Après 2 faux-départs, nous partons de Lima lundi matin. Les au-revoirs avec le personnel de l'auberge de jeunesse où nous sommes restés prennent un peu de temps: ils nous voient charger nos vélos, épatés par tout ce que nous y mettons dessus chaque jour. Ils nous donnent beaucoup de conseils sur l'alimentation dans les montagnes où apparemment beaucoup d'étrangers ont des soucis de santé. Ils nous offrent un sac de feuilles de coca. Des Allemands pensaient pouvoir en ramener chez eux, mais c'est totalement interdit: ils ont donc tout laissé à l'auberge! La coca ici se chique ou se boit en tisane (appelée « maté »). Elle a pour effet de couper la faim, de donner de l'énergie, de maintenir éveillé et d'aider à lutter contre le mal de l'altitude. Sans oublier les multiples photos de ce couple de Français complètement « loco » (fou!) qui pédale depuis l'Alaska et va à la Tierra del Fuego! Nous aurons peut être la chance d'être sur la page Internet de l'auberge!
En partant, peu après avoir quitté l'auberge, nous nous arrêtons à un magasin de vélos. Nos vélos vont bien, mais nous les sentons fatigués. Un pneu a déjà lâché alors qu'il était en parfait état. Avec le poids, le matériel souffre plus... En nous voyant, le gérant sort et nous tend la main, amicalement. Cela nous impressionne d'être pris pour de grandes personnes, alors que nous sommes « Monsieur et Madame tout le monde »! Nous avons besoin d'une chaine et de 2 rayons, au cas où (de la piste nous attend dans des zones assez reculées). Il nous conseille sur le matériel et décide de faire un geste: il nous offre les 2 rayons! En partant, il insiste pour une photo avec tous ses employés. Ce sera publié sur le site ou affiché à la caisse!
La sortie de Lima est un vrai enfer. Les « collectivos », ces combis aménagés pour le transport des personnes, se pensent les rois de la route et n'hésitent pas à nous pousser hors de la route. Nous slalomons, nous sommes totalement assommés par le bruit, les véhicules de tous les côtés. Nous sommes asphyxiés, la gorge est irritée et nous peinons à respirer. Nous ne comptons plus le nombre de fois où nous avons failli mordre la poussière, obligés par ces messieurs motorisés à libérer la route « rapido, rapido »! Nous continuons, la route ne monte pas trop, mais suffisamment pour nous demander un effort à chaque coup de pédale. Nous sommes partis tard de Lima et le temps passe …
A 10km de Chosica, alors que nous venons de quitter la « garua » (ce nuage-brouillard qui recouvre Lima et ses environs, 9 mois dans l'année), nous nous arrêtons dans une station service. 2 policiers viennent alors à notre rencontre pour discuter. Ils nous mettent en garde contre leurs compatriotes voleurs. Nous leur demandons aussi des informations sur Chosica, notre ville étape. Tous deux dessinent donc un plan sur notre bout de papier pour les deux meilleures auberges où nous devrions aller pour la nuit. Nous les remercions et voilà qu'ils veulent que nous prenions une photo d'eux avec ces « gringos »! Décidément, ce doit être une habitude dans la police péruvienne de se faire prendre en photo avec des cyclo-voyageurs (pour rappel, nous en avions rencontrés juste à notre entrée au Pérou depuis l'Equateur qui faisaient une collection de photos d'eux avec des cyclo-voyageurs!)! Nous leur demandons s'ils ont une adresse e-mail pour leur envoyer la photo. Ils n'en ont pas, mais nous répondent que cela nous fera un souvenir et qu'au moins, on se souviendra d'eux.
Nous repartons. Les 10km ne sont pas pénibles, et pourtant, nous tirons un peu la langue. On dirait que nos problèmes de santé ont laissé plus de traces dans nos corps que ce que nous pensions...
