Orange givrée

Ces quelques jours de repos à Abancay nous ont fait du bien, moralement et physiquement. Nous apprécions, pendant ce voyage, de rester quelques temps au même endroit, nous permettant de décompresser et de dormir dans le même lit quelques nuits de suite! Nous n'avons pas à chercher un endroit où se loger, ni où manger, ni où faire les courses et nous pouvons « sentir » le lieu où nous restons.

Nous avons aussi pu rencontrer une petite Institution de Microfinance qui nous a fort bien accueillis.

Quechua

La ville d'Abancay est à 2400 mètres d'altitude. Le col à franchir s'élève à 4000 mètres d'altitude. C'est donc une bonne montée qui nous attend!

Nous campons dans un petit village, au milieu de la montée, sur le terrain d'une petite mamie. Seul problème pour nous faire comprendre: elle ne parle que Quechua, ce dialecte des Andes (qui n'est pas une marque connue distribuée par un grand magasin d'équipement sportif français!)... Quand nous lui demandons de dormir sur son terrain, elle s'exclame qu'il n'y a pas de place chez elle, dans sa maison! Heureusement, un voisin est venu à la rescousse et la petite mamie, avec un grand sourire, nous montre son terrain. Nous pouvons poser notre tente où nous le souhaitons. Sara en profite pour prendre une douche dans le petit ruisseau très froid et tout proche, mais le débit a fortement baissé en moins d'une heure. Sébastien renoncera à la douche ce soir-là.

Cordillera de Vilcabamba

Le lendemain, au col (4003m), les pics enneigés de la Cordillera de Vilcabamba se dressent devant nous. C'est beau! Même si nous avons un peu froid là-haut, nous décidons d'y pique-niquer, bonnet péruvien sur la tête et polaire sur le dos.

Puis nous continuons notre descente pour arriver à Curahausi, après 35km de freinage, sans avoir à pédaler, sauf pour semer les chiens qui nous pourchassent sous les rires des habitants! Nous y trouvons une « hospedaje » (auberge) si propre qu'on mangerait par terre et avec une douche chaude comme jamais! Nous faisons quelques courses au marché central. Nous y allons souvent pour nos fruits et légumes et parfois quelques pâtes et biscuits aussi. Mais nous évitons les stands de poissons (oui, dans les montagnes, c'est la truite!) et de viandes que nous pouvons sentir bien avant de les voir... Ici, aucun moyens de réfrigération: tout est à même les stands, avec mouches et autres insectes, au soleil ou à l'ombre selon la situation, et ce, toute la journée. Nous avons parfois du mal à supporter ces odeurs si vives et intenses...

Un coup de pouce

Le jour suivant, nous continuons notre descente jusqu'à l'Apurimac, environ 25km, soit une descente record de 60km au total pour passer de 4000 mètres à 1900 mètres d'altitude. Reste plus qu'à monter les 1750 mètres devant nous pour le col suivant...

Épuisés par les dénivelés positifs de plus de 1500 mètres d'affilée, fatigués et énervés par les piqûres des mouches des sables, écrasés par la chaleur, nous atteignons enfin Limatambo, après 20 km de montée et 700 mètres de dénivelé. Après beaucoup d'hésitations, nous décidons finalement de « tricher » cette fois-ci en prenant un taxi collectif pour finir la montée: plus de 1000 mètres en 23 km, nous permettant d'atteindre Cusco le lendemain soir et d'aller au marché de Pisaq dimanche, marché très renommé. Au sommet, le chauffeur de taxi, pris de remords par le prix très élevé qu'il nous a demandé et que nous n'avons pas réussi à faire descendre autant que nous voulions, nous propose de nous amener jusqu'à Cusco. Nous refusons: Cusco sera pour demain et nous comptons bien y arriver sur nos montures!

Le soleil tombe, nous cherchons à planter notre tente. Nous trouvons un petit champ plat. Il fait vraiment froid, mais le ciel étoilé nous le fait rapidement oublier.

Orange givrée et la ville à 2 facettes

Ce matin, nous nous réveillons: il fait toujours aussi froid. En prenant sa polaire, Sara s'aperçoit que la partie qui était contre la toile extérieure a gelé... Nous ouvrons la porte de la tente: le sol est blanc! Il a gelé dans la nuit! Notre petite tente orange est givrée, les vélos aussi! Nous adoptons la technique de l'oignon et empilons les couches: 2 polaires, 1 veste Gore-Tex (anti-pluie et coupe-vent), nos gros gants. Nous nous regardons hébétés … Nous ne sommes « qu' » à 3400 mètres d'altitude et la Bolivie, prochain pays, est à 4000! Nous hésitions à nous acheter une grosse couverture chaude supplémentaire à cause du poids, mais c'est décidé: à Cusco, nous nous équiperons! Heureusement le soleil brille rapidement et fait fondre tout ce blanc manteau et nous réchauffe: petit à petit, nos différentes couches retournent dans leur sacoche.

Au bout de 40km, nous voyons enfin le panneau annonçant l'entrée à la ville de Cusco, avec le trafic peu respectueux qui s'intensifie! Nous sommes heureux et émus: c'est une nouvelle étape pour nous, une ville très attendue, surnommée « le nombril du monde ». On nous avait parlé de cette ville superbe, coloniale, propre … Mais nous devons d'abord traverser les quartiers bien moins soignés, les taudis de torchis, les ordures qui s'empilent au milieu de la rue. En bas, en dessous, s'étale Cusco dont tout le monde parle: à nos pieds s'étalent la Place des Armes et ses avenues toutes propres. Une telle différence nous fait craindre le pire: en haut, les locaux qui vivent comme ils peuvent. En bas, « gringo land » (le monde des gringos) où les touristes entrent et sortent directement dans le centre tout beau tout propre, sans voir la misère pourtant si proche. En haut, on laisse les « gringos » tranquilles. En bas « Gringo » égale « dinero » (argent) et les agences de voyages et excursions, ainsi que les hôtels et auberges, font tout pour vendre et sollicitent les gringos à chaque coin de rue.

Le matin, nous avions contacté Mario et Marianella, nos hôtes à Cusco. Nous les avons un peu surpris de notre arrivée un jour avant, mais pas de problème. Nous les appelons depuis la Place des Armes, après avoir été « attaqués » par un jeune Néo-Zélandais et un petit groupe de 4 Argentins qui voulaient tout savoir de notre voyage. Il s'avère qu'ils sont de la région de Santa Fé et nous invitent aussitôt chez eux lors de notre passage!

Nos hôtes nous indiquent comment se rendre chez eux et Mario part à notre rencontre en voiture. Ils sont très sympathiques et hospitaliers. Ils nous ouvrent les portes de leur maison, alors que nous avons échangé seulement 2 e-mails. Ils nous garderont nos vélos pendant 2 semaines: les parents de Sébastien nous rejoignent et nous partons en excursion avec eux, sur un itinéraire que nous découvrions en même temps qu'eux, en bus.

Mais nous avons quelques jours devant nous pour partir à la recherche de microfinance et découvrir la ville, avec notre sac à dos, signe international des Gringos!

[Drapeau de Pérou Sara et Sébastien | Le 18-07-2009 22:22 | 4 commentaires]

Commentaires

[Nouvelle Zélande Dam | Le 22-07-2009 03:35]

La fin des vacances pour vous, les parents arrivent, fini les conneries! "Soyez serieux, hein?" (comme le veut la fameuse recommandation paternelle...) Occupez vous bien des parents ma foi. J'ai hate d'entendre vos recits de cette aventure : si un jour j'avais imagine mes parents tout la bas...

[France Gill | Le 20-07-2009 20:33]

Alors bonne découverte de la ville et bon voyage à Liliane et Jean Pierre. Heureux d'avoir à nouveau de vos nouvelles.

[France Seb | Le 20-07-2009 16:45]

Arvi, cette fin de semaine on était pas loint de sortir les bonnets ici! Bonne continuation

[France Liliane et Jean-Pierre | Le 20-07-2009 08:47]

Hola, message reçu : gants, bonnets, polaires et pas de sac à dos ! A très bientôt ...

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