4828m! C’est ce que notre GPS a affiché aujourd’hui au col "Anticona", plus communément appelé "Ticlio"! Après 5 jours de vélo, 145km et une journée d’acclimatation à San Mateo, nous y sommes arrivés! Quelle joie d’arriver au sommet!
La journée après San Mateo a été courte mais éprouvante. Plus on montait, et plus le froid nous transperçait. Petit à petit, nous avons enfilé des vêtements supplémentaires.
Nous sommes arrivés à Casapalca au détour d’un virage un peu par hasard: nous pensions la ville un peu plus loin. C’est une cité minière, sans aucun charme. On extrait de la montagne du cuivre, du plomb et de l’argent. Deux auberges en vue, mais qui ne sont pas très engageantes… Nous demandons chacun de notre côté à des locaux. La réponse est unanime, les auberges ici ne sont pas fameuses, et il n’y aurait que ces deux là… Nous essayons donc. A la première, celle censée être la moins pire, la femme nous répond que c’est complet. Nous ne la croyons pas du tout, mais rebroussons chemin et allons voir l’autre auberge. La femme rechigne à nous montrer une chambre. Cette dernière est sale, les draps ne sont pas propres, la salle de bains commune est extrêmement sale, il n’y a pas de douche, et de toute façon, il n’y a pas d’eau du tout! Elle nous demande 25 soles pour ça (6 EUR). Nous refusons et envisageons de camper, mais nous sommes transis de froid, à 4200m d’altitude, et le soleil ne se couche que dans 2 heures! Nous demandons aux locaux, et ceux-ci nous confirme qu’il gèle toutes les nuits, et qu’il neige même systématiquement la nuit de la Saint Jean!
Nous achetons quelques vivres dans une supérette où nous sommes très bien reçus par 3 femmes. Nous retournons à nos vélos, puis après réflexion, décidons d’aller leur demander si on peut planter notre tente devant chez elles. La réponse est négative, et elles nous renvoient aux auberges… Nous décidons donc de sortir du bourg pour planter la tente, et alors que nous partons, la plus jeune des 3 femmes nous rappelle, et nous dit qu’elle a une chambre qu’elle peut nous louer pour 15 soles. Bien trop contents de dormir à l’abri ce soir, nous acceptons tout de suite.
Aleda est adorable, elle a 21 ans, un bébé de 3 mois, et son mari Mario travaille à la mine. En l’attendant, elle nous invite dans leur "appartement" constitué d’une seule et unique pièce de 10m². Les toilettes et l’accès à l’eau sont un étage plus bas, nous n’avons pas vu de douche. Il fait toujours froid, nous sommes gelés avec nos deux polaires sur le dos. Il n’y a pas de chauffage ici, dans aucune habitation. En nous préparant à manger sur un réchaud à gaz, elle nous explique leur vie ici. Elle s’occupe de son bébé et des travaux ménagers. Lui travaille 8h par jour, 7 jours sur 7 (le dimanche est facultatif), 2 semaines en journée, et 2 semaines la nuit. Il gagne 850 soles par mois (200 EUR). Le loyer de leur chambre est de 150 soles (35 EUR) par mois. Mario nous rejoint, et nous parlons de la France et du Pérou. Nous leur montrons notre carte routière. Il est fasciné! Il n’en revient pas de retrouver des noms familiers sur ce morceau de papier que nous avons acheté si loin de là.
Dans nos sacs de couchage et avec deux couvertures en laine d’alpaga sur le dos, nous n’avons pas eu froid pendant notre sommeil!
La dernière journée d’ascension est magnifique! Il fait toujours froid, mais c’est supportable. Nous progressons lentement du fait du manque d’oxygène. Les paysages sont superbes! Les montagnes sont très colorées, certaines rouges, d’autres jaunes… Certains sommets sont enneigés. A 250m du sommet, Sara commence à avoir mal à la tête. Un peu plus haut, elle prend de l’aspirine qui rend le mal de tête plus supportable. Bizarrement, l’altitude ne nous coupe pas l’appétit pourtant l’une des caractéristiques de l’altitude, et nous pique-niquons 150m en dessous du sommet, en admirant les paysages. Encore un lacet et quelques kilomètres, et nous parvenons au col, accompagnés par quelques flocons de neige. Le bonheur est immense, une totale délivrance, nous explosons de joie! Les quelques locaux qui sont là en train de travailler nous félicitent. Nous savourons l’instant, prenons des photos et filmons. Puis nous nous équipons pour la descente en enfilant vêtements gore tex, bonnet et gants.
Durant les 3 dernières journées d’ascension, nous avons bénéficié d’énormément d’encouragements de la part de presque tous les automobilistes, mais aussi de la part des personnes qui se trouvaient sur la route: laveurs de voitures, agriculteurs, mineurs… Nous les remercions vivement, ils nous ont bien aidés!
La descente est magnifique, les paysages somptueux. Nous longeons par la droite un lac au bleu exceptionnel. Au fil de la descente, les couleurs changent, c’est un vrai régal!
Nous atteignons La Oroya, ville tristement célèbre, connue comme étant l’un des villes les plus polluées de la planète à cause des rejets toxiques de plomb, d’arsenic et autres polluants dans l’air et dans l’eau de son usine de raffinerie de minerais… On nous avait conseillé de passer au plus vite la ville, en essayant de respirer le moins possible. Nous sommes surpris de constater que l’air n’est pas si pollué que ça! Nous trouvons une auberge au propriétaire très sympa. Le lendemain, dimanche, nous traversons la ville et passons à côté de la fameuse usine. La cheminée ne rejette aucune fumée. Nous apprendrons plus tard que l’usine est arrêtée et sur le point de fermer à cause d’un conflit entre ses salariés et le propriétaire. Ce dernier refuse de mettre l’usine aux normes modernes de sécurité et de respect de l’environnement, et les salariés veulent faire valoir leurs droits.
Nous descendons ensuite la vallée du Rio pendant 85km jusqu’à Jauja où nous nous reposons aujourd’hui dans une auberge tenue par Bruno, un Français très sympa. Les paysages sont toujours aussi beaux, mais les automobilistes bien moins sympas que lors de la montée vers le col… Au Pérou, le véhicule qui a choisi de dépasser (avec ou sans visibilité, en ligne droite ou dans un virage) semble être prioritaire… Nous avons évité de justesse l’accident par 3 fois en nous retrouvant en face d’un car ou d’un taxi en train de dépasser un camion… Les conducteurs qui dépassaient nous avaient vus, c’est sûr! Mais délibérément, ils ont entrepris leur manœuvre criminelle…
[ Sebastien | Le 22-06-2009 09:18 | 4 commentaires]
[ Celine_mz |
Le 23-06-2009 09:29]
[ Gill |
Le 23-06-2009 08:59]
[ Frérot 1 |
Le 22-06-2009 21:02]
[ Liliane |
Le 22-06-2009 17:56]