A l'entrée de Chosica (820 mètres d'altitude), un cycliste nous croise, fait demi-tour et s'arrête à notre hauteur. C'est Fernando. Il nous a vu plus tôt dans la journée, alors qu'il était en bus, quand Sara s'est faite attaquée par un chien et a du piler pour ne pas se faire mordre. Fernando est un grand cycliste: il est classé au niveau national péruvien. Il nous raconte ses rencontres avec les cyclo-voyageurs qui passent par là: il les héberge gracieusement, dans la maison de ses parents où il vit aussi. C'est donc tout naturellement qu'il nous y invite. Nous hésitons un peu, puis nous y allons. Nous sommes reçus comme des rois: une grande chambre dans une maison de type coloniale d'une pure beauté, une salle de bain rien que pour nous. Fernando n'est malheureusement pas disponible pour la soirée, il demande alors à l'ouvrier de ses parents de nous accompagner en ville pour manger. Nous redoutons un peu ces petits plats mitonnés localement, mais l'ouvrier nous guide et mange avec nous. Nous passons un bon moment, un peu mal à l'aise tout de même par rapport à la situation. Le lendemain matin, nous n'entendons pas le réveil et avons juste le temps de croiser Fernando qui part au travail. Nous le remercions beaucoup pour son hospitalité. Il nous répond que le petit déjeuner nous attend, préparé par sa mère. Quel luxe!! Merci Fernando et merci à tes parents!
Nous continuons cette grande montée. C'est le 2ème jour: 44km et 1600m de dénivelé positif. Comme la veille, pas une seule descente, seulement quelques faux plats montants en guise de répit. Les kilomètres défilent au son des camions, des cars et des combis pour qui la route n'a plus de secret. Nous avons peur 2 fois où un camion nous pousse presque et où un car dans l'autre sens décide de doubler un camion alors que nous arrivons. Notre plus grand problème est qu'il n'y a pas d'accotement. Nous ne pouvons donc pas nous serrer à droite, contre les falaises...
Les paysages changent au fur et à mesure de notre ascension. Les montagnes empoussiérées de la sortie de Lima laissent la place à de plus en plus de végétation. Les montagnes alentours s'élèvent de plus en plus haut et la vallée est de plus en plus encaissée. Que nous nous sentons petits! Sur la « carretera Central », les jets d'eau nous font une haie d'honneur. Elle suit une rivière que les locaux exploitent à merveille: ils proposent à tout véhicule une mise en beauté à l'approche de Lima. Ces jets d'eau servent aussi à refroidir les moteurs de ceux qui montent et les freins de ceux qui descendent!
La ville étape de la journée s'appelle Matucana (2400 mètres d'altitude). Nous l'atteignons alors que le soleil s'est déjà couché. Nous avons eu du mal à la rallier, même si le pourcentage de la montée n'est pas très élevé. Mais monter toute la journée, au bout d'un moment, les cuisses tirent et ça commence à faire mal! Nous tombons épuisés dans cette toute petite chambre que nous partageons avec nos vélos. On ne peut plus bouger! Nous espérions une douche chaude, le temps s'est bien raffraichi. Ce sera une douche glaciale. Pas de chauffage ici, alors on accumule les couvertures, au nombre de 2...
San Mateo … Nous rêvons de ce petit village perché à 3200m d'altitude. C'est le village de notre jour de repos et d'acclimatation. 20km pour l'atteindre, 800m de dénivelé. Ça monte, ça monte, ça monte. Les chauffeurs de cars et de camions commencent à nous connaître et ils nous encouragent, comme si nous étions de vieux amis. Ca nous donne du courage. Nous l'atteindrons vers 15h. Nous faisons rapidement le tour du village et optons pour la petite auberge, qui n'est pas sur la route principale, mais qui est tout aussi bruyante! La gérante nous fait patienter le temps de nettoyer la chambre … Bon signe! Le panneau montre qu'il y a de l'eau chaude … Faut pas rêver: le système électrique de chauffage de l'eau claque et c'est donc une nouvelle douche gelée qui nous attend. Cette fois-ci, nous avons 4 couvertures dans notre lit! Nous enfilons toutes nos polaires et partons à la découverte de ce petit village, si calme dans l'après-midi et si agité le soir. La connexion Internet est très lente, peut être est-elle gelée elle aussi … Petit village typique où on ne voit pas beaucoup de « gringos »!
Nous comprenons donc, avec le temps, que le mot « gringo » au Pérou n'est pas si péjoratif que dans les pays que nous avons déjà traversés. Ici, il aurait plutôt la signification d'étrangers au sens large, et pas seulement de « Nord-Américains » mal aimé. Alors nous nous faisons à l'idée … du moins, nous essayons.
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Sara | Le 18-06-2009 16:43 | 3 commentaires]
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Les combiers |
Le 20-06-2009 00:30]
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Titouanelie |
Le 19-06-2009 13:41]
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Gill |
Le 19-06-2009 08:53]