Ca y est, nous sommes en vacances! Cela signifie que pendant 15 jours, nous ne sommes plus à vélo, nous ne sommes plus des cyclo-voyageurs, mais des «backpackers», des « routards » avec un sac à dos. Cela change 2 paramètres importants: pour nous, nous ne sommes plus aussi autonomes qu’à vélo, et aux yeux des autres, nous ne sommes plus «extraordinaires», mais de simples voyageurs ordinaires et tous les clichés qui vont avec : nous parlons anglais et avons beaucoup (beaucoup) d’argent à dépenser et à donner à tout le monde.
Nos vacances ont déjà bien commencé: lundi, une grève nationale des transports a perturbé tout le pays, et nous a empêchés d’aller dans le centre ville de Cusco (nos hôtes habitent à 7km de la Plaza de Armas). La protestation concerne la mise en vigueur d’un nouveau code de la route qui durcit les peines liées aux infractions (à voir conduire les péruviens, nous ne soupçonnions pas l’existence d’un quelconque code, mais bon!).
Heureusement, Mario et Marianella nous ont emmenés en ville en fin d’après-midi quand les barrages étaient levés. Nous avons donc pu prendre notre bus à 20h00 en direction de Nazca. Nous devions rejoindre mes parents à Arequipa, mais comme nous avions un peu d’avance sur notre planning, nous ne leur avons rien dit, et allons les rejoindre 2 jours plus tôt sur le planning et leur faire la surprise!
La route a été très sinueuse, et très longue… Sara a été malade dans la soirée et a eu beaucoup de peine à trouver le sommeil ensuite. Le voyage devait durer environ 13 heures, mais à 6h00 du matin, au lever du soleil, après 10 heures de route, le bus s’est arrêté au milieu de nulle part, à 3300 mètres d’altitude (il faisait donc très froid). L’hôtesse nous a conseillé de nous relaxer et de nous rendormir. Avec la lumière du jour, ça a été difficile, et nous avions remarqué que nous étions arrêtés derrière un camion. Des travaux sur la route peut-être; puis nous sommes repartis pour quelques centaines de mètres… Là, notre angle de vue a changé, et nous nous sommes aperçus que nous étions les derniers d’une longue file d’attente comprenant de nombreux bus, et qu’il y avait une agglomération un peu plus loin. Le GPS m’a indiqué que c’était Puquio. La grève des transports de la veille devait durer 48h, et nous en avons conclu que c’était un barrage de manifestants.
L’attente s’est prolongée… le soleil est monté plus haut dans le ciel, et une nouvelle est tombée à la radio: à Lima, la grève est suspendue, et les manifestants ont levé tous les barrages. A 8h00, nous étions donc rassurés et très optimistes quant à un départ imminent de notre bus. L’attente a continué, et la température extérieure nous a permis de sortir du car, et de descendre à pied voir ce qu’il se passait. Plus bas, des pierres et rochers sur la route empêchaient tout passage de véhicule. Des échanges agités entre manifestants et passagers animaient la scène; beaucoup de spectateurs aussi. Je suis remonté au car faire part de ces nouvelles à Sara. De son côté, elle a pu comprendre qu’apparemment, notre compagnie de bus savait qu’il y aurait un barrage ici, et que le mouvement ne serait pas lié à la grève nationale, mais à une protestation locale. Sara a commencé à s’impatienter et à ne plus tenir en place. Vers 9h00, nous avons eu la confirmation que c’était une action locale, et en écoutant les chauffeurs du car, nos espoirs de repartir rapidement se sont évanouis aussi vite que la colère de Sara est montée… Elle est descendue à son tour voir ce qui se passait au barrage. A son retour, les rumeurs comme quoi les compagnies de bus savaient qu’il y aurait un barrage ici se faisaient de plus en plus forte. Les chauffeurs de notre bus niaient en bloc. Nous avons commencé à avoir faim: la compagnie nous avait offert un mini-sandwich la veille au soir accompagné d’une mini barre de céréales, d’un maté et d’une boite de nectar de fruits de 20cl. Bien qu’elle ait des biscuits secs en vente, la compagnie a refusé de nous en donner vu la situation. Dans la matinée, nous avons été informés qu’un bus de la même compagnie était coincé à un barrage de l’autre côté de la ville. Nous avons imaginé échanger de bus avec les autres passagers. Mais de notre côté, 3 dames âgées ont refusé, et sans leur accord, nous ne pouvions pas procéder ainsi. Petit à petit, les voyageurs d’une autre compagnie de bus ont effectué des échanges et un bus a fait demi-tour et est reparti. Notre hôtesse avait appelé sa responsable à Lima qui lui avait répondu de se débrouiller toute seule, et que ce n’était pas son problème. Vers 11h00, les manifestants ont dit qu’une réunion était en cours et qu’ils lèveraient le barrage à 13h00. Enfin un objectif! L’ambiance s’est détendue et nous avons discuté avec les autres passagers. Des échanges très intéressants sur nos différents points de vue au sujet des grèves notamment, avec de nombreux Péruviens, un Canadien du Québec, et un Chilien.
Peu avant 13h00, les manifestants ont remonté les colonnes de véhicules munis de pots de peinture à l’huile et ont peint sur les pare-brises et même parfois directement sur la carrosserie des messages comme «Viva el Paro – Puquio – 48 horas» (Vive la grève – Puquio – 48 heures), en disant que les véhicules non peints ne pourraient pas passer le barrage. Les chauffeurs de notre bus n’ont absolument pas réagi.
A 13h10, alors que le Canadien et nous nous impatientons, un Péruvien nous a rappelé que ce que les manifestants avaient dit, c’était «à une heure», et qu’au Pérou, les horaires ne comptent pas, que cela pouvait aussi bien signifier une heure de l’après-midi ou du matin, d’aujourd’hui ou de demain… Nos espoirs se sont à nouveau évanouis et l’attente s’est poursuivie. Nous avions vraiment très faim. Des vendeurs ambulants passaient pour des chips ou des biscuits, mais comme d’autres voyageurs, en protestation au barrage, nous avons refusé de leur acheter quoi que ce soit, surtout à des prix si élevés. Plus tard dans l’après-midi, on nous a dit que tout serait fini vers 15h00, puis à 16.00… Nous n’y avons jamais cru. Vers 16h00, notre hôtesse a daigné nous offrir à chacun des passagers un paquet de biscuits secs. Une voiture de police en piteux état avec 4 policiers à bord est arrivée de notre côté du barrage, depuis un autre village. Ce sont les premiers policiers que nous avons vus depuis que nous étions bloqués. Ils ont rapidement été pris à parti par les voyageurs. Nous avons très vite compris qu’ils étaient complètement dépassés par a situation et qu’ils ne nous seraient d’aucune aide. Ils nous conseillaient même de faire demi-tour et passer par un autre chemin. Au Pérou, ce n’est pas comme en France, il n’y a pas de petites routes partout, il n’y en a qu’une seule. Passer par une autre route, cela signifiait retourner à Cusco (10heures) et passer par la route d’Arequipa (18 heures de plus).
Soudain, des personnes qui semblaient être des responsables des manifestants ont remonté la file de véhicule et nous ont dit qu’ils lèveraient le barrage à 18.00 pendant une heure, et que notre bus pourrait passer car la compagnie n’avait pas été mise au courant de la grève, contrairement à ceux d’autres compagnies! Quelle injustice!
Le jour s’est couché, et à 18h00, une douzaine de policiers est montée de la ville vers le barrage en se faisant huer et siffler. Les responsables de la police et du barrage se sont serré la main, ont échangé quelques mots, et ordre a été donné de dégager les pierres de la route. Il nous a fallu ensuite une heure pour traverser la petite ville tant il y avait de barrages filtrant ne laissant la circulation qu’à une seule voie.
Après encore de nombreux virages sur une route défoncée, nous sommes arrivés à Nazca à 22h30, soit avec 13h30 de retard ! A peine descendus du bus, nous nous sommes faits encerclés par une horde de rabatteurs nous aboyant tous les noms d’hôtels et de sites touristiques qu’ils connaissaient en espérant que nous réagissions à l’un d’entre eux. Nous avons crié «Wooooh» en faisant des grands gestes pour les écarter. L’un d’entre eux s’est exclamé en espagnol «Vous, vous êtes français, non ?». Notre réaction les a un peu calmés, mais ils ont tout de même continué à nous suivre dans la rue bien que nous leur disions que nous savions où nous allions et que nous n’avions pas besoin d’eux! Nous avions repéré un hôtel où nous sommes allés tout droit. Lorsque nous étions presque devant, un homme nous a rattrapés en courant et alors que nous allions rentrer dans l’hôtel, nous a demandé si nous allions dans cet hôtel, et nous a bafouillé qu’il était le propriétaire de l’hôtel, nous a demandé quel type de chambre nous voulions. Bêtement, nous lui avons répondu et lui avons demandé le prix de la chambre et à voir la chambre. C’est ensuite lui qui est passé devant et s’est adressé à la réceptionniste en lui demandant les clés d’une chambre, et qui nous l’a faite visiter. Il a dû se prendre une belle commission au passage! Entre le voyage avec sac à dos en bus et le voyage à vélo, c’est vraiment différent!
PS: Ce matin, nous avons survolé les lignes de Nazca dans un avion avec 4 autres passagers et le pilote. Superbe et intriguant! A 15h, nous avons surpris mes parents à leur hôtel. Ils n’en revenaient pas de nous voir ici! De belles retrouvailles qui font du bien!
[ Sebastien | Le 23-07-2009 21:08 | 5 commentaires]
[ Mistinguette |
Le 30-07-2009 11:56]
[ Dominique |
Le 28-07-2009 18:47]
[ Michelle et JP G. |
Le 27-07-2009 18:11]
[ Seb |
Le 24-07-2009 18:24]
[ GILL |
Le 24-07-2009 15:15]