les îles de la mer du nord aux côtes de la Baltique, j'ai repris contact avec votre périple. Vos récits et photos de La Paz, Oruro, Potosi et Sucre m'ont rappelé des souvenirs anciens. Très imprésionné par les l'état des routes sur lesquelles vous avez roulé; une vraie performance en vélo. Enfin félicitations pour vos magnifiques photos du désert de sel et de votre excursion au Lizer, vraiment dépaysant. LArgentine sera peut-être moins originale mais plus confortable à parcourir, vous le méritez après ce que vous avez fait au Pérou et en Bolivie.

[France Gill | Le 20-09-2009 09:24]

Vous nous avez fait vibrer sur la Bolivie et sur cet Altiplano. Au sens figuré... et au sens propre ! Bises et bon courage pour tout ce qui reste. Ne regardez pas trop le bout !

[France Liliane et Jean-Pierre | Le 20-09-2009 09:23]

Bonjour l'Argentine! Il vous reste un peu plus de 5000km alors que vous en avez déjà fait plus de 15000: c'est du gâteau, sans Comté (non c'est "compter")que c'est en descente! L'Altiplano argentin est il bien différent du péruvien? Vous êtes bien sévères avec le Pérou, nous ne l'avons pas vécu comme cela! Bon pédalage.

Réponse de Sara & Sébastien

Oui, nous avons bien aimé le Pérou nous aussi. Mais après 3 mois de pédalage dans ce pays, nous, et surtout nos oreilles, n'arrivions plus à supporter les coups de klaxon systématiques et interminables de chacun (on dit bien chacun, soit TOUS!) des véhicules qui nous croisait ou nous dépassait.

L'alitplano argentin et l'altiplano péruvien sont similaires.

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