Oaxaca Sud

Depuis Oaxaca, nous avons fait une halte à Mitla, où nous avons non seulement pu visiter les ruines de la cité Zapotèque, mais aussi assister à la fête du village. Des délégations des villages environnants étaient venues présenter chacune leur spectacle de danse en vêtements traditionnels. Malgré le vent glacial, nous avons passé une excellente soirée !

Le lendemain, nous avons repris la Panaméricaine en direction du sud. Le peu de trafic sur cette route mythique nous a surpris. Le sud de l’état d’Oaxaca est très peu peuplé, et très pauvre. Cela n’enlève rien à la gentillesse des habitants et à la beauté des paysages. Les agriculteurs cultivent leurs champs à l’aide d’ânes, de bœufs ou de chevaux, rien n’est mécanisé. Sur notre route, nous avons vu énormément de fabriques artisanales de Mezcal. Cette activité semble prédominante dans cette région. Le contraste est saisissant avec le Nord du pays. Mais nous avons trouvé un point commun avec la Basse Californie : l’agressivité et la méchanceté des chiens ! A notre passage, ils deviennent fous, aboient énormément et tentent de venir nous mordre au milieu de la route, même si nous sommes lancés à 40km/h dans une descente. Les écarts qu’ils nous obligent à faire deviennent de plus en plus dangereux.

Lundi, nous avons campé au bord d’une rivière qui semblait propre. Nous le précisons, car l’état des bords de route ne fait malheureusement qu’empirer… Les ordures en tout genre jalonnent de plus en plus notre route. Les nombreux panneaux indicateurs militant pour plus de propreté n’y font rien : « une route propre est une route plus sûre », « Faites preuve de bonne éducation, ne jetez rien sur les routes »…
En 3 jours, nous sommes passés d’une altitude de 1700m à 200m. Les descentes ont été belles, mais nous avons eu aussi de nombreuses et longues montées sous la chaleur harassante du soleil. Le climat a beaucoup changé. Il est beaucoup plus humide, les arbres refont leur apparition, ainsi que les oiseaux de diverses espèces. Nous entendons des bruits surprenants sur les bas-côtés, et avons vu  un iguane traverser la route devant nous.

Les rencontres du jour ont été riches et surprenantes : c’est d’abord cet adolescent d’une douzaine d’années qui s’est timidement rapproché de nous et qui s’est assis à côté de nous sur les marches de la taqueria où nous venions d’acheter une boisson fraîche au sommet d’un col. Il était très intéressé par les vélos, et voulait savoir où nous allions. Nous ne sommes pas certains qu’il est compris notre réponse. A notre question « vas-tu à l’école ? », il a répondu « non. ». Plus tard, lorsque nous partions, il a tenté sa chance : « Auriez-vous un dollar ? » ; « Non, désolé ! ».

Après la descente, nous pensions trouver notre « ville-étape » sur le chemin… Mais c’est au carrefour y menant que nous nous sommes arrêtés. Les chauffeurs de taxi nous ont spontanément proposé leur aide et nous ont indiqué où trouver le seul hôtel du village.

Nous avons fait étape mardi soir à Tequisistlan qui est un village 2km à l’écart de la Panaméricaine. Nous avons fait sensation en arrivant dans l'après-midi avec nos vélos chargés. Tous les habitants nous ont dévisagé des pieds à la tête. Les rares qui ont osé nous aborder nous ont demandé pourquoi nous étions venus nous échouer ici en nous précisant qu’ils ne voient que très rarement des touristes dans leur village. Un gérant de supérette nous a beaucoup questionné sur notre voyage et nous a, lui aussi, proposé son aide pour quoi que ce soit.

Nous avons eu hier une journée très éprouvante : nous sommes partis tôt (à 7.30, le soleil se levant à 7.00) pour éviter la chaleur et le vent fort qui souffle depuis 2 jours. Nous avons pu faire 50km sans problème dans la matinée, le vent soufflant dans notre dos et sur le côté gauche.

Après notre pause à Tehuantepec pour une pâtisserie et une « agua de frutas » (jus de fruits frais mélangé à de l'eau) au melon et à la noix de coco, nous pensions n'en avoir que pour une bonne heure pour rallier Juchitan. Nous en avons mis plus de 3... La ligne droite de 26km séparant Tehuantepec de Juchitan a été un vrai supplice. Dans cette plaine, le vent soufflait beaucoup plus fort, accompagné de rafales. Ces dernières nous projetaient violemment sur le bas-côté. Aussi, pour éviter de sortir de la route, nous essayions de rouler plus à gauche en luttant contre le vent. Avec la circulation assez chargée, cet exercice est vite devenu périlleux. Nous avons tenu une dizaine de kilomètres sur notre vélo, et avons évité plusieurs fois de chuter. N'en pouvant plus, Sara est descendue de son vélo pour le pousser, ce qui n'était pas vraiment plus facile... Le vent nous saoulait, et nous nous enfermions chacun dans notre bulle. Le vent empirait. OK. Il arrive un moment où il faut s'avouer vaincu. Sara le souhaitait depuis un moment, et cette fois, j'ai accepté: nous avons fait du stop pour les 12km restants. Après 5 minutes d'attente et un bras d'honneur, une estafette s'est arrêtée. C’est un couple qui nous a ouvert l’arrière du véhicule, nous y avons monté les vélos et nous y sommes installés aussi : pas de place devant. Ils nous ont déposé à la station essence en ville, sans un mot. Nous avons fait le tour de la ville à la recherche d'un lieu pour dormir. Incompréhensible: dans une des régions les plus pauvres du Mexique, et sans vraiment d'attrait touristique, il nous est impossible de trouver une chambre décente pour le prix que nous payons habituellement (200 pesos, soit environ 11EUR). Ici, pour ce prix là, la chambre n'est pas très propre, il n'y a qu'un seul oreiller, et pas d'eau chaude. Nous nous en accommoderons! Jusqu'à présent, pour le même prix nous avions droit à un confort équivalent à un 2 étoiles français, ce qui nous suffit amplement!

Le marché regorge de fruits, de légumes, de poissons, de viande exposés en plein soleil et dans la poussière du vent. Dans les endroits à l'abri du vent, c'est un nuage de mouches qui les recouvrent. Il y a aussi des iguanes en vente! Nous n'en avons pas encore goûté.

A notre grand étonnement et pour notre plus grand plaisir, nous nous sommes fait accoster par un couple de Zapotèques alors que nous n'étions même pas à vélo. Nous avons discuté pendant un quart d'heure (en Espagnol!), eux nous questionnant sur notre voyage, et nous les questionnant sur leur vie de tous les jours.

PS: Merci pour vos nombreux messages d'encouragement qui nous font du bien;

[Drapeau de Mexique Sebastien | Le 05-02-2009 18:13 | 6 commentaires]

Commentaires

[Mexique MiKE | Le 10-02-2009 00:24]

Bienvenue dans ce que beaucoup considèrent comme " le vrai Mexique " : il ne faut pas oublier que loin de Vallarta, Cancun, le DF ou Monterrey, 40% de la population du pays vit avec moins de 10$ par jour. Vous allez remonter vers le Chiapas désormais ?!

[France Seb | Le 09-02-2009 13:46]

Après la pluie le beu temps? Bon et bin c'est bien vous êtes repartie du bon pied!!

[France Natim | Le 07-02-2009 18:56]

Coucou, c'est reparti ! J'espère que vous avez bien profité des descentes ! Ici, nous n'avons pas de soleil et la tempête a fait bien des dégâts. J'aime bien quand vous nous écrivez un joli texte comme cela où on se sent emporté à l'autre bout du monde avec vous. Bon courage

[France Jacques lamps | Le 06-02-2009 16:23]

C'est vrai que l'on s'inquiète quand une semaine se passe sans nouvelles. Bon courage et bon vent dans le dos

[France Gill | Le 06-02-2009 10:04]

C'est beau, toutes ces petites rencontres... Plus vous serez à l'aise dans ces nouveau contexte, plus vous aurez de belles rencontres. Heureux d'avoir de vos nouvelles. Bises

[France Liliane | Le 06-02-2009 09:08]

Enfin des nouvelles ! Les conditions et l'environnement ont bien changé et vous vous adaptez bien.(Beaucoup de progrès en espagnol ?...) Fabriques de Mezcal ?? Qué es ? Comme en ski, après les côtes,profitez bien des descentes! (c'est la Transju' ce WE...) Courage ... et bon vent !! Bisous.

